Human Village - information autrement
 
Tribune : Slim Feriani
par Slim Feriani, janvier 2025 (Human Village 53).
 

À l’aube d’un second mandat, Slim Feriani, directeur général du Fonds souverain de Djibouti (FSD), présente son bilan et affirme son ambition de faire de son institution un outil de diversification économique et d’épargne intergénérationnelle.

Quel est le bilan du FSD en 2024 ?
Les trois premières années (2022-2024) du mandat initial de la direction du Fonds souverain de Djibouti ont permis, entre autres, de stabiliser le FSD après une première année 2021 marquée par des difficultés, notamment après trois changements de direction générale ; de poser des bases solides et de lancer le développement du fonds malgré des moyens financiers limités, conséquence de la crise du Covid-19 ; de communiquer, sensibiliser et convaincre davantage de citoyens et d’acteurs économiques djiboutiens de l’importance et du rôle d’un fonds souverain à moyen et long terme ainsi que d’observer les premiers impacts socio-économiques et financiers du FSD.
La tâche n’a pas été facile, car bâtir un fonds souverain en tant que start-up est un défi immense, d’autant plus que son lancement en 2020 a coïncidé avec la pandémie de Covid-19, qui a provoqué une contraction économique mondiale sans précédent. Cette crise a engendré des défis sociaux, économiques et financiers majeurs à l’échelle internationale. Même après la fin de la pandémie, la situation économique mondiale, continentale et régionale est restée fragile en raison, notamment des instabilités géopolitiques, telles que la guerre entre l’Ukraine et la Russie, qui ont perturbé les marchés de l’énergie et des matières premières ; de la flambée de l’inflation, de la hausse des taux d’intérêt, ainsi que de l’augmentation du coût de la dette et du capital d’investissement ainsi que du ralentissement économique des grandes puissances économiques comme la Chine, dont la croissance du PIB peine à dépasser 5%, contre 8 à 10% annuellement par le passé.

Djibouti n’a pas été épargné par ce contexte difficile. Dans cette optique, la patience et la prudence sont essentielles, notamment en ce qui concerne les moyens financiers alloués au FSD. Dans l’attente d’une amélioration des conditions économiques et financières, le portefeuille du FSD reste limité en termes de diversification par classes d’actifs et géographies. Il ne peut, pour l’instant, générer des rendements significatifs, bâtir une épargne intergénérationnelle ou réduire les risques économiques cycliques. Le FSD attend patiemment, entre autres, les dividendes de GHIH (70 millions USD) et de Djibouti Telecom (90 millions USD) pour construire un portefeuille d’investissement diversifié et solide. Il convient de rappeler qu’un fonds souverain repose exclusivement sur l’épargne nationale, et non sur des fonds étrangers.
Malgré ces contraintes, la direction du FSD a su gérer les ressources avec rigueur, notamment en réduisant de plus de 60 % les charges annuelles par rapport à 2021 ; investissant dans le capital humain avec le recrutement de sept jeunes talents djiboutiens et en finançant notamment des projets stratégiques tels que le premier restaurant universitaire (2 millions USD), une plateforme de financement participatif, et la première centrale solaire de Djibouti. À ce jour, le FSD a investi 6,4 millions USD sur les 15,3 millions USD de liquidités disponibles en début 2022.
Dès que GHIH finalisera le bail nécessaire pour le terrain de 2,5 hectares, le FSD, en partenariat avec NeoThemis, lancera la construction de la première centrale solaire de la zone franche internationale de Djibouti à PK23.

Lors de son lancement en 2020, le FSD prévoyait de constituer une équipe de 30 cadres en 18 mois. Aujourd’hui, il compte 10 cadres sur 15 employés, avec seulement deux expatriés (le PDG et le responsable des investissements), tous deux Africains, cumulant cinquante années d’expérience pertinente. Cette prudence dans les recrutements reflète une gestion rigoureuse des ressources.

Par ailleurs, bien que le FSD ne soit pas une agence de promotion de l’investissement, il a su attirer des investisseurs et établir des partenariats stratégiques avec des acteurs tels que NeoThemis, Meridiam, Kasada, PAIX Data Centers, Africa Asset Finance Company, SeaInvest, et IC Publications, Frontera Capital, DAMAC Group et AXIAN Group. Ces collaborations visent à stimuler les secteurs stratégiques définis par la Vision 2035 du président de la République.
En 2024, le FSD a également relancé le processus d’ouverture du capital de Djibouti Telecom, initié en 2019, en sécurisant des travaux de due diligence et de valorisation menés par des experts tels que TACTIS et PwC.
Enfin, le FSD a hissé le profil de Djibouti sur la scène internationale en devenant membre fondateur de plusieurs institutions de fonds souverains, en organisant le Djibouti Forum (mai 2024) et en figurant dans des publications prestigieuses, telles que le Palgrave Handbook of Sovereign Wealth Funds.

Comment voyez-vous l’avenir du FSD au cours de votre deuxième mandat de trois ans ?
Je tiens tout d’abord à exprimer ma profonde gratitude au président Ismail Omar Guelleh pour le renouvellement de sa confiance en me nommant pour un second mandat de trois ans en tant que directeur général du jeune Fonds souverain de Djibouti (FSD). Le président est un leader visionnaire exceptionnel et un bâtisseur infatigable. Dans toute organisation ou institution, le succès repose sur la qualité du management et du leadership. Djibouti bénéficie d’un emplacement géostratégique unique et d’une monnaie stable, mais c’est le leadership, la volonté politique et la stabilité du pays qui constituent les atouts majeurs de son développement, ainsi que les piliers du succès du jeune FSD.

Entamé en décembre 2024, ce deuxième mandat vise à garantir la stabilité managériale et à poursuivre la concrétisation de l’ambition de faire du FSD un moteur de transformation socio-économique pour Djibouti. Il s’agit de répondre aux attentes du président et du peuple djiboutien, en bâtissant un fonds souverain capable de rivaliser avec les meilleurs à l’échelle internationale une fois sa vitesse de croisière atteinte. Cela passe notamment par la constitution d’une équipe d’excellence dans les métiers de la finance internationale, l’analyse financière et la gestion de portefeuilles d’investissement multi-actifs (comme préconisé par la Loi FSD), incluant des classes d’actifs telles que le private equity, la dette privée, l’immobilier, les infrastructures et les ressources naturelles.
Créé en 2020 dans le cadre de la Vision 2035, le FSD a pour mission de catalyser les investissements dans les secteurs stratégiques et de transformer Djibouti en un pôle économique régional dynamique. En mettant l’accent sur la diversification, la gouvernance économique et le soutien au secteur privé, le FSD contribue à créer un environnement propice à une croissance durable et inclusive d’ici 2035.

Le FSD constitue un outil central de cette vision, jouant un rôle clé dans la diversification économique et la constitution d’une épargne intergénérationnelle. En investissant dans des secteurs stratégiques comme le numérique, les énergies renouvelables, le tourisme, l’industrie et l’inclusion financière, le FSD contribue non seulement à créer des emplois, mais aussi à renforcer la résilience économique et l’autonomie financière de Djibouti face aux fluctuations de l’économie mondiale.
Par ailleurs, le FSD a pour responsabilité de soutenir les réformes et d’améliorer la gouvernance des institutions publiques dans son portefeuille. Il détient notamment 100 % de Djibouti Telecom et 40 % de GHIH (Great Horn Investment Holdings), qui regroupe plus d’une vingtaine d’entités essentielles à l’économie nationale, comme les ports et les zones franches. Si le changement et les réformes suscitent souvent des résistances, nous sommes déterminés à mettre en œuvre les orientations des hautes autorités pour améliorer la transparence, la productivité et la gouvernance, contribuant ainsi à la croissance de l’économie djiboutienne.

Sous le leadership éclairé du président de la République, Ismail Omar Guelleh, nous sommes résolument engagés à garantir le succès du jeune FSD, à former et transférer au capital humain djiboutien des savoir-faire techniques et financiers, ainsi que des meilleures pratiques managériales internationales, à mener des réformes et améliorer la gouvernance des institutions publiques, à stimuler les investissements, créer des emplois, et réduire le chômage et la pauvreté et enfin à contribuer activement à la réalisation des objectifs de la Vision 2035.
L’avenir s’annonce donc prometteur et nous continuerons à bâtir une épargne qui garantira un avenir meilleur et durable aux générations futures.

 
Commenter cet article
Les commentaires sont validés par le modérateur du site avant d'être publiés.
Les adresses courriel ne sont pas affichées.
 
modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par les responsables.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

 
Corridor Djibouti-Ethiopie-Soudan du Sud-Ouganda
 
Deuxième Forum de Djibouti
 
Djibouti, moteur de l’économie régionale
 
| Flux RSS | Contacts | Crédits |