La nouvelle est tombée en fin de matinée ce dimanche 1er mars : la maire de Djibouti, Fatouma Awaleh Osman, première femme maire de la capitale, a démissionné de son mandat électif au service des administrés de la Ville de Djibouti, dans une lettre numérotée 779/MD. Le premier adjoint, Othman Hamad Mohamed, conformément aux dispositions de l’article 84 de la loi n° 122 relatives à l’intérim du maire en cas de vacances de pouvoirs, assurera la délégation dans l’attente de nouvelles dispositions.
La nouvelle a de quoi surprendre, de surcroit à la veille de la journée de la femme, que le gouvernement souhaitait célébrer comme jamais auparavant… Bon, c’est loupé pour l’occasion, puisqu’au-delà de sa fonction ou de sa personne, cette jeune élue était un étendard pour la cause de la femme, et sa prise de fonction devait marquer une étape entre un avant et un après Fatouma Awaleh Osman. Cette conquête par une femme du plus important magistère de la capitale devait donner le ton aux nouvelles opportunités d’avancement revendiquées par les femmes d’une plus large insertion dans les sphères politiques et économiques. Mieux, le bilan époustouflant attendu de la mairesse devait sonner le glas de la gestion des hommes, et montrer que les femmes sont de bien meilleures gestionnaires…
Le problème avec les scénarios écrits d’avance - tout comme les plages carrés – c’est que la réalité de la gestion publique et des multiples interventions sans queue ni tête, et pas toujours dans le sens des intérêts collectifs, peut faire dérailler un train pourtant bien lancé… Que faire maintenant ? Bon, il n’y a plus de temps à perdre, il faut activement rechercher une nouvelle égérie à célébrer pour la journée du 8 mars de l’an prochain, en 2021.
Nous profitons de l’occasion pour lancer un appel aux femmes djiboutiennes de talent : prière de vous manifester. Sont recherchées en priorité : astronautes, pilotes de chasse, embarquées sous-marinier, navigatrices solitaires, escrimeuses, boxeuses…
Plus sérieusement, cette démission ne pouvait pas plus mal tomber pour la cause des femmes alors qu’au moment ou nous écrivons ces quelques lignes le projet de loi pour la parité 50/50 au niveau des élus est toujours bloqué en commission parlementaire… Ce triste épisode renforce évidemment les convictions – et les arguments - des députés réfractaires aux changements !
La ministre de la femme et de la famille, Moumina Houmed Hassan, consentirait-elle à accorder une interview à Human Village ?
Mahdi A.
NB : revirement de dernière minute
Comme il est bien connu, les voies du seigneur sont impénétrables… Sinon comment expliquer que la démission annoncée de la mairesse, par le secrétaire d’État en charge de la décentralisation, Hamadou Mohamed Aramis, connaisse un revirement spectaculaire de dernière minute. Selon des informations en notre possession – non confirmées officiellement pour l’heure – tout semblerait indiquer que la mairesse serait revenue sur sa décision après le succès d’une médiation qui a pu relativiser les difficultés auxquelles elle a été confrontée au cours de son mandat, durant lequel elle a souvent pu se sentir abandonnée face aux nombreux défis à relever. Des engagements, comme une meilleure prise en compte de ses prérogatives et de ses besoins de financement pour l’aider à réaliser son mandat de manière efficace lui auraient été probablement promis. Ce coup d’éclat n’aurait donc pas été inutile. Comme quoi, les hommes ont beaucoup de choses à apprendre des femmes.
Maintenant interrogeons-nous. La mairesse peut-elle revenir sur sa décision alors que l’information est dorénavant publique ? Il semblerait que oui si l’on estime qu’« en cas d’ambiguïté sur la volonté réelle de démissionner, le salarié peut revenir sur sa démission à condition de le faire rapidement. Cela peut être le cas, par exemple, en cas de démission remise à l’employeur : soit sous l’emprise de la colère ou sous le coup de l’émotion ; soit sous l’emprise de troubles psychiques ; soit suite à des pressions (menaces d’un licenciement pour faute, par exemple). Dans ce cas, la rétractation du salarié s’impose à l’employeur. » [1].
[1] Site Service public de l’administration française.