Human Village - information autrement
 
Une pêche au chalut sous couvert scientifique ? On aura tout entendu !
par Mahdi A., août 2020 (Human Village 39).
 

On pensait en avoir fini avec cette pêche au chalut qui détruit notre environnement marin, mais il faut se faire une raison : cela sera un combat de longue haleine. Il faut maintenir une vigilance constante, tant les promoteurs de cette pêche non durable sont avides d’argent vite gagné et ne se soucient pas ou peu des centaines de pêcheurs artisanaux dont la mer est la seule pourvoyeuse des revenus qui leur permettent de faire vivre leur foyer. Face aux défaillances de l’État, qui n’arrive pas à faire appliquer ses propres textes, ils n’ont pas le choix. Ils ont décidé de le suppléer et se considèrent dorénavant comme les premières vigies de la sauvegarde et la préservation de notre écosystème marin.

Quoi de neuf sur le front ?
Ibrahim Omar Ali, dit Ibrahim Mougga, président du syndicat des pêcheurs d’Obock, a été récemment appréhendé par les forces de l’ordre pour sa lutte contre la pêche illégale au chalut dans nos eaux territoriales, comme nous alertait récemment Bolock Mohamed Abdou [1]. Cela semble tout de même inouï lorsque l’on n’y pense ! Ibrahim Mougga lutte vent debout contre de nouvelles manœuvres pour réintroduire sournoisement à Djibouti la pêche au chalut. Il lançait déjà en mars 2017 dans nos colonnes un cri pour sauver la faune sous-marine des méfaits de la pêche au chalut : « Pourquoi ont-ils le droit de saccager nos récifs sans que personne n’ait rien à redire ? Nous sommes allés frapper à toutes les portes, personne ne sait. Que ce soient les affaires maritimes, la direction de la pêche ou les gardes-côtes, personne ne veut savoir ou ne veut entendre ce que nous avons à dire. Or ces chalutiers stationnent à cinquante mètres du quartier général des garde-côtes, il semble évident qu’ils exercent leur activité dans la plus grande impunité. C’est vraiment à ne rien y comprendre ».
Et d’ajouter, avec exaspération : « Ces personnes sont inconscientes : les chalutiers commettent l’irréparable, ils ravagent notre environnement et détruisent pour toujours notre habitat marin. Nous, nous voulons agir pour les générations futures. Nous voulons que nos enfants puissent eux aussi vivre de la pêche. Cela ne sera plus possible si l’on laisse les choses en l’état » [2].

Branle bas de combat !
Plus inquiétant, des informations obtenues de sources informées font état de la préparation d’une dérogation à la loi, d’une validité de six mois - renouvelable à souhait -, qui légaliserait le chalutage. Il ne faut pas prendre l’information à la légère…
Bien que cette décision soit immorale, elle pourrait être défendue par le ministère concerné et la Primature, pour des raisons scientifiques et expérimentales, à l’instar du Japon qui contourne ainsi le moratoire sur la baleine. Certains de nos officiels veulent à leur tour surfer sur cette faille à des fins commerciales : l’argument scientifique pour contourner le respect du code de la pêche.

Il y a urgence. Mobilisons-nous pour dénoncer ce crime contre notre faune sous-marine et le risque réel d’extinction que cette pêche au chalut fait courir à l’environnement exceptionnel de nos récifs ! « God knows where we’re heading »...

Mahdi A.


[1Bolock Mohamed Abdou, « Lanceurs d’alerte en danger », Human Village, août 2020.

 
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