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L’évaluation peut-elle contribuer à améliorer les politiques publiques ?
par Souleiman Moumin Robleh, décembre 2022 (Human Village 46).
 

L’évaluation est une pratique assez récente dans les pays au Sud du Sahara. Elle remonte à moins d’une décennie, mais force est de constater qu’elle est diversement interprétée compte tenu de sa complexité. Sa seule évocation fait grincer des dents chez certains décideurs politiques dans la mesure où elle est systématiquement vue sous ses aspects de contrôle ou de transparence. Pour tenter de démystifier l’évaluation, quelques questions permettent d’éclairer l’opinion publique sur sa portée : Qu’est ce que l’évaluation ? Pourquoi évaluer ? Son institutionnalisation peut-elle contribuer au bien être de la population ? L’adoption de la théorie du changement dans la conception des politiques publiques peut-elle apporter un changement dans la dynamique de leur gestion ?
Nous vivons dans un monde en constante évolution. Les crises se succèdent dans un contexte de changement climatique. L’extrême pauvreté s’installe dans la plupart de nos pays. Ainsi, dans ce monde complexe où les inégalités sociales ne cessent de se creuser, une meilleure utilisation des deniers publics est impérieuse et il est important d’évaluer leur utilisation.

Il faut d’abord préciser qu’il existe plusieurs définitions de l’évaluation. En voici une qui nous permet de mieux la cerner : « L’évaluation est l’appréciation systématique de la conception, de la mise en œuvre ou des résultats d’une initiative pour des fins d’apprentissage ou de prise de décision. »
Il existe trois types d’évaluation :
 Évaluation formative : favoriser l’apprentissage et améliorer l’intervention.
 Évaluation sommative : rendre des comptes et soutenir les processus décisionnels.
 Évaluation évolutive : soutenir l’apprentissage adaptatif.

L’un des piliers des politiques publiques est la gestion axée sur les résultats (GAR). Cette approche a pour fondement une nouvelle façon de penser les interventions en plaçant les résultats au cœur du processus de gestion. Elle concerne notamment la prise de décision, sa transparence, sa responsabilité et la reddition des comptes. Sans une réelle planification, ni un suivi minutieux des projets de développement, tout programme public serait voué à l’échec.
Il est important de souligner que dans certains pays africains l’évaluation des politiques publiques est réellement pratiquée. Par exemple, la Côte d’Ivoire a pris de l’avance en la matière. Son administration publique et sa gouvernance ont donné des résultats probants avec l’adoption de procédures d’évaluations rigoureuses. Un projet de loi relatif à l’évaluation des politiques publiques est soumis au parlement, afin de mesurer leur efficacité dans l’objectif étant d’établir leur recevabilité.
Cette législation prévoit d’abord la réalisation d’un plan de faisabilité d’une évaluation avec un manuel de procédure. Ensuite, un guide de l’évaluation est élaboré avec toutes les parties prenantes (administrations publiques, parlement, élus locaux, société civile) pour se mettre d’accord sur la manière d’évaluer une politique publique spécifique. Deux types d’évaluations sont possibles : interne, effectuée par l’exécutif, ou externe, effectuée par le Parlement.

Pour conclure, je dirais que l’évaluation a un caractère positif. Elle peut permettre un progrès dans nos pays en développement. Je pense que si nos pays africains accusent un tel retard en matière de développement, c’est surtout à cause de l’absence d’évaluation dans nos actions. C’est pourquoi, nous devons la développer dans nos administrations afin de progresser en matière de bonne gouvernance. Son institutionnalisation reste également d’actualité. Pour y parvenir, il importe d’organiser un débat avec les parlementaires. L’Unité de suivi de l’exécution des politiques publiques prioritaires (USEPPP) et l’Association djiboutienne de l’évaluation (ADE) devraient organiser des journées portes ouvertes en invitant les parlementaires. Cette rencontre susciterait probablement des échanges fructueux qui pourraient déboucher sur des propositions intéressantes visant au renforcement de l’institutionnalisation de l’évaluation.

Souleiman Moumin Robleh

 
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