Human Village - information autrement
 
Une démarche citoyenne pour l’emploi
par Mahdi A., décembre 2010 (Human Village 14).
 

L’Association des femmes de Tadjourah (AFT) et la BCIMR/BRED viennent de mettre en place la possibilité d’accéder à un micro crédit professionnel en signant une convention de partenariat le mercredi 29 septembre 2010 au siège de l’ONG dans le centre ville de la capitale. Cette collaboration pas ordinaire pour une banque de la place, vise à redonner espoir et de permettre aux personnes à très faibles ressources de pouvoir se projeter à nouveau dans l’avenir en construisant avec elles de véritables projets. Hasna Hassan Ali, la dynamique présidente de l’Association, et également députée de la circonscription de Tadjourah, a mené les négociations avec la BCIMR/BRED pour mettre en oeuvre cette importante convention.
Elle était aux côtés des membres de l’ONG ce matin là, à leur siège avec M. Ould Amar Yahya, administrateur et directeur général de la BCIMR/BRED et M. Ali Abayazid, administrateur et directeur général adjoint pour officialiser ce partenariat inédit.
Concrètement cela veut dire que demain des personnes qui se sont vu refuser un crédit classique pour toutes les raisons invoquées traditionnellement par la banque, que cela soit un revenu insuffisant ou un trop faible montant de crédit, pourront y avoir accès !

Pourquoi cette initiative de la BCIMR/BRED ?

Conscient que quand on a peu de ressources, mais qu’on veut consacrer une partie de son maigre budget au financement d’un projet d’insertion professionnelle, pour sortir de la précarité et se construire un avenir meilleur pour soi et pour sa famille on a besoin d’emprunter. Mais les banques ne suivent pas en règle générale.
Confrontée à cette dure réalité, et après une reflexion aboutie sur la meilleure approche pour aider la population à partir de ce que l’on sait le mieux faire : permettre à chacun, même exclu du système bancaire d’emprunter pour créer son entreprise, que BCIMR/BRED a su inventer et mettre en place un financement adapté pour ces personnes à travers l’Association des femmes de Tadjourah.

« Notre objectif est simple, nous souhaitons appuyer les organismes locaux de micro crédit afin de les aider à obtenir davantage de moyens financiers que ne leur procure leur propre épargne. Nous croyons à l’approche de la micro finance comme moyen efficace de lutter contre la pauvreté. Vous comprendrez que la BCIMR/BRED ne puisse pas faire abstraction des difficultés de l’environnement social dans lequel elle se développe. Au delà du fait que cela est moralement discutable, il n’est pas convenable à mon avis de continuer à faire des affaires sans participer à des actions de solidarité ou de rechercher des solutions pour soutenir l’insertion dans l’économie des plus démunis, des plus vulnérables », nous explique Ould Amar Yahya, administrateur et directeur général de la BCIMR/BRED.

« Certains esprits, sûrement étroits, ont comparé le micro crédit à une nouvelle forme d’assistanat. Un raccourci qui occulte l’essentiel puisque le micro-crédit permet aux personnes non “bancarisables” à qui les organismes spécialisés refusent d’accorder des prêts de devenir, tout simplement des créateurs d’entreprises comme les autres”, nous explique la présidente de l’Association des Femmes de Tadjourah et également Députée à l’Assemblée nationale, Hasna Hassan Ali.
Et d’ajouter : “Depuis plus d’une décennie, ce concept nous a permis de financer et de développer des petites unités de fabrication de produits artisanaux et de créer ainsi des emplois et de la valeur ajoutée à Tadjourah. Il faut garder tout de même à l’esprit que d’un point de vue opérationnel, les banques de la place ne sont pas organisées pour gérer de si petites sommes ou pour accompagner le public que nous soutenons ici à Tadjourah. Cette clientèle nous la connaissons bien. Nous vivons avec elles, nous vivons leurs difficultés comme si c’étaient les nôtres. Ces femmes ne sont pas des inconnues pour nous, ce sont nos voisines, des personnes que nous côtoyons au quotidien, des mères courages qui se lèvent tous les matins et qui n’ont pas peur de retrousser leurs manches car elles ont des enfants à nourrir et à élever. Notre expérience, notre pedigree parlent pour nous : sur les 200 prêts que nous avions octroyés par le passé à Tadjourah, avec l’appui du FSD et de Caritas, nous avons eu un taux de recouvrement de nos prêts de 100%. Pour information 97% de nos bénéficiaires actuels sont des femmes illettrées, ce que nous leur proposons avec ce nouveau partenariat c’est de les aider à valoriser des compétences, des acquis qui leurs appartiennent et qui sont traditionnellement transmis de mère à fille, dont notamment la fabrication des produits artisanaux régionaux. Nous les accompagnons également dans des projets de petits commerces ou bien encore de restauration rapide. Les idées sont là, les créateurs ne manquent pas, particulièrement chez notre population cible les femmes, ce qu’elles demandent c’est juste un coup de pouce : C’est la raison pour laquelle je tiens vraiment à remercier au nom des femmes de Tadjourah et en mon nom personnel la BCIMR/BRED pour ce financement inattendu, inespéré, et que nous accueillons avec grand plaisir. Il est toujours bon de se sentir épaulé, écouté ! »
Sans nul doute ce nouveau succès de l’ONG est à mettre au compte du professionnalisme de cette association de femmes. Elle a su rassurer sur la qualité de sa gestion et du dispositif du suivi de celle-ci, puisqu’avant d’octroyer un prêt, un diagnostique social est effectué systématiquement par les chargés de programme de l’Association afin d’évaluer la situation du foyer, la pertinence ou la viabilité du projet et enfin, la capacité à rembourser le prêt dans les conditions prévues. Le micro crédit est un dispositif sécurisé malgré les idées reçues.

« Pour la BCIMR/BRED, c’est l’aboutissement d’un travail en faveur d’un public éloigné d’un certain nombre de dispositions classiques », nous explique M. Ali Abayazid, administrateur et directeur général adjoint. « Nous considérons que la capacité d’entreprendre et la créativité ne dépendent pas d’un compte en banque et c’est pour cela que la BCIMR/BRED donne un coup de pouce aux personnes qui n’ont pas accès au système de financement classique. Nous leur donnons l’accès à un capital, à travers un financement solidaire. Je tiens à préciser que nous nous fixons aucune limite de financement. Nous démarrons notre expérience-pilote avec une ligne de crédit disponible de 200 000$ : Cette somme allouée et immédiatement disponible est bien entendu évolutive dans le temps afin de s’ajuster au mieux à la capacité d’absorption de l’ONG. Pour nous l’Association des Femmes de Tadjourah remplit une mission sociétale noble, c’est un sas d’entrée pour les personnes qui n’ont pas accès au système de financement classique : C’est un devoir pour nous de les accompagner dans cette démarche citoyenne et généreuse. Mais le but est que la plupart des créateurs qui font appel à l’AFT aujourd’hui accèdent demain au système bancaire pour des accompagnements et des engagements plus importants », ajoute M. Ali Abayazid.
Tout le monde l’aura compris le micro crédit a pour objectif de corriger les effets pervers de l’inégalité des chances de la machine à exclure qui régit le système bancaire. Ce mode de financement, engagé et militant restitue à celles et ceux qui le souhaitent les moyens, légitimes et nécessaires pour créer de la richesse et des emplois. Le micro crédit rend aux hommes et aux femmes la liberté, l’autonomie et donc la dignité que leur avait volée la spirale de l’exclusion.
Cette initiative de la BCIMR/BRED est louable, elle va permettre de créer et de consolider des relations nouvelles entre partenaires qui s’ignoraient : nous formons le voeu que d’autres sociétés, d’autres institutions puissent à leur tour prendre le même chemin. La solidarité ne doit plus être un vain mot, elle doit enfin prendre tout son sens...

Mahdi A.

 
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