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Code de la route, « dura lex, sed lex »
par Harbi O., janvier 2017 (Human Village 29).
 

Je tiens d’abord à souligner que la présente réaction tient moins de la volonté de donner des leçons que de la tentative de rétablir quelques vérités élémentaires. Il me semble utile de se les rappeler de temps à autre pour les maintenir vivaces dans nos cœurs et nos esprits.

Le début de l’année 2017 a coïncidé pour nos compatriotes avec la mise en vigueur des nouvelles dispositions réglementaires du code de la route relatives aux amendes et pénalités applicables aux infractions au dit code.
Quel ne fut pas l’électrochoc ! Cela a constitué une douche froide si surprenante qu’elle a occasionné des diatribes virulentes et des volées de bois vert pour ceux que le quidam matinal, à tort ou à raison, rend responsables de cette situation. À savoir la police nationale. Depuis l’application de cette réglementation, elle est l’objet d’anathèmes violents qui la vouent aux gémonies, sur la place publique et dans les réseaux sociaux, en l’accusant par la même occasion d’édicter les lois et de déterminer des tarifs fantaisistes uniquement destinés à remplir les poches de ses agents et accessoirement celles de l’État.
Pourtant, rien n’est moins sûr. En effet, nos compatriotes sont toujours prompts à revendiquer auprès de qui veut l’entendre leurs droits tout en ignorant sciemment ou involontairement leurs obligations premières et citoyennes.

De la République romaine à celle issue de la Révolution française de 1789, certains principes fondamentaux, inspirés par Montesquieu ou Rousseau, ont voyagé dans le temps et sont parvenus jusqu’à nous. Quoiqu’imparfaitement peut être dans certains cas. En vertu de ces principes, les lois sont proposées en général par le gouvernement, votées et adoptées par la représentation nationale constituée d’élus du peuple et promulguées par le président de la République. Et puis finalement, publiées dans le Journal officiel pour diffusion nationale. Cette publication rend la loi connue et lui confère un caractère applicable. Une fois publiée, la loi est réputée pleinement en vigueur.

Comme « nul n’est censé ignoré la loi » (Nemo censetur ignorare legem, adage romain), nos compatriotes, dont les réflexes citoyens semblent quelque peu « en veille prolongée », ne peuvent ignorer qu’en juin 1980 une loi portant code de la route a été adoptée, qui a fait l’objet d’une réforme complète en juin 2010. Celle-ci, qui comprenait l’éventail de toutes les nouvelles dispositions réglementaires et le tableau des pénalités, a également été promulguée et publiée au Journal officiel. Pour ceux qui veulent s’en donner la peine, il est disponible à l’imprimerie nationale pour ceux qui peuvent y accéder, ou sur le site internet de la présidence.

Ceci pour dire qu’et bien non ! La police nationale, vilipendée et accablée très injustement, n’a pas concocté le code de la route dans ses casernes. Non ! Sa mise en œuvre ne vise pas à remplir nécessairement ses poches ou celles d’obscures autres officines. Non, ils n’ont pas inventé de nouvelles mesures ou de nouveaux tarifs arbitraires pour pourrir la vie des automobilistes djiboutiens.
Passion et épaisse mauvaise foi mises à part, qui parmi nos automobilistes bougons ne s’est pas plaint un jour :
 des conducteurs qui stationnent n’importe comment ;
 de ceux qui grillent les feux rouges au risque de mettre votre vie et celles des passagers en danger de mort ;
 de ceux qui dépassent en triple, voire quadruple file au risque de provoquer des accidents mortels ;
 de ceux qui conduisent la nuit sans feux de signalisation minimaux ;
 j’en passe et des meilleures.

Pour ma part, je me dois d’avouer que notre premier réflexe est de mettre en avant nos droits sans la contrepartie idoine dans les sociétés modernes attendues de notre part.
Je me dois d’avouer sans ambages ni fioritures que notre police nationale est l’une des plus conciliantes et accommodantes du monde, car dans les autres pays toute discussion vive ou refus d’obtempérer, finit inévitablement dans une cellule avec un procès à la clé.
Comment, par exemple, pouvez-vous m’expliquer que les Djiboutiens respectent scrupuleusement les lois des autres pays quand ils sont en vacances ou en mission en Europe ou dans les pays voisins, et qu’ils ont fait de la non-observation des leurs un « sport national » ?

En l’occurrence, s’il y a une chose qu’il me vient de reprocher aux forces de l’ordre dans cette affaire, c’est bien d’avoir attendu environ sept ans pour appliquer le décret de 2010. A leur crédit, cela a laissé une période de grâce de sept ans aux conducteurs djiboutiens pour s’ajuster. Cela ne leur vaut même pas un minimum de reconnaissance.
Chacun est libre de contester les lois selon les procédures prévues et dans les limites autorisées par elles, mais en attendant, dura lex, sed lex (la loi est dure, mais c’est la loi !).

Harbi O.

Voir en ligne l’article de Mahdi A. sur le même sujet.
 
Commentaires
Code de la route, « dura lex, sed lex »
Le 16 janvier 2017, par un nomade.

Mon reproche est l’application de cette loi. compte tenu de la severite des amendes. Il aurait fallu que la police, pour une courte periode et ds le but de "reveiller" les automobilistes de l’appliquer sans les amendes. Les agents en premier se familiariseraient avec cette loi. Idem pour les automobilistes. Proceder de la sorte renforcerait cette loi et eviterait la grogne et les mecontentements. Les applications integrales de certaines lois ne font aucun bien aux dites Lois.
Il n’y a que les lois qui portent sur l’octroi d’un droit qui doivent etre appliquees immediatement. Et la presente est bien loin de l’octroi d’un droit.

 
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