Human Village - information autrement
 
Emmanuel Macron à Djibouti pour réenchanter la relation
par Mahdi A., mars 2019 (Human Village 35).
 

Human Village souhaite se saisir de la visite, le 11 mars prochain, du président de la République Française, Emmanuel Macron à Djibouti pour questionner la relation entre les deux pays, à travers des portraits de français établis à Djibouti-ville, des rencontres avec des poètes, auteurs, universitaires locaux qui publient dans la langue de Molière, mais aussi, sous un angle plus politique, un entretien avec l’ambassadeur de France à Djibouti, Christophe Guilhou.

« Je pense que l’on est précisément dans un monde où s’articulent des logiques étatiques très classiques, westphalienne, avec des logiques d’empires, et on le voit bien à Djibouti. C’est pour cela que Djibouti est un État passionnant, dans un monde en transition cela en fait un pays un peu au milieu de l’océan. On pourrait reprendre des idées qui nous parlent davantage, comme Star Wars, Game of Thrones, puisque lorsque l’on regarde les politiques de la Chine ou bien encore des États-unis d’Amérique, on est dans une logique d’empire, un imaginaire d’empire, un imaginaire d’État. On n’est pas seulement dans une idée d’État, on n’est aussi dans une idée d’empire », cette analyse développée en introduction d’une conférence intitulée, Djibouti dans le monde du XXIe siècle par Jean-Nicolas Bach, directeur du CEDEJ de Khartoum, résume assez bien le désir réciproque des deux pays, la France et Djibouti, de retisser le fil quelque peu distendu d’une « vieille amitié, déjà vieille amitié » selon la formule de François Mitterrand à Djibouti le 22 décembre 1987.

Le président français Emmanuel Macron est attendu dans la soirée du 11 mars à Djibouti, allié historique de la France, pour une visite d’une quinzaine d’heures [1], dont un entretien en tête-à-tête d’une heure des deux chefs d’État est au programme le lendemain, avant de poursuivre en milieu de matinée sa tournée des pays de la Corne en Éthiopie puis au Kenya. Cette visite est d’autant plus appréciée qu’elle intervient dans un contexte tendu pour Djibouti, qui s’est tourné vers Pékin pour assurer le développement de ses infrastructures, et l’a autorisé à prendre pied militairement dans ce bastion du bloc occidental, provoquant des remous diplomatiques sur fond de lutte d’influence entre puissances nucléaires.
La visite officielle d’Emmanuel Macron à Djibouti est la deuxième d’un chef d’État français en République de Djibouti, après François Mitterrand qui avait tenu à célébrer la dixième année de l’indépendance au côté de son allié Hassan Gouled Aptidon. La visite au milieu de la nuit de Nicolas Sarkozy, qui à l’occasion d’une escale technique au retour de la Réunion et de Mayotte, était reçu au domicile privé du chef de l’État moins de trois quart d’heure, n’avait pas la même portée.

Revivifier des liens historiques et un héritage commun
« Ces relations sont celles qu’ont tissé cent vingt-cinq ans d’une histoire commune. Solidarité éprouvée lors des deux guerres mondiales sur les champs de bataille de l’Argonne, de la Marne et du Chemin des Dames ; et la France n’oublie pas ce qu’elle doit aux héros du bataillon somali décimé devant Verdun, et à ceux tombés plus tard dans les combats de la poche de Royan. Elle se souvient de leur sacrifice et sait que cette fraternité d’armes et de coeur demeure intacte, rien de ce qui touche votre peuple ne peut nous rester étranger » [2].
S’inspirant probablement de ce vibrant discours de François Mitterrand célébrant l’héritage commun, Emmanuel Macron ne manquera pas de faire l’éloge de la relation ancienne, de vanter le roman national commun aux deux patries en rappelant notamment la dette de sang contractée par la France à l’égard des hommes issus du bataillon somali, qui ont donné leur vie pour libérer la France. Il devrait reprendre l’esprit du discours de l’Arc de Triomphe du 18 novembre dernier prononcé devant un important parterre de responsables politiques du monde entier, dont le chef de l’État djiboutien. « La France sait ce qu’elle doit à ses combattants et à tous les combattants venus du monde entier. Elle s’incline devant leur grandeur [3] ».

Repenser la relation après l’irruption de la Chine dans le « bac à sable »
Après ces rappels historiques, qui flattent l’ego des deux parties et permet d’établir un climat fraternel, les deux chefs d’État passeront au plat de résistance. Il est copieux, coriace. Il concerne essentiellement la Chine et les questions liées : les crispations que sa présence suscitent, les défis que posent l’intérêt grandissant de nombreuses nations pour cette région du globe, l’activisme régional de la « toupie » Abiy, le différend frontalier avec l’Érythrée, le conflit au Yémen, et la lutte contre le terrorisme en Somalie.
Devant cette partie de billard à plusieurs bandes, en étau entre la politique d’endiguement de la Chine et la pax americana en œuvre dans la sous-région, Djibouti a besoin d’une bouffée d’air. La France de Macron pourrait jouer un rôle de premier ordre pour coordonner les activités militaires sur le territoire, que cela soit le déplacement des navires de guerre, les exercices militaires ou les sorties aériennes des forces stationnées à Djibouti. Il est important pour tout le monde d’éviter les frottements inutiles, les crispations supplémentaires, voire une escalade du genre de celle qui s’est produite entre le destroyer lance missile USS Decatur et le destroyer chinois Luyang, à proximité des récifs Gaven et Johnson dans l’archipel des Spartleys [4]. La France et Djibouti s’engageront à œuvrer ensemble pour parvenir à faire cohabiter ces différents contingents.
Pour Djibouti, faire cohabiter sur le même terrain de jeu - d’à peine 23 000 kilomètres carrés - des forces militaires des armées les plus puissantes du monde, dont les antagonismes et rivalités sont acérés et irréconciliables, apparaît nettement plus ardu que ne l’avaient imaginé les autorités. La France, les États-unis d’Amérique, le Japon, l’Italie et la Chine y disposent d’infrastructures militaires ainsi que de nombreux hommes. Des forces militaires allemandes et espagnoles sont également présentes dans le cadre de l’opération européenne Atalante, et bénéficient des installations des FFDJ. Cette situation inédite, pour ne pas dire unique au monde, suscite quelques crispations et des grincements de dents… La réaction de l’administration Trump, vent debout contre la présence chinoise, est incompréhensible pour Djibouti. D’autant que la précédente administration américaine Obama, qui avait été informée bien en amont des intentions chinoises par les autorités djiboutiennes, n’avait fixé au président Guelleh, lors de la rencontre entre les deux chefs d’État à la Maison Blanche en mai 2014, qu’une seule ligne rouge : l’ouverture d’une base russe sur le territoire djiboutien.
La France entretenant des relations très fortes avec les Émirats, Emmanuel Macron sera probablement aussi sollicité pour plaider en faveur d’un règlement amiable dans le différend qui oppose Djibouti aux Émirats sur le DCT. La question est d’autant plus pressante que le contentieux a pris une ampleur insoupçonnée, avec un nouveau volet judiciaire qui se déroule depuis le mois dernier à Hong Kong, et auquel il faut faire face. Il ne concerne pas directement Djibouti, mais ses principaux partenaires, à savoir China Merchants Group, Dalian Port Autority et IZP Technologies, accusés par DP World d’avoir incité Djibouti à aller à l’encontre de ses obligations contractuelles à son égard [5].
Ce partenariat avec la Chine est primordial pour Djibouti. Il est au cœur de la stratégie de diversification de l’économie du pays, avec des réalisations concrètes et une allocation versée par la Chine, qui avoisinerait la centaine de millions de dollars américains selon le rapporteur de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées du Sénat français, Philippe Paul le 22 mai 2018. «  Les chinois, eux, proposent 30 % de plus [que les américains] [6] ». L’estimation est surprenante, puisqu’officiellement, Djibouti déclare ne percevoir de la Chine que 20 millions de dollars. Les sénateurs français s’appuient-ils sur leurs services de renseignements (Dirisi) pour contester le chiffrage du gouvernement djiboutien ?
Aujourd’hui la Chine est courtisée par tout le monde, qui peut le nier ? Le président de la commission sénatoriale des affaires économiques, Jean-Paul Émorine semble partager cet avis. Intervenant le 30 mai 2018, au cours de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armée, il indiquait que ce pays était que l’on veuille ou pas incontournable, s’appuyant sur son expérience pour s’y être rendu à de nombreuses reprises dans le cadre de ses activités parlementaires. « J’ai pu constater l’évolution de la Chine qui avait un produit intérieur brut inférieur à celui de la France. Quinze ans plus tard, le PIB de la Chine atteint 12 000 milliards de dollars, plus de trois fois supérieurs au nôtre. Les nouvelles routes de la soie font rêver le monde. Quand à la question de savoir s’il s’agit d’un simple label économique ou d’un nouvel ordre mondial, il faut avoir une vision pragmatique. Les nouvelles routes de la soie s’inscrivent dans le vingt et unième siècle sont incontournables. La France doit être présente, c’est indispensable […]. Les formes financières chinoises ne laissent pas de doute sur la réalisation de leurs projets  ».
Ces paroles pleines de bons sens auraient pu être déclamées par Ismaïl Omar Guelleh. Pourquoi ce qui serait bon pour la France serait mauvais pour Djibouti ? La même évidence s’impose à Pascal Allizard, s’exprimant lors de l’examen du rapport d’information relatif aux nouvelles routes de la soie dont il est co-auteur, mercredi 30 mai 2018, posait un constat sur le déroulé de la vision géostratégique de la Chine qui serait selon lui très bien engagé. Il appelait dans son rapport à une mutualisation des efforts, mais aussi des alliances pour continuer à rivaliser avec cette nation millénaire : «  La Chine a une stratégie et un énorme avantage, qui est détaillé dans le rapport ; sa puissance économique qui se traduit par des excédents et des réserves stratégique au sens financier et monétaire qui leur permet de financer les nouvelles routes de la soie, avec ou sans remboursement. […] Dans les pays situés en Afrique, il faut admettre que nous n’avons plus le monopole de la relation. Nous avons très peu de moyens pour intervenir, l’asymétrie avec la Chine est extrêmement forte. […]. Il est assez étonnant de constater que la stratégie chinoise n’est en rien belliqueuse. C’est un peu anesthésiant si l’on n’y prête pas attention. C’est une sorte de cheval de Troie économique avec une politique de puissance en arrière fond ».
Ne parvenant pas à concurrencer à armes égales la Chine, la violente charge et les menaces à peines voilées de John Bolton [7] – en écho de celle de deux sénateurs, Marc Rubio, et Chris Coons [8] sur la stratégie chinoise à Djibouti, et les risques pesant sur le Doraleh Container Terminal (DCT) – prennent tout leur sens.

Ripostes françaises
La France n’a nullement l’intention de plier bagages, ni à court, ni à moyen terme, voilà ce qu’Emmanuel Macron est venu dire aux autorités. Et encore moins maintenant que Djibouti peut mettre la France en position d’exercer une influence plus importante aussi bien sur Pékin que sur Washington, pour contrebalancer l’affrontement entre les deux titans. Emmanuel Macron expliquera que la France considère Djibouti comme d’une importance stratégique vitale pour ses intérêts, « un sanctuaire dans une région instable », fera sans doute son mea culpa pour avoir déserté les lieux et ne pas avoir su mieux accompagner l’essor économique et les défis auxquels sont confrontés la population djiboutienne.
La prise de conscience que Djibouti est une des pièces maitresses de l’influence des intérêts français fait son chemin. Pourtant les arguments ne sont pas nouveaux, ils avaient été mis en avant par deux députés, Yves Fromon (UMP) et Gwendal Rouillard (PS), auteurs d’un rapport sur l’évaluation du dispositif militaire en Afrique, publié le 9 juillet 2014. L’ancien ambassadeur français à Djibouti, Serge Mucetti, y détaillait l’importance pour la France d’y maintenir une présence forte. Il n’excluait pas que des gisements d’hydrocarbures puissent y être découverts, soulignant que « les principaux nœud de câbles sous-marins de télécommunications desservant l’Afrique de l’Est : presque tout l’internet en Afrique de l’Est passe ainsi par Djibouti, ce qui constitue un enjeu autant économique que sécuritaire ». Il considérait que Djibouti avait « toutes les cartes en main pour être la première puissance maritime de l’Est de l’Afrique » [9].

La France a-t-elle les moyens de rivaliser financièrement avec la Chine, c’est peu probable selon Aden Omar Abdillahi, directeur de l’IEPS-CERD, pour lequel il ne faudrait rien attendre de la France, ou peu de choses. Il porte une analyse désabusée sur cette relation, voire très sévère. « Pour moi il y a deux France. Il y a celle du ministère de la Défense, qui a des intérêts militaires et stratégiques très importants ici. Cette France est très attachée à la position de Djibouti et a une lecture très projective des enjeux qui se jouent autour du Bad el Mandeb et plus spécifiquement dans la Corne de l’Afrique, c’est la raison pour laquelle elle veut absolument garder son ancrage sur nos côtes. Notre pays arrive à travailler très bien avec cette France avec laquelle on partage des intérêts mutuels. L’autre France, incarnée par le Quai d’Orsay, et l’Élysée, reste, malheureusement sur une tout autre ligne, avec un regard presque figé sur le passé colonial. Cette France n’a pas encore pris conscience qu’à Djibouti, elle n’est plus qu’un partenaire parmi d’autres. On ne peut pas revenir dans le passé. Cette France ne veut pas que les choses changent, que l’on grandisse et s’émancipe. La coopération militaire fonctionne très bien, car elle est basée sur une relation d’intérêts communs. Nous devrions nous limiter à cette coopération avec la France. La dernière forme de coopération était celle universitaire, elle a vécu. Les restrictions dans la délivrance des visas et l’augmentation des frais d’inscription pour les étrangers hors UE, lui ont donné le coup de grâce. Pour ce qui est de la promotion de la culture française, elle a été réduite à peau de chagrin ces dernières années. Mais peut-on parler d’échange culturel ? C’est plutôt un échange à sens unique, et c’est regrettable. La Francophonie, on est francophone, et c’est tout. On a une autre culture !
Sur le point diplomatique la relation est plutôt fluide, du fait de la base. Depuis le virage économique en 2001, et la décision prise de mettre notre position stratégique au service du développement de notre patrie, on a pris conscience qu’il ne faut rien attendre de la France. Elle a beaucoup de difficultés au niveau européen, ainsi qu’au niveau intérieur. C’est un pays qui est en train de se recroqueviller sur lui même, de se fixer des limites, et de circonscrire ses intérêts. Il n’a plus les moyens de ses ambitions, c’est un pays en perte de vitesse.
 »

Pourtant la France ne semble pas avoir dit son dernier mot aussi facilement. Le sénateur Hugues Saury, qui s’enquérait auprès de la ministre de la Défense, Florence Parly, des mesures entreprises par le gouvernement pour endiguer l’influence des autres contingents installés à Djibouti et conserver « le caractère stratégique de Djibouti [pour la France] », rappelant avoir pu constater sur le terrain que « le recul de la présence militaire française par rapport à la Chine et aux Etats-Unis [était évident] ». Pour la ministre, la France ne pourra répondre au défi sécuritaire, et contrecarrer l’influence des deux grandes puissances que sont la Chine et les Etats-unis d’Amérique dans la région mais aussi ailleurs dans le monde, qu’en appréhendant les difficultés à une échelle européenne.

« La mobilisation de nos alliés européens, que ce soit sur le plan capacitaire, pour construire une culture stratégique commune ou pour lancer de nouveaux outils comme la Facilité européenne de paix, est essentielle, a fortiori si de nouvelles crises devaient survenir.
À Djibouti, les forces françaises comptent 1 450 soldats des trois armées. Nous avons signé en 2014 un partenariat militaire opérationnel avec les forces armées djiboutiennes, incluant la préparation des contingents déployés au sein de la Mission de l’Union africaine en Somalie (Amisom), et la cession de matériels. Cette relation a été dynamisée en 2018 après plusieurs visites de haut niveau, ce qui était d’autant plus nécessaire que nos compétiteurs, notamment la Chine, montent en puissance dans ce pays. Les installations portuaires chinoises sont particulièrement impressionnantes. Je me rendrai à Djibouti au mois de mars. Nous sommes déterminés à contrecarrer cette influence croissante
. » [10].

Dans le cadre de cette politique de reconquête engagée par les autorités françaises, pour rapprocher les deux peuples et renforcer les liens militaires, l’outil culturel sera choyé. L’investissement est raisonnable, et les retombées se révéler considérables en terme de rayonnement pour la France à Djibouti. Des annonces importantes pour démultiplier les interactions, aussi bien culturelles, formatives, universitaires, que scientifiques devraient être faites par le président Macron. Sur le volet économique, bien que personne ne puisse rivaliser avec la force de frappe financière de la Chine, la France compte tenir son rang en intensifiant son appuie au groupe d’affaires Franco-Djibouti (GAFD) pour tailler des croupières à ses concurrents.
On présume qu’Emmanuel Macron, malgré l’absence du port du gilet jaune par notre poète, notre « caravanier des mots », prendra toute de même le temps de répondre au cri d’alarme sur l’état de la francophonie... Ne pouvant supporter cette mort à petit feu de la langue française à Djibouti, Chehem Watta interpelle directement le chef de l’État français.

Les projets de transformation du port historique du PAID en futur haut-lieu touristique ne risquent-ils pas de brider les capacités militaires de la France ? En effet qu’adviendra t-il dans ce contexte des facilités militaires portuaires accordées au bloc occidental au sein de ce port historique, en partant du postulat que les forces alliées n’envisageraient en aucune manière la possibilité de faire accoster leurs navires au Doraleh Multipurpose Port (DMP), à quelques centaines de mètres de la base navale chinoise ? Questionnement d’autant plus cuisant que la France a signé en l’an dernier un accord stratégique renforcé avec l’Inde [11], afin de lui permettre de bénéficier d’un soutien logistique et d’avitaillement au sein de ses implantations militaires de la Réunion, Mayotte et Djibouti – sur cette dernière base, le protocole militaire via la France, a t-il été privilégié, plutôt qu’avec le gouvernement djiboutien directement, pour ne pas froisser la Chine ? En retour de ces facilités, l’Inde a t-elle voulu se montrer reconnaissante en finançant notamment, le Centre de leadership et de l’entrepreneuriat du « Mahatma Ghandi Center », dont l’inauguration en grande pompe s’est déroulée le jeudi 22 novembre 2018 ? [12]. La France cherchera t-elle à obtenir d’Ismaïl Omar Guelleh la possibilité de développer des infrastructures logistiques navales à l’intérieur de sa base militaire de l’îlot du Héron, ce qui lui permettrait de tenir la dragée à la Chine ? La France aura t-elle les moyens de ses ambitions ou prévoyait-elle de financer ses investissements prioritaires à travers l’initiative européenne d’intervention (IEI) ou bien encore le fonds européen de défense ? Emmanuel Macron n’appelait-il pas depuis le haut de l’acropole d’Athènes à « construire une nouvelle souveraineté européenne » et une refondation du budget créant de nouvelles ressources propres pour répondre à des défis qui ne sont plus « à l’échelle nations » [13]. Les forces de défense armées japonaises ne sont pas en reste, envisageant la construction à pas feutré, et à travers de faux-nez entrepreneuriales logistiques, une infrastructure navale à Obock.

Finalement Djibouti, pourrait bien devenir la cause qui manquait jusqu’à lors, pour mettre le pied à l’étrier, un embryon d’armée européenne constituée dans un premier temps d’un petit groupe de quelques nations européennes - probablement 9 dans la même configuration de l’intervention au Sahel -, avec la France pour leadership. En cette période de vaches maigres, Emmanuel Macron pourrait tirer son épingle du jeu et voir les frais d’allocation et de fonctionnement de ses troupes stationnées en République de Djibouti pris en charge par le budget communautaire… La belle affaire !

Mahdi A.


[3« Le discours d’Emmanuel Macron à l’Arc de Triomphe », Le Monde, 11 novembre 2018.

[8« US senators alarmed if China gets control of Djibouti port », Reuters, 13 novembre 2018.

[9Voir le rapport de Fromion et Rouillard sur le site de l’Assemblée nationale ou sur Calameo.

[13« Macron devant l’acropole dans la posture du refondateur, Libération, 08 septembre 2018.

 
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