Communiqué de presse de Sherpa, 30 novembre 2018 [1]
Sherpa et le Collectif européen de la diaspora djiboutienne (CEDD) ont déposé une plainte le 16 octobre 2018 pour abus de biens sociaux, détournement de fonds publics, abus de confiance et corruption d’agents publics étrangers contre des membres de l’entourage du président de Djibouti, Ismaïl Omar Guelleh, au pouvoir depuis dix-neuf ans.
Sherpa est à l’origine des trois premières plaintes déposées dès 2007 dans les affaires dites des « biens mal acquis » qui portent sur des soupçons de recels de détournements de fonds publics par des membres des familles dirigeantes du Gabon, du Congo et de la Guinée Equatoriale. Au terme d’une longue saga judiciaire, l’une de ses affaires a abouti à une décision sans précédent ; la condamnation de Téodorin Obiang, fils du président de Guinée Equatoriale, par un jugement en date du 27 octobre 2017, frappé d’appel pour différentes infractions financières.
Par ailleurs, des développements sont attendus dans les informations ouvertes contre le clan du président congolais Denis Sassou-Nguesso et celui d’Ali Bongo, l’héritier d’Omar Bongo, ainsi que dans l’affaire qui vise Rifaat Al-Assad.
Cette odyssée judiciaire s’étend aujourd’hui aux proches du président djiboutien, dont le régime a été stigmatisé cette année comme particulièrement corrompu.
La plainte vise l’acquisition de biens immobiliers par des membres de la famille d’Ismaïl Omar Guelleh en France, et notamment à Paris.
L’enquête a été confiée à l’Office central pour la répression de la grande délinquance financière et fiscale (OCRGDF), et une information judiciaire devrait être rapidement ouverte.
Communiqué de la présidence djiboutienne, 4 décembre 2018
Divers articles de presse ont relayé que l’association Sherpa et le soi-disant « Collectif européen de la diaspora djiboutienne » auraient saisi la justice française pour dénoncer les conditions dans lesquelles certains membres de la famille de M. Ismaïl Omar Guelleh, président de la République de Djibouti, auraient fait l’acquisition de biens immobiliers à Paris.
La République de Djibouti ne peut que déplorer cette démarche qui consiste à instrumentaliser la justice française en rendant public une plainte simple visant le président de la République et ses proches, pour ternir son image, et ce avant même tout acte d’investigation.
Les autorités djiboutiennes ont mandaté maîtres Éric Dupond-Moretti [2] et Antoine Vey aux fins de les représenter dans le cadre de l’enquête en cours, d’apporter tout élément nécessaire au classement rapide de cette plainte et, le cas échéant, d’engager toute poursuite contre les auteurs de ces accusations calomnieuses et diffamatoires.
La question des biens mal acquis est un sujet ultra-sensible
Ismaïl Omar Guelleh n’est pas le premier chef d’État sur lequel la justice française enquête pour des accusations similaires. Elle a visé notamment Omar Bongo (Gabon), Denis Sassou Nguesso (Congo) et Teodoro Obiang Nguema (Guinée-Equatoriale) [3].
[1] Sherpa, « Biens mal acquis : plainte contre l’entourage du président de Djibouti », 30 novembre 2018.
[2] Pour en savoir plus sur Eric Dupond-Moretti, aux prestigieux clients africains, voir Simon Piel et Ariane Chemin, « Eric Dupond-Moretti, l’instinct de défense », Le Monde, 6 février 2018.
[3] Thomas Hofnung, « Des « biens mal acquis » qui croyaient prendre », Libération, 16 janvier 2013.