Selon une information non confirmée officiellement, la France, qui a pourtant bâti sa stratégie militaire en Indopacifique en intégrant la base navale du Héron, serait en train de revoir ses projets. Ses plans sont contrariés par la demande du gouvernement djiboutien de la restitution d’au moins la moitié de la superficie de l’emprise pour y développer des activités économiques prometteuses et soutenir ainsi l’emploi et la création de richesses dans le pays. À la suite du renouvellement du traité de coopération militaire liant les deux pays, les forces françaises installées au Héron laisseraient la totalité du site dans deux ans, le temps de redéployer les effectifs et de réorganiser les infrastructures, notamment de nouveaux logements dans les autres emprises dont elles disposent sur le territoire afin de reloger les familles installées sur la base du Héron.
La France préfèrerait libérer les lieux plutôt que de se contenter de la moitié du Héron
Comment l’expliquer ? Sans doute faut-il se référer aux travaux du chercheur Élie Tenenbaum qui, en février 2020, dans une étude sur L’avenir de la stratégie française de présence et de souveraineté [1], constatait que le dispositif prépositionné français n’est pas pensé aujourd’hui comme un outil de défense – et encore moins d’attaque – autonome. Selon cet auteur, « la Marine souffre dans ses forces prépositionnées d’une faiblesse structurelle en matière d’infrastructures. Plusieurs exemples peuvent être donnés. Parmi les forces de présence à l’étranger, c’est sans doute la base navale du Héron, à Djibouti, qui incarne le mieux ces limites aujourd’hui, tant l’exiguïté de l’emprise contraste avec les possibilités chinoises dans le nouveau port commercial de Doraleh ».
Selon le projet porté par Emmanuel Macron lors de sa visite à Djibouti, la France souhaitait faire de l’ilot du Héron une base navale autonome avec la construction d’un nouveau quai. Quelques années de travaux permettraient de gagner d’importantes surfaces supplémentaires sur la mer pour implanter une infrastructure navale qui n’aurait sans doute rien eu à envier à la base chinoise de Doraleh.
Déployer ces moyens pour faire de Djibouti un outil important de la défense européenne a d’autant plus de sens pour la France que la Chine y est installée de manière tonitruante, étant la seule à disposer d’une infrastructure navale autonome pour assurer un soutien indispensables à ses forces loin de leur port d’attache. Cette capacité fait actuellement défaut aux forces françaises positionnées chez nous. Il s’agit d’une faiblesse stratégique que la France souhaite réduire.
Du point de vue français, le redimensionnement de l’ilot du Héron se justifie d’autant plus que l’espace va finir par manquer si l’on se fie aux objectifs fixés aux cinq installations militaires françaises à l’étranger dans un Rapport annexé à la LPM qui fixe « un objectif de formation et d’entraînement sur place des militaires de nations partenaires et alliées qui devrait passer d’ici 2025 de 20 000 à 30 000 stagiaires formés par an ».
Un autre argument possible en faveur de l’autonomisation des emprises militaires à Djibouti, est le risque d’instabilité évoqué dans une étude sur l’Afrique de l’Est en février 2018. Elle envisage un scénario catastrophe pour Djibouti entre 2035 et 2050 où, à cause de « l’incapacité du pays de répondre aux besoins vitaux de sa population, l’insécurité se développerait dans la capitale : prolifération de bandes armées, émeutes, quartiers rebelles… » [2]. Pour prévenir les conséquences de cette éventuelle crise, les chercheurs proposent en particulier que « la base s’autonomise de plus en plus. Des aménagements sont réalisés pour augmenter l’autonomie de la base en eau et en électricité. Les contacts entre le personnel de la base et la population locales réduits au strict nécessaire ; les échanges avec Djibouti sont limités. En conséquence les rapports entre les autorités de Djibouti et la base française deviennent à la fois plus tendus et plus distants. ». Cette évolution demanderait selon les analystes des réponses opérationnelles indispensables, comme des « travaux de bunkerisation de la base militaire, pour augmenter son autonomie. Approvisionnement accru depuis la France, notamment en nourriture et en matériel ».
Pierre Razoux, directeur du département Moyen-Orient et Afrique du nord de l’Institut de recherche stratégique de l’École militaire (IRSEM), auditionné par la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées du Sénat le 4 février 2019, insistait sur l’importance stratégique de la base de Djibouti. Pour lui, elle serait « vitale » car elle permet de contrôler une zone essentielle. Tout en regrettant, « l’érosion progressive de notre présence militaire à Djibouti » qui irait à l’encontre des intérêts de la France. « Ainsi, ceux qui sont militairement présents en masse sur place peuvent écouter ce qui se passe sur les câbles de communication, voire les couper en cas de confrontation plus ouverte. Djibouti permet de couvrir la mer Rouge jusqu’à Suez, mais aussi une partie de la péninsule Arabique et de déboucher sur l’océan Indien ». Pierre Razoux voulait convaincre les sénateurs que réduire la voilure serait une erreur stratégique par rapport aux autres puissances présentes dans la région : « Il est crucial pour [les Américains] de rester présents au Moyen-Orient, non plus pour sécuriser leur approvisionnement énergétique, mais pour pouvoir jouer sur l’approvisionnement de leurs rivaux ou de leurs challengers de demain, les Chinois ou les Indiens ». Conscient des contraintes budgétaires, il prône une accélération de la mutualisation des capacités de défense entre les pays européens. « Le problème est que les Européens regardent tous dans des directions différentes. La logique voudrait qu’il y ait un certain partage des tâches et qu’un groupe d’États européens se sentant concernés par l’avenir de cette région unissent leurs forces et mettent en œuvre une stratégie vis à vis de cette région ». Son vœu semblait avoir été exaucé avec le projet d’évolution de l’ilot du Héron.
La base du Héron est aussi nécessaire pour le Charles-de-Gaulle car, comme l’explique Mediapart, « on a tendance à l’oublier un peu vite mais ce n’est pas parce qu’il est mu par un réacteur nucléaire qu’il est autonome énergétiquement. Ce qu’il ne sait pas produire c’est le carburant pour ses avions. Et en phase d’intervention intensives, il n’a guère plus de quinze jours d’autonomie ! Or les cargos ravitailleurs sont des cibles susceptibles d’arrêter un peu vite cette mécanique bien fragile d’aéroport flottant. »
Djibouti offre à la France les avantages d’un porte-avions sans son coût ni ses handicaps structurels - entretiens et révisions qui l’immobilisent pour de longues durées. Son efficacité a encore été prouvée avec les frappes françaises en Syrie le 13 avril 2018 par les quatre Mirages 2000-5 des FFDJ qui avaient bel et bien décollé de l’aéroport de Djibouti, quoi qu’en dise le communiqué partiellement mensonger de Florence Parly sur le lieu de départ des attaques aériennes. Enfin on ne peut s’empêcher de penser que cet étalage de puissance stratégique avec l’appontage du porte-avions Charles-de-Gaulle au quai 11, à vue de jumelle de l’autre versant de la baie de Djibouti où est située, la base chinoise de Doraleh, permet de montrer ses muscles, mais aussi de laver l’affront de l’incident du 6 avril 2019, entre la frégate de surveillance Vendémiaire et des navires de guerre chinois dans le détroit de Formose qui sépare Taiwan de la Chine continentale. La Chine considère que ce détroit lui appartient puisque Taiwan ferait partie intégrante de son territoire…
Si vis pacem, para belum
Djibouti devait devenir un maillon essentiel de la chaine de la défense européenne. Adresse planétaire prestigieuse pour montrer ses muscles et rouler des mécaniques à l’attention de ses futurs challengers mais également un moyen efficace de prévenir tout risque de rupture de ses approvisionnements, notamment énergétiques, en améliorant les capacités de réaction rapide, de flexibilité et de d’employabilité des unités tactiques européennes. Cette vision de Djibouti était explicitée par le ministre des Armées Sebastien Lecornu en commission des Affaires étrangères, de la défense et des forces armées du Sénat le 19 juillet 2022, lorsqu’il répondait au sénateur Rachid Temal qui le questionnait sur le sujet.
Rachid Temal : « Ma question concerne la coopération stratégique. En Afrique, depuis de nombreuses années, la France est en recul devant la concurrence de la Chine, de la Russie ou de la Turquie. Au-delà de la question du Sahel, nous avons besoin d’une nouvelle vision stratégique globale sur l’Afrique, qui ne concerne pas seulement les questions militaires.
Sur l’indopacifique, même si la France et l’Europe ont une stratégie, il s’agit en réalité d’une stratégie d’intentions. Alors que les risques, militaires ou concernant l’accès aux matières premières, sont nombreux et réels, nous ne pouvons peut-être pas durablement nous présenter comme une troisième voie source d’équilibre, car nous n’avons pas les capacités d’être un acteur de premier plan face à une Chine de plus en plus agressive. Quelle est votre vision sur l’indopacifique, au-delà des grands enjeux que nous connaissons ? Nous travaillons à un rapport sur le sujet, et nous souhaitons connaître votre point de vue ».
Sébastien Lecornu : Monsieur Temal, notre stratégie n’est pas qu’une stratégie d’intentions. Les missions militaires vont continuer. Le Président de la République a demandé à l’état-major des armées de planifier des missions de ce type. Cela faisait longtemps qu’il n’y avait pas eu de chasseurs dans le ciel polynésien ! Nos relations avec l’Indonésie, l’Inde ou Singapour s’affermissent. Nos forces sont prépositionnées à Djibouti ou Émirats arabes unis, comme nos territoire d’outre-mer. Nous sommes donc loin d’un engagement théorique ! Les moyens y sont, et la question est alors de savoir quel art d’exécution de la stratégie nous retenons. Mais il est clair qu’il faudra un titre budgétaire outre-mer et indopacifique pour y dédier des moyens spécifiques et des stratégies. Nous n’avons plus le temps de reparler du rôle de l’OTAN dans les prochaines années, mais je pense que, si nous voulons être crédibles dans l’indopacifique, nous devons repartir de structures comme l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (Asean) plutôt que de nous appuyer sur l’Alliance atlantique, car, dans le cadre otanien, ces sujets ne sont pas toujours consensuels. Cela concerne également les questions des câbles sous-marins ou du climat, car nous ne sommes audibles avec les pays d’Océanie que si ce dernier sujet est traité. Notre diplomatie climatique est forte, et nous avons réussi à créer une crédibilité sur ces questions, car nous avons nous-mêmes des territoires ultramarins dans la même situation que ces pays. » [3].
Concernant le port historique de Djibouti
Les projets de transformation du port historique en haut-lieu touristique ne risquent-ils pas de brider les capacités militaires de la France ? En effet qu’adviendra-t-il dans ce contexte des facilités portuaires accordées aux armées du bloc occidental dans ce port, en partant du postulat que ces forces n’envisagent en aucun cas de faire accoster leurs navires au Doraleh Multipurpose Port (DMP), à quelques centaines de mètres de la base navale chinoise ? Cette question est d’autant plus sensible que la France a signé en septembre 2018 un accord stratégique renforcé avec l’Inde [4] afin de bénéficier d’un soutien logistique pour ses implantations à la Réunion, Mayotte et Djibouti.
Quelle autre option est possible pour la France ? Cherchera-t-elle à obtenir d’Ismaïl Omar Guelleh la possibilité de développer des infrastructures logistiques navales à l’intérieur de sa base militaire du 5e RIAOM, ce qui lui permettrait de faire face à la Chine ? La France aura-t-elle les moyens de ses ambitions ou prévoit-elle de financer ces investissements par travers l’Initiative européenne d’intervention (IEI) ou le Fonds européen de défense ? Emmanuel Macron n’appelait-il pas depuis le haut de l’acropole d’Athènes à « construire une nouvelle souveraineté européenne » et une refondation du budget créant de nouvelles ressources propres pour répondre à des défis qui ne sont plus « à l’échelle des nations » [5].
Le Somaliland, plan B de la France
La France a-t-elle un plan B, pour utiliser l’expression du sénateur Olivier Cadic, pour relancer sa stratégie indopacifique ? La lecture d’un rapport sénatorial, Oman et Émirats arabes unis au prisme de la stratégie française au Moyen-Orient, permet de voir un début de réponse lors du débat en commission le 12 juillet 2023. Le sénateur Cadic y réagissait aux inquiétudes exprimées par le sénateur du Calvados Pascal Allizard, qui rappelait les importants investissements de la Chine : en Égypte à proximité du Canal du Suez ; au Pakistan, au niveau du port de Gwadar, situé à la frontière de l’Iran et du Pakistan et qui pose la question de l’accès au golfe Persique en cas de différend majeur ; ou à Djibouti, à l’embouchure du détroit de Bab el-Mandeb, qui accueille aussi de nombreux investissements chinois.
Olivier Cadic : « Je me livrerai juste à une petite digression, en lien avec les propos de Pascal Allizard. La semaine dernière, j’étais au Somaliland et j’ai visité le port de Berbera où les Émirats ont investi près de 500 millions de dollars. Les Britanniques ont également investi 300 millions de dollars dans leur ancienne colonie. J’ai vu la plus grande piste d’aviation de ce pays. Elle a été construite à l’origine par les Soviétiques : les Américains l’ont réaménagée à des fins militaires et je renvoie pour plus de détails au rapport que j’ai publié sur mon blog. Ce sujet me semble important : je fais observer que si jamais nous étions un jour expulsés de Djibouti, le plan B serait Berbera, qui est proche. »
Pascal Allizard : « Je voudrais d’abord féliciter et remercier nos collègues pour la qualité de leur présentation et insister sur la cohérence entre ce rapport et le précédent qui est consacré à l’Égypte. Ce n’est pas totalement le fruit du hasard mais cela mérite d’être souligné, et la carte qui nous a été présentée pendant l’examen du rapport a fait apparaitre clairement cette région du Moyen-Orient dont la frontière avec l’Iran et le Pakistan constitue la limite. Je voudrais à mon tour insister sur les relations avec la Chine, et, en particulier, sur la problématique de l’accès effectif à la mer d’Arabie par les Chinois, avec le China-Pakistan Economic Corridor (CPEC) et le port de Gwadar. Ce port, qui est au Pakistan, se situe malgré tout à seulement 100 kilomètres de la frontière iranienne et va effectivement permettre aux Chinois d’accéder à l’océan Indien en contournant le détroit de Malacca. La géographie est toujours têtue : ses données sont constantes, alors que la politique peut parfois changer de cap, et il est primordial que nous soyons très vigilants dans cette région.
Je fais également observer à la rapporteure Gisèle Jourda que j’ai passé cinq jours sur la frégate Courbet en mer Rouge et j’y ai trouvé les conditions de séjour tout à fait respectables. C’était une mission intéressante qui m’a permis de voir les nouvelles bases égyptiennes et de constater la nécessité, des deux côtés, de défendre l’accès à la mer Rouge et au canal de Suez. J’y ai également observé une présence chinoise massive.
Je terminerai sur un point d’actualité, à savoir la renégociation de notre convention avec Djibouti. C’est le troisième lieu dans cette région où la Chine a renforcé sa présence, et si nous voulons réellement protéger nos intérêts, nous devons travailler sérieusement sur ce secteur. J’attire également votre attention sur l’accord qui a été conclu hier à Vilnius, dans le prolongement d’une proposition portugaise visant à renforcer les efforts de l’OTAN précisément dans cette région. » [6]
L’ambition française de transformer l’ilot du Héron en base navale sous pavillon européen vise à modifier la configuration sécuritaire régionale. L’un des principaux enjeux autour de Djibouti — carrefour à la croisée de trois continents — concerne la meilleure préparation à la prochaine guerre mondiale.
Le sénateur Hugues Saury qui s’enquérait auprès de la ministre de la Défense, Florence Parly, des mesures entreprises par le gouvernement pour endiguer l’influence des autres contingents installés à Djibouti et conserver « le caractère stratégique de Djibouti » pour la France, rappelait avoir constaté sur le terrain que « le recul de la présence militaire française par rapport à la Chine et aux États-Unis » était évident. Pour la ministre, la France ne pourra répondre au défi sécuritaire, et contrecarrer l’influence des deux grandes puissances que sont la Chine et les États-Unis d’Amérique dans la région mais aussi ailleurs dans le monde, qu’en appréhendant les difficultés à une échelle européenne :
« La mobilisation de nos alliés européens, que ce soit sur le plan capacitaire, pour construire une culture stratégique commune ou pour lancer de nouveaux outils comme la Facilité européenne de paix, est essentielle, a fortiori si de nouvelles crises devaient survenir.
À Djibouti, les forces françaises comptent 1 450 soldats des trois armées. Nous avons signé en 2014 un partenariat militaire opérationnel avec les forces armées djiboutiennes, incluant la préparation des contingents déployés au sein de la mission de l’Union africaine en Somalie (Amisom), et la cession de matériels. Cette relation a été dynamisée en 2018 après plusieurs visites de haut niveau, ce qui était d’autant plus nécessaire que nos compétiteurs, notamment la Chine, montent en puissance dans ce pays. Les installations portuaires chinoises sont particulièrement impressionnantes. Je me rendrai à Djibouti au mois de mars. Nous sommes déterminés à contrecarrer cette influence croissante. » [7].
Conclusion
La prise de conscience que Djibouti est une pièce maitresse de l’influence française est malheureusement tardive. Pourtant les arguments ne sont pas nouveaux, ils avaient été mis en avant par deux députés, Yves Fromon (UMP) et Gwendal Rouillard (PS), auteurs d’un rapport sur l’évaluation du dispositif militaire en Afrique, publié le 9 juillet 2014. L’ancien ambassadeur français à Djibouti, Serge Mucetti, y détaillait l’importance pour la France d’y maintenir une présence forte. Il n’excluait pas que des gisements d’hydrocarbures puissent y être découverts, soulignant que « les principaux nœuds de câbles sous-marins de télécommunications desservant l’Afrique de l’Est : presque tout l’internet en Afrique de l’Est passe ainsi par Djibouti, ce qui constitue un enjeu autant économique que sécuritaire ». Il considérait que Djibouti avait « toutes les cartes en main pour être la première puissance maritime de l’Est de l’Afrique » [8].
Le sénateur de Dordogne, vice-président de la commission des affaires étrangères de la défense et des forces armées, Bernard Cazeau, nous en dit plus sur cette partie de billard à plusieurs bandes ainsi que sur les enjeux sécuritaires sous-jacents aux pré-positionnements de troupes loin des frontières. L’objectif serait de prémunir la France et l’Europe du choc militaire que représenterait un affrontement sur le vieux continent, avec son lot d’abominations et de dévastation pour ses infrastructures et ses habitants, qu’engendrerait nécessairement un affrontement avec des puissances rivales dotées d’arsenal à faire frémir même le mieux pourvu en la matière. C’est la raison de cette politique à spectre : maintenir les violences, les souffrances, les atrocités, les morts et autres destructions et désolations à bonne distance de l’Europe. Pour ce faire, il est important de se donner la capacité de verrouiller les voies de circulation, comme les détroits de Gibraltar, le Bosphore ou Bad el-Mandeb, ou tout au moins, de pouvoir en interdire l’accès à ses ennemis – Iran, Russie, et Chine -, et ainsi préserver la Mare nostrum… Tout le monde l’aura compris, la troisième guerre mondiale, ne se fera pas dans la vieille Europe. La Corne de l’Afrique est bien partie, pour en devenir l’œil du cyclone… Les États unis d’Amérique, avec une présence militaire dans 160 pays, ont quelques trains d’avance sur leurs compétiteurs.
« La sécurisation est l’un des grands axes prioritaires du ministère. En son sein, la coopération de défense et de sécurité, politique au fort effet de levier constitue notre premier bouclier au loin, illustration parfaite du continuum entre sécurité intérieure et sécurité extérieure ».
Quant à la restitution par la France de la base du Héron dans deux ans, que dire si ce n’est que durant ce laps de temps beaucoup de choses peuvent se passer et inverser la donne...
Mahdi A.
[1] Élie Tenenbaum, « L’avenir de la stratégie française de présence et de souveraineté », Ifri, février 2020.
[2] « Rapport d’étude prospective Afrique de l’Est », Ifri, février 2018.
[3] « Audition du ministre des armées Sébastien Lecornu - compte rendu commission des Affaires étrangères de la défense et des forces armées », Sénat, 19 juillet 2022.
[4] « Accord militaire Inde France dans l’océan Indien vers un partenariat stratégique renforcé », Marketscreener, 8 septembre 2018.
[5] « Macron devant l’acropole dans la posture du refondateur », Libération, 8 septembre 2018.
[6] « Oman et Émirats arabes unis au prisme de la stratégie française au Moyen-Orient - Examen du rapport d’information », Sénat, 12 juillet 2023.
[7] « Comptes rendus de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées, Sénat, 20 février 2019.
[8] Voir le rapport de Fromion et Rouillard sur le site de l’Assemblée nationale ou sur Calameo.