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Offrir la chance d’une vie
par Mouna Frumence, mars 2013 .
 

Des jolies frimousses. Une bonne mine. Des rires et des gazouillis. Des bambins qui jouent joyeusement. Telle est l’image qui s’accroche à notre regard à la pouponnière Daryel. Ce centre pour la petite enfance - créé à l’initiative de la Première Dame, Mme Kadra Mahamoud Haid et inauguré par le couple présidentiel le 26 mai 2011 - est un lieu d’accueil, un refuge pour les enfants abandonnés ou sans famille. Symboliquement baptisé Daryel signifiant « en prendre soin », la pouponnière a été spécialement conçue pour les besoins spécifiques des tous petits.

Pour une protection accrue des enfants
C’est une première dans notre pays. Une structure entièrement dédiée pour les nouveaux nés qui se veut le pendant du Centre de la protection des enfants (CPE) créé en 1978, à l’aube de l’indépendance par feu Mme Aicha Bogoreh. En ce sens, la création du centre Daryel vient utilement compléter l’arsenal juridique mis en place pour la protection des enfants.
En effet, l’un comme l’autre ont une fonction bien définie. La pouponnière assure la prise en charge intégrale des enfants de la naissance jusqu’à l’âge de 3 ans. Tandis que le CPE recueille les enfants à partir de l’âge de 3 ans jusqu’à l’âge adulte.
Aussi inconcevable que cela puisse paraître, des enfants pour la plupart des nouveaux nés sont régulièrement abandonnés dans les maternités ou pire dans la rue. Une triste réalité ! Face à ce constat alarmant, la création de Daryel se veut une réponse pour pallier à l’absence d’une structure d’accueil pour ces nourrissons. D’ailleurs dès sa mise en place, Daryel investi d’une mission de service public d’accueil et de placement des enfants abandonnés, a bénéficié d’une reconnaissance d’utilité publique de la part des plus hautes autorités nationales. Les échos de ce centre me sont parvenus à maintes reprises. Ma curiosité m’a naturellement titillée. Quel est le sort de ces enfants abandonnés ? Comment sont-ils délaissés ? Quel est leur quotidien à la pouponnière ? Qui s’en occupe ? Peuvent-ils un jour quitter définitivement le centre ? Pour m’en rendre compte par moi-même et avoir des réponses, j’y suis allée. Et quelle ne fut ma surprise ! Un bâtiment imposant mais joliment aménagé. Près de la porte d’entrée, une crèche aux couleurs vives. Une multitude de jouets. Une ambiance bon enfant. Sous l’œil attentif de plusieurs jeunes filles, une douzaine de gamins sont en train de jouer allègrement dans un joyeux brouhaha. Les plus petits sont confortablement installés dans un landau. Les nouveau-nés et les nourrissons sont gardés à l’étage.
Au rez-de-chaussée, un espace jeu, des bureaux, un réfectoire pour les repas, une grande cuisine avec sur le mur le menu de chaque enfant en fonction de son âge. Ensuite, les chambres des enfants, avec six berceaux chacune. Des couleurs gaies et une décoration différente pour chacune d’entre elles et enfin une buanderie et une salle de garde pour les baby-sitters. Même schéma à l’étage avec en plus une infirmerie pour les soins et le suivi de la santé des enfants. La pouponnière dégage une impression de chaleur et de confort. Tout est fait pour améliorer les conditions de vie et l’épanouissement des enfants.

La procédure d’accueil
Après cette visite éclair, les questions foisonnent encore plus dans ma tête. Heureusement, la directrice Mme. Fardoussa Ibrahim Nour me réserve un accueil chaleureux. Forte d’une expérience de sage-femme de 25 ans, spécialisée en puériculture, lauréate en mars 2001 du prix du Président de la République sur le thème « Sage-femme », Mme. Fardoussa Ibrahim est naturellement la personne idéale pour diriger la pouponnière.
Elle me relate la procédure d’admission et d’accueil au centre. Dès qu’un abandon d’enfant est constaté dans une maternité, le centre Daryel est immédiatement contacté. Quand l’abandon a lieu ailleurs (très souvent dans la rue), c’est la gendarmerie qui recueille l’enfant, le remet à la maternité, qui à son tour, contacte la direction de la pouponnière. Munie de son registre, la directrice se déplace personnellement pour accueillir l’enfant. À ce niveau, je tiens à souligner qu’au sens de la loi, la pouponnière n’accueille pas uniquement les enfants qui ont été abandonnés sciemment. Mais il est vrai que les enfants recueillis par le centre sont pour leur très large majorité abandonnés.
Comme pour tout esprit sain, abandonner un bébé innocent me parait surréaliste. Comment peut-on endurer les douleurs de l’enfantement, porter un être en son sein pendant neuf longs mois pour l’abandonner de son plein gré dès sa naissance ? Même si je m’interdis de porter un jugement hâtif, j’avoue ne rien comprendre. La directrice, malgré sa longue expérience et le temps passé dans les maternités m’informe - qu’elle non plus - n’a jamais eu de réponse à cette interrogation. Les raisons demeurent malheureusement aussi variées qu’obscures.
Bref, si l’on revient à notre sujet, avant d’intégrer la pouponnière, l’enfant subit une batterie d’examens pour s’assurer de sa bonne santé et lui prodiguer des soins si nécessaires. Après l’admission de l’enfant, la direction doit dans un délai de 48 heures, introduire auprès du procureur de la république une déclaration d’abandon au profit du centre Daryel. Celui-ci prend ce que l’on appelle une « ordonnance de placement ». À partir de cet instant, l’enfant devient juridiquement la pupille de l’État et le centre son tuteur légal. Son sort est-il définitivement scellé ?
Loin s’en faut. Mû par l’intérêt supérieur de l’enfant, la loi prévoit le système du placement familial qui permet à ce dernier d’intégrer ou de retrouver la sécurité et la sérénité du noyau familial.

Le placement en famille ou la kafala
La famille reste le milieu naturel de l’enfant. C’est une réalité incontestable. Partant de ce principe, la loi encourage le placement en famille afin de permettre à l’enfant d’évoluer et de vivre pleinement dans un environnement familial, garant de l’épanouissement et de bien-être. D’entrée en matière, je tiens toutefois à préciser afin d’éviter tout amalgame que le placement familial au sens du droit musulman n’est pas synonyme d’adoption. Par conséquent, notre législation nationale qui s’inspire de la charia consacre le placement en famille plus communément désigné sous le terme kafala. Le code de la famille djiboutien de 2002 a ainsi prohibé strictement l’adoption plénière. Pour faire plus simple, sur le plan pratique, il n’y a pas une différence notable entre le placement familial et l’adoption puisque cela revient à la même chose : l’enfant est placé dans une famille d’accueil. La distinction réside dans les effets juridiques produits par les deux régimes.
Contrairement à l’adoption, le placement familial ou le système de la kafala, nettement plus souple, permet de préserver l’identité de l’enfant (pas d’établissement d’une filiation directe).
À cette fin, le statut du centre Daryel a prévu une procédure de placement en familial. Cette procédure est ouverte aux couples mariés, peu importe qu’ils soient sans enfant ou qu’ils en aient déjà, à partir du moment où ils manifestent l’intérêt d’accueillir un enfant et qu’ils remplissent préalablement un certain nombre de conditions. Au titre de ces conditions, le couple intéressé doit constituer un dossier de demande de placement et le déposer en double exemplaire à la direction du centre Daryel. Les pièces demandées ? Une demande manuscrite comportant l’adresse complète du couple demandeur, un certificat de nationalité, un extrait de casier judiciaire datant de moins de trois mois, un certificat de bonne vie et de moeurs établi par les autorités compétentes, une attestation du statut matrimonial, une déclaration de revenus et biens et/ou une attestation de travail et enfin un certificat médical de visite et de contre visite.
Une fois ces conditions dûment remplies, la direction du centre - en cas d’avis favorable - introduit une demande de placement au profit du couple demandeur devant le juge du statut personnel. Ce dernier doit rendre une décision déclarative motivée dans le mois suivant la requête introductive de placement. Si le placement en famille est accordé, le centre remet l’enfant au couple et lui délègue en même temps l’autorité parentale. À compter de ce moment, on attend du couple qu’il se comporte à l’égard de l’enfant comme « ses véritables parents » qui deviennent aussi ses tuteurs légaux. En cas de rejet de leur demande, le couple peut former en dernier ressort un pourvoi devant la chambre du statut personnel de la cour suprême. Aujourd’hui, et moins d’un an après sa création, la pouponnière Daryel a accueilli 50 enfants. Il faut savoir que même si les prestations offertes par le centre sont d’une qualité irréprochable, ces enfants sont privés d’une affection parentale.
Depuis ma première visite, j’ai pris l’habitude d’aller les voir régulièrement. Ils sont tous adorables, des vraies perles, attachants et tellement innocents. Un bonheur d’être avec eux. Les plus grands se sont habitués à ma présence, dès qu’ils m’aperçoivent, ils me sautent au cou ou m’entourent les jambes de leurs petites mains potelées. À défaut d’un placement familial, l’enfant qui a atteint les 3 ans révolus est transféré au centre de la protection des enfants.

Le parrainage : une alternative
Comment apporter aide et concours en dehors du placement en famille ? Le parrainage est un autre moyen d’aider les enfants abandonnés ou orphelins du centre. Concrètement, cela signifie que toute personne désireuse d’aider un enfant accepte de le parrainer c’est-à-dire de le prendre en charge. Cette prise en charge s’effectue très souvent sous forme de don en nature puisque le bienfaiteur subvient mensuellement aux besoins matériels du filleul (lait, vêtements, couches, médicaments, etc.). Il peut également remettre un chèque à la direction du centre.
Enfin pour finir, le bénévolat est également une façon d’apporter une assistance physique aux enfants. En leur rendant des visites régulières, en jouant avec eux, en leur donnant à manger, en s’occupant d’eux pendant quelques heures, on leur apporte beaucoup plus qu’on ne peut l’imaginer. Attachants et affectueux, on tisse très vite des liens forts avec eux. Et je parle en connaissance de cause !
Offrir une seconde chance de vie à un enfant à travers le placement en famille ou par le biais du parrainage, peu importe le moyen choisi, une certitude demeure. Vous changez le destin d’un enfant !

Pour plus d’informations, la pouponnière Daryel est située dans la zone industrielle sud, en direction de la route de l’aéroport. Tel : 20 35 04 18.

Mouna Frumence

 
Commentaires
J aimerais vraiment adopter l un de ses bébés Aidez moi .
Le 24 novembre 2020, par maelie .

Bonjour j ai contacté plusieurs fois le numéro de la pouponnière sans succès . j ai 40 ans je suis en bonne santé, j ai une vie stable j aimerais vraiment avoir la possibilité d adopter des jumeaux où des des jumelles où même simplement un enfant, une fille . Je suis très responsable et je serais une bonne mère. Svp aidez moi à rentrer en contact avec quelqu’un. S’il vous plaît mon message est sincère. Aidez moi
que Dieu vous bénisse


Offrir la chance d’une vie
Le 22 janvier 2021, par Hersi.

Maelie,
Voila le mobile number de la dame responsable de la pouponniere : (253) 77 81 68 58
Nous esperons bientot adopter une fille de cette pouponniere. Bonne chance a vous

 
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