Communiqué de Cassim Ahmed Dini [1]
22 mars 1024

Ittak ma tayso ma nakka

« Quand même arrivé, bor..l », comme disait l’ami tirailleur : la réunion extraordinaire du Comité exécutif de I’ARD, au cours de laquelle j’ai remis ma démission de mes fonctions de président, vient tout juste de prendre fin.
Mais, heureux de clore ce chapitre, en voici les tenants et aboutissants : texte prêt depuis une semaine pour une décision prise il y a quatre mois.

Autrefois, au temps de la chevalerie et du code de la guerre fondé sur le sens de l’honneur, les guerriers ôtaient leurs casques pour montrer leurs intentions pacifiques. De ce geste amical découle celui consistant à enlever son chapeau par politesse, ainsi que « chapeau bas » et tirer sa révérence. C’est ainsi qu’il convient de comprendre ma décision de démissionner : une attitude de non-belligérance pour être partie de la solution et pas du problème.

De prime abord, mon raisonnement est imparable, d’une logique confinant à la circularité tautologique : c’est mektub partout, même dans les cieux, le « temps des Afar » est enfin arrivé, inéluctable, tel un salvateur fatum révolutionnaire. Tant mieux pour qui de droit, mais je ne me sens pas concerné par les miracles, et je n’ai aucune ambition à exercer quelque leadership politique.
Donc, pour ne pas attiser d’inutiles animosités de ceux qui s’estiment appelés à diriger le pays, j’enlève mon casque (ou mon chapeau) pour prouver que je n’ai aucune intention belliqueuse, d’où ma démission. Mais tout le monde n’est pas convaincu, soupçonnant une manœuvre dilatoire, une ruse politicienne. Alors, la vérité si je mens, voilà les véritables motivations.
Il y a environ quatre mois, le « serpent de mer » qu’est la réunification de I’ARD a resurgi grâce à l’entregent de bonnes volontés qu’il était inapproprié de rejeter, pour la bonne cause et parce qu’il ne faut jamais décourager les Kissinger en devenir. Donc, ayant toujours été favorable à tout processus de réunification de I’ARD, j’ai exposé mes deux exigences, non négociables, devant les deux parties du parti réunies :
1) Je ne prendrai pas part aux discussions sur les modalités de cette réunification
2) Ma démission de mes fonctions de président de I’ARD devait être préalablement acceptée.

Les deux points furent entérinés et des discussions ont eu lieu, même si leurs conclusions présumées ne se sont pas concrétisées pour des raisons qui ne me concernent nullement. Hélas, chassez le naturel, il revient au galop. Bien qu’étant démissionnaire, la rumeur impute encore la division de I’ARD à une « querelle de chefs » à laquelle, par définition, je ne suis pas partie prenante. Plus gravement, il a été insinué sur les ondes d’une radio afar que la réunification se heurte à l’intransigeance d’une partie qui exhibe le récépissé officiel, moi en l’occurrence. Un comble.
Aussi, après en avoir informé une médiation de sages, un moment mise en suspens par euphorie, j’ai décidé de mettre un terme à une situation salissante pour moi, en présentant ma démission lors de la réunion ce soir du Comité exécutif de I’ARD. Là, les choses sont claires : je tire ma révérence.

PS : encore à faire le malin. Il me suffisait d’attendre le temps d’une gestation, bovine ou humaine (9 mois) pour que mon mandat prenne fin, alors que la modification que j’ai portée aux statuts du parti m’interdit d’exercer un troisième mandat présidentiel.
Étant hors de question que je les modifie pour me permettre de me représenter, pour quelque motif que ce soit, encore moins au prétexte que « personne ne peut me remplacer » pour le moment au moins. Mais, comme Neo répondant à la petite Sati qui lui demandait pourquoi il était sorti de la matrice, je terminerai en disant : « il le fallait », je devais me démettre tout de suite.

Alhamdulillah et in sha Allah khayr. Quel plus « heureux événement » que ça ?

Cassim Ahmed Dini