D’après un communiqué de la présidence et un entretien d’Ismail Omar Guelleh avec David Sadler, dans Asharq al-Awsat, 17 mai 2023 [1]

Face aux défis, le sommet de Djeddah renforce l’action arabe

Ismail Omar Guelleh a accordé un entretien au quotidien panarabe Asharq al- Awsat, à l’occasion de la tenue, le 19 mai à Djeddah, du 32e sommet ordinaire de la Ligue des États arabes. Dans cette intervention le président de la République a donné son point de vue sur les principaux défis et questions dans le monde arabe.
« Le concours multiforme que l’organisation panarabe doit apporter à ses États membres en proie aux conflits doit être au centre des débats de cette 32e assise de la Ligue arabe […]. La problématique palestinienne, les efforts à entreprendre en vue d’une médiation collégiale de l’organisation dans le cadre du conflit au Soudan, la nature de l’appui à concéder aux nations arabes, notamment le Yémen et la Somalie, en prise à une instabilité chronique, le bien-fondé lié au retour de la Syrie dans les instances arabes..., » ont été évoqués.

En ce qui concerne la Palestine, le chef de l’État a condamné « la poursuite des attaques israéliennes contre les sanctuaires de l’islam à Al-Qods Al-Sharif, notamment la prise d’assaut et la profanation de la chapelle d’Al-Rahma perpétrée récemment par la police d’occupation de l’État hébreux. »

Au sujet de la crise au Soudan, il s’est réjoui « des premiers signes positifs, notamment l’accord sur l’ouverture de couloirs humanitaires et sur la protection des civils, sur lesquels a débouché le processus de médiation initiée conjointement à Djeddah par l’Arabie saoudite et les Etats-Unis d’Amérique. […] Il s’agit là d’un précédent louable sur lequel la médiation, autour de ce dossier, programmée à l’échelle de l’IGAD pourra amplement capitalisée », a estimé le chef de l’État, précisant qu’il intègrait « le collège présidentiel tripartite que l’organisation régionale de l’Afrique de l’Est a mandaté pour la crise au Soudan… […] Dès lors que les conditions minimales d’un déplacement sur le terrain seront réunies, je me rendrai, avec mes homologues du Kenya et du Soudan du Sud, à Khartoum, aux fins d’une mission de bons offices entre les principaux protagonistes de cette crise »

Concernant le Yémen, il évoque sa « foi en l’impact positif avec lequel est censé influer, pour le Yémen, le rétablissement des liens entre l’Arabie saoudite et l’Iran. […] Outre le Yémen, je suis amplement d’avis que le rétablissement des liens entre Ryad et Téhéran débouchera sur une onde de détente dans toute la région, notamment au Liban et en Irak ».

Il estime que « le retour de la Syrie dans les instances diplomatiques du monde arabe comme un autre développement positif. […] Le renforcement des dispositions du monde arabe est allié à sa capacité à cadrer avec l’esprit d’un corps solidaire, collégial et uni » en référence à la réintégration de la Syrie au sein de la Ligue des Etats arabes.

« Les pays arabes intègrent pleinement un monde en perpétuelle mutation où les changements qui s’opèrent n’ont pas été expressément programmés en vue d’une revue à la baisse de leurs dispositions. […] La nation arabe est assignée, au même titre que les autres régions et ordres géographiques et identitaires du monde, à redéfinir ses centres d’intérêts sur le principe de rapports gagnant-gagnant ».

« L’importance stratégique de la mer Rouge se distingue par sa situation géographique, à la croisée de l’océan Indien et de la Méditerranée et aux confins des trois continents que sont l’Afrique, l’Asie et l’Europe […]. Le phénomène de collaboration sécuritaire alliant de plus en plus les pays de région, notamment au sein du conseil des États arabes et africains riverains de la mer Rouge et du golfe d’Aden, établi à Ryad, est l’insigne marque d’une volonté d’œuvrer en faveur de la préservation d’une des voies de navigation les plus empruntées par le commerce international […] Surplombant le détroit de Bab Al-Mandeb, l’emplacement le plus stratégique au sein de la mer Rouge, la République de Djibouti concourt naturellement les efforts intégrés de la région en faveur de la sécurisation de la mer Rouge […]. Sur le sujet de la sécurisation de la mer Rouge, notre pays est investi également d’une mission centrale de coordination et de coopération avec les grandes Puissances pour protéger la navigation maritime, combattre le terrorisme et faire face aux défis de sécurité qui affligent la région et le monde en général ».

Le président mit par ailleurs à profit cette interview pour réitérer son « attachement à la réalisation d’une solution négociée au différend autour du barrage de la Renaissance » et pour exprimer sa « satisfaction pleine et entière au sujet des relations, forgées par l’histoire et la communauté de valeurs et de culture, de solidarité et de coopération entre notre pays et le royaume frère d’Arabie saoudite ».

D’après un communiqué de la présidence.

Ismail Omar Guelleh en route pour le 32e sommet ordinaire de la Ligue arabe

Le président de la République a quitté ce vendredi matin le pays à destination du royaume d’Arabie saoudite où il prendra part au 32e sommet ordinaire de la Ligue des États arabes qui ouvre ses portes cet après-midi, à Djeddah.
Marqué par le retour, au sein de l’Organisation, de la Syrie qui avait été suspendue en 2011 en raison de la guerre civile, ce sommet élaborera un état des lieux général de la situation des nations membres en proie à des difficultés chroniques.
La problématique palestinienne, la crise au Soudan, l’évolution de la situation au Yémen et en Somalie, l’aptitude du Liban à surmonter définitivement l’impasse politique et institutionnelle auquel il est en proie, les difficultés économiques, le rapprochement avec l’Iran..., seront entre autres évoqués au cours de cette rencontre.
Ce sommet va consacrer un volet important de ses travaux à la réalisation d’une plus grande intégration de ses pays membres. Il sera entre autres question de l’identification de partenariats stratégiques et de complémentarités économiques fondés sur les dispositions intrinsèques et respectives des pays membres de l’Organisation.
Ce sommet formalisera l’instauration définitive d’un fonds arabe pérenne destiné à incarner le principe d’une solidarité concrète, collégiale et agissante de l’organisation face aux défis multiformes portés à l’ordre du jour de ses entités.

Hub logistique et de transbordement jouissant d’un emplacement géographique de premier plan, à la croisée de plusieurs régions économiques et de voies stratégiques de navigation internationale, la République de Djibouti a vocation à servir de fer de lance à l’intensification des échanges de la région arabe avec les autres parties du monde.

Outre sa participation aux travaux de ce 32e sommet, Ismail Omar Guelleh, mettra à profit son déplacement à Djeddah pour s’entretenir avec les principaux responsables politiques du pays hôte et les dirigeants du monde arabe.
Lors de cette mission à Djeddah, le chef de l’État est accompagné d’une délégation comprenant notamment, le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Mahmoud Ali Youssouf, l’ambassadeur de la République de Djibouti auprès de la République arabe d’Egypte et représentant permanent auprès de la Ligue des États arabes, Ahmed Ali Barreh, et l’ambassadeur de la République de Djibouti auprès du Royaume d’Arabie saoudite, Dya-Eddine Said Bamakhrama.

D’après un communiqué de la présidence.

Discours d’Ismail Omar Guelleh à Djeddah

Ismail Omar Guelleh est intervenu au cours des travaux du 32e sommet ordinaire de la Ligue des États arabes qui vient de s’achever ce vendredi, en début de soirée, à Djeddah, en Arabie saoudite. Le chef de l’État a évoqué, entre autres, la question palestinienne, le conflit actuel au Soudan, l’état du Yémen et de la Somalie, le retour de la Syrie dans le concert des nations arabes et la situation en Libye.

En ce qui concerne la Palestine, il a dénoncé « la recrudescence d’attaques et de tueries barbares perpétrées de plus en plus par l’État hébreux au sein du peuple frère palestinien. […] Nous ne pouvons pas rester passifs face aux crimes de guerre d’Israël sur le peuple frère palestinien », a-t-il déclaré avant d’appeler au « lancement de procédures intégrées visant à astreindre l’État hébreux au respect des règles internationales et humanitaires. […] On ne peut plus différer, au niveau du monde arabe, l’initiation d’une action diplomatique et de plaidoirie aux fins d’établissement d‘un Etat palestinien viable, aux frontières du 4 juin 1967, avec Jérusalem pour capitale, conforme à l’initiative de paix arabe »,

À propos du confit au Soudan, le président djiboutien s’est réjoui des efforts engagés pour stabiliser ce pays. Il a salué « l’initiative de paix engagée à l’échelle des Nations unies qui, sous les auspices conjointes du Royaume d’Arabie saoudite et des États Unis d’Amérique, diligentent à Djeddah, un processus de dialogue entre les principales parties en conflit au Soudan. […] La médiation envisagée autour de ce dossier, notamment au niveau de l’IGAD, s’ajoute à la gamme variée d’actions de bons offices engagés à l’échelle multilatérale et des continents, au profit de l’arrêt des hostilités au Soudan ». Le président a confirmé sa « disponibilité à coordonner ses efforts dans cette problématique avec tous les acteurs de bonne volonté. »

Concernant la Somalie, le président de la République s’est montré optimiste. « Sous le leadership de son président, Hassan Cheick Mahamoud, la Somalie n’a de cesse d’enregistrer des gains substantiels sur le registre de la paix, de la sécurité, de la reconstruction et du développement […] Nous devons d’autant plus continuer d’apporter notre soutien et appui à la Somalie que ce pays frère est désormais en passe de rompre avec les stigmates du chaos et de l’instabilité l’ayant longtemps caractérisé »..
En ce qui concerne le Yémen, le chef de l’État a aussi exprimé « l’optimisme que lui inspire l’avenir de ce pays au prolongement des efforts de réconciliation et de rapprochement entrepris, sous la houlette du Royaume frère d’Arabie saoudite, au sein de ses composantes démographiques et sensibilités politiques […]. Nul doute aussi que la normalisation des relations entre le Royaume frère saoudien et l’Iran est de nature à militer dans le sens d’une plus grande stabilisation et pacification du Yémen ».

Ismail Omar Guelleh a aussi parlé de « l’impératif d’appréciation, d’adaptation et d’anticipation, incombant aux pays arabes face aux mutations géostratégiques. […] La meilleure façon, pour nos pays, de tirer profit des changements profonds en cours dans le monde, c’est d’instaurer des mécanismes intégrés de travail et d’analyse, placés sous le signe de la cohésion et de la solidarité, gages de stabilité macro-économique et de développement durable pour nos sociétés ».

Le 32e sommet ordinaire de la Ligue des Éats arabes s’est conclu par une déclaration qui affirme la nécessité de continuer d’aborder le règlement de la question palestinienne dans les termes définis par l’initiative de paix arabe ; un plus grand parrainage de l’organisation panarabe lors du règlement des conflits et des crises éclatant au sein de ses États membres ; et enfin valide la réintégration de la Syrie dans l’organisation qui va s’engager dans le processus de réconciliation de ce pays.