Human Village - information autrement
 
Le 5e mandat, un secret de polichinelle…
par Mahdi A., août 2020 (Human Village 39).
 

Le président de l’Assemblée nationale, Mohamed Ali Houmed, a donné une interview exclusive à RFI, diffusée le 12 août dernier. Que peut-on en retenir ?

Mohamed Ali Houmed a été interrogé principalement sur trois points, à savoir, la gestion de la pandémie du coronavirus sur le territoire, le supposé isolement diplomatique, et la candidature éventuelle d’Ismail Omar Guelleh à un cinquième mandat.

Sur la gestion de la pandémie il n’a pas manqué de manifester sa satisfaction devant le succès de la mobilisation de tous les acteurs investis dans la lutte contre cette maladie. Elle a permis de développer en un temps record une des meilleurs réponses sanitaires au monde pour assécher les clusters dès leur détection. Et de préciser une série de mesures prises, parmi lesquelles la fermeture des frontières et les restrictions de déplacements mises en place pour endiguer au mieux la propagation du coronavirus à Djibouti, la fermeture des commerces, le confinement général, la libération de 178 détenus de la prison de Gabode suite à la grâce présidentielle du 23 mars 2020 visant à désengorger le milieu carcéral… Il aurait pu ajouter la commission Covid mis en place sous sa houlette par le Parlement qui a convoqué les principaux ministres concernés par la réponse à la pandémie afin de leur demander de s’en expliquer et de détailler la riposte.
Questionné sur le risque d’ouverture des frontières et les cas décelés lors des contrôles, il s’est montré rassurant, précisant qu’une nouvelle fermeture des frontières n’était pas à l’ordre du jour. Un dispositif est en place pour effectuer des contrôles sanitaires aux frontières chargé de veiller à ce que les entrées soient contrôlées. La détection de cas positifs ne remet pas en cause la stratégie de lutte, car ces personnes sont isolées et traitées jusqu’à guérison. Il est revenu sur le projet d’une attestation de test négatif réalisé 48 ou 72 heures avant l’arrivée sur le territoire. Une réflexion est en cours, et à l’instar d’autres pays elle sera peut-être exigée.

Pour dégonfler les inquiétudes au sujet du nombre de personnes contaminées par le Covid, il a argué que la hausse du nombre de cas s’explique par une stratégie poussée de dépistage et de traçage des contacts des personnes contaminées et le nombre élevé de tests réalisés : près de 6% de la population à ce jour. Cela fait de Djibouti un des pays à avoir réalisé le plus de tests, non seulement à l’échelle du continent, mais aussi au niveau mondial. Il explique l’absence de complications graves par le fait que le protocole sanitaire prend rapidement les cas détectés en charge. Cependant, il note aussi qu’à Djibouti les symptômes sont modérés voire quasi inexistants.

Concernant le supposé isolement de notre pays, Mohamed Ali Houmed explique que cette idée est grotesque, elle est reprise à tort et à travers par des médias qui ne savent pas de quoi ils parlent. À ce prétendu isolement il objecte celui de la cohérence et du respect de principes sur lesquels il n’est pas possible de mégoter, de louvoyer. Il a tenu à rappeler que Djibouti était demeuré à sa place, au centre du jeu de domino, avec l’intention de continuer à servir comme elle l’a toujours fait, en promouvant la paix et la concorde dans la région, en participant à la solution des différends et à rapprocher les points de vue divergents, guidé par le seul intérêt de la préservation de la vie humaine et de la fin de violences qui n’ont que trop duré dans la Corne. Il souligne les actions récentes entreprises par notre pays en faveur de la paix en Somalie, pour soutenir notamment la refondation d’un État somalien dans ses frontières reconnues par les Nations unies. Mahmoud Ali Youssouf, ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale, faisait le même constat le 29 février lors de la conférence sur la place de Djibouti et le rôle de la diplomatie djiboutienne organisée par DERE : « Je suis dans la cuisine de la Corne depuis plusieurs années. Je peux vous assurer que Djibouti n’a jamais été aussi présente dans la scène régionale. Jamais ! Vous êtes isolé lorsque vous perdez un intérêt particulier dans une certaine alliance. Notre ligne politique, c’est la cohérence. Cette cohérence a un prix… mais si vous ne perdez aucun intérêt, vous restez un pays qui a des principes, une ligne de conduite dans sa politique étrangère. Les anglo-saxons appellent cela la consistance. C’est-à-dire la cohérence dans la politique étrangère, et cette cohérence n’est pas facile. Vous êtes obligé en permanence de faire l’équilibriste. […] Et cette cohérence nationale qui fera que nous allons traverser tranquillement toutes ces zones de turbulences et les tempêtes politiques dont l’on nous dit qu’elles peuvent survenir. La preuve vous l’avez, nous sommes un pays stable politiquement depuis plus de vingt ans voire plus. Est-ce que l’on dira la même chose des pays voisins ? »

Sur le dernier point, la possible annonce par le chef de l’État de son désir de rempiler en avril 2021, Mohamed Ali Houmed a coupé court, balayant la question d’un revers de main. Pour lui, le choix appartient à Ismail Omar Guelleh, qui pourra se prononcer sur cette question. En ce qui le concerne, il veille à travers des tournées qu’il effectue dans les régions reculées comme à Magdoul et Randa (Tadjourah), à Goubetto (Ali Sabieh), Gagadeh (Dikhil), ou à Djibouti-ville (PK13 et Hayableh) auprès des populations de s’assurer - pour le compte de la majorité – que les engagements pris par le chef de l’État lors de sa caravane présidentielle de début d’année, et dont la mise en œuvre a été quelque peu retardé par la pandémie de Covid-19 et le confinement, soient bien en cours d’achèvement.
Il ne fait pas de doute que le cœur de Mohamed Ali Houmed bat pour son sponsor en politique, Ismail Omar Guelleh. Il ne manquera pas d’accompagner sa candidature aussitôt qu’elle sera officialisée par le chef de l’État. Il défend l’action du chef de l’État en se rendant dans ces différentes localités pour tâter le terrain, prendre le pouls des électeurs, mais aussi, et surtout, appeler les personnes rencontrées à se mobiliser pour encourager et soutenir un cinquième mandat. Une intention considérée d’ailleurs ici comme un secret de polichinelle…

Mahdi A.

 
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