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Série noire pour les forces américaines à Djibouti
par Mahdi A., avril 2018 (Human Village 32).
 

Un avion militaire américain Harrier Jet s’est crashé peu après son décollage de l’aéroport international de Djibouti cet après midi, mardi 3 avril 2018 vers 16h, entraînant la fermeture de l’espace aérien durant près de deux heures. Selon CNN, il s’agirait d’un avion de l’US Marine Corps de type AV-8B Harrier. « Le pilote a été capable de s’éjecter et serait en train d’être évacué médicalement, ont ajouté les officiels, l’étendue des blessures du pilote est actuellement inconnue » [1]. Les causes de l’accident sont pour l’heure inconnues ; elles font l’objet d’une enquête lancée par le commandement du Camp Lemonnier. Triste rappel, un avion militaire djiboutien de type Cessna 206 s’est également crashé au décollage à l’aéroport de Djibouti en août 2017 ; ses trois passagers ont été moins chanceux, ils périrent dans l’accident [2].

L’aéroport international de Djibouti (AID) [3] est un des derniers vestiges de la colonisation a être encore autant utilisé. Il a été ouvert il y a plus de cinquante ans, pour la seule desserte de notre pays par des vols réguliers. Dans sa configuration actuelle, il n’est plus adapté à la réalité de l’aviation civile, puisqu’il ne répond pas aux normes de sécurité internationalement admises dans ce domaine. Il lui est par ailleurs impossible d’accueillir les plus grands aéronefs civils, dont notamment l’A380.
Du fait de l’occupation par les forces militaires alliées de la zone destinée à l’extension de l’aéroport et de ses infrastructures, il n’est plus envisageable de redimensionner l’aéroport international d’Ambouli sur son site actuel. C’est la raison pour laquelle le gouvernement envisage de déplacer les activités civiles sur un nouvel aérogare, qui sera nommé Al Haj Hassan Gouled Aptidon, situé à 56 kilomètres de la capitale, à Bicidley aux confins de la région des Assajogs. Le coût estimé de cet ouvrage est de 539 millions de dollars. La construction aurait été confiée au groupe chinois China Civil Engineering Construction Corporation (CCECC).

D’évidence, la forte présence militaire et ce qu’elle implique comme équipements militaires, dont un stock conséquent d’armes et de munitions, dans une aire aussi congestionnée comporte des risques et entrave les possibilités d’expansion d’un aéroport civil. Ceci expliquant sans doute cela, la signature en mai 2014 de nouveaux accords militaires avec les États-Unis d’Amérique, prévoyant le renforcement de la présence militaire américaine sur notre sol et autorisant l’agrandissement du Camp Lemonnier ont probablement donné le coup d’accélérateur à la délocalisation indispensable des activités civiles. Cette décision salutaire... tarde tout de même à se concrétiser, puisque malgré la pose de la première pierre en grande pompe en janvier 2015 [4], les travaux sont en cale sèche : ils n’ont toujours pas débuté. Pourtant, il n’aura échappé à personne que l’aéroport d’Ambouli a plus des airs d’aéroport militaire que d’aéroport civil. Il n’est aisé nulle part dans le monde de faire concilier des activités aussi opposées les unes des autres. Je vous laisse imaginer les questions d’ordre sécuritaires sous jacentes à la présence dans l’enceinte d’une même zone aéroportuaire de près de 4000 soldats américains, de pas loin de 1350 soldats français [5], de plus de 600 soldats japonais et, si cela ne suffisait pas, de plusieurs autres centaines d’hommes en uniformes, Italiens, Allemands, Espagnols, et Djiboutiens… qui y font décoller et atterrir tour à tour, avions de chasse, hélicoptères, gros transporteurs, gros ravitailleurs et avions de surveillance, entre deux avions civils. En outre il faut signaler que, depuis septembre 2013, les activités des drones américains ont été déplacées à la base de Chabelley après une série de crashs. « Le Pentagone a dû se résigner à déménager ses engins un peu plus au sud, pour pouvoir continuer de mener des raids depuis cette position », contre les Shebbabs en Somalie et les combattants d’al-Qaïda dans la péninsule arabique, et plus précisément, au Yémen [6].
Selon RFI, les autorités djiboutiennes auraient ordonné le déplacement des activités des drones à une douzaine de kilomètres de l’aéroport d’Ambouli, à l’aéroport de Chabelley, du fait de « la fâcheuse tendance des drones à se crasher. Ces engins, notamment pour les anciens modèles comme le MQ-1 Predator déployé à Djibouti, restent plus exposés aux conditions météorologiques et aux erreurs de pilotage que les avions conventionnels. Au moins cinq Predator se sont écrasés sur et autour de l’aéroport d’Ambouli en deux ans, dont un en pleine zone habitée » [7]. Ces nouvelles dispositions ont engendré des dépenses non prévues, estimées à 13 millions de dollars, que le Congrès américain a été amené à débloquer en procédure d’urgence.

Série noire
C’est une série noire pour les forces américaines à Djibouti, qui participent actuellement à un exercice militaire nommé Alligator Dagger. En effet, dans la soirée de la même journée du mardi 3 avril, un hélicoptère CH-53 a été accidenté en atterrissant à proximité de la plage d’Arta. Il aurait « subi des dommage structurels mineurs en attendant une évaluation plus approfondie », selon un porte parole de l’armée américaine. Le Sikorsky CH-53E Super Stallion est le plus gros hélicoptère de transport lourd de l’arsenal américain. Il a une capacité de levage de plus de quinze tonnes avec ses trois moteurs et un grand rotor principal à sept pales.
Selon des informations recueillis par CNN auprès de Bill Urban porte parole du Commandement central des forces navales américaines, « un hélicoptère CH-53 du Corps des Marines des Etats-Unis a été endommagé mardi soir alors qu’il atterrissait à Djibouti, à proximité de la plage d’Arta. […] Il a ajouté que l’équipage de l’hélicoptère n’avait pas été blessé dans l’incident » [8]. Pour une raison inconnue les forces armées américaines ont tardé à communiquer aux médias sur cet autre accident, qui s’est déroulé dans une zone isolée et peu fréquentée, en dehors des week-ends.

Les Etats-Unis d’Amérique disposent d’une base militaire en République de Djibouti depuis septembre 2002. Le Camp Lemonnier est la seule emprise militaire permanente américaine en Afrique, 4000 marines y seraient stationnés. Le renouvellement du bail de l’emprise militaire, le 5 mai 2014, a permis une revalorisation de l’allocation annuelle, cette dernière passant de 38 à 63 millions de dollars.

Mahdi A.


 
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