À qui profite le crime ? [1]
Le contexte de l’arrestation de Dilleyta
Pour donner un air de légalité à leur trahison, les Agabas ont nommé un nouveau président pour le FRUD : Ahmed Dini était remplacé par Jean-Marie. L’arrestation mardi après-midi de Dilleyta Tourab semble procéder de la même logique : un coup de pouce du régime pour permettre un coup d’état par son remplacement au poste de président de la commission d’organisation du congrès de l’ARD.
Ce qui implique une collusion, une complicité entre le régime et une partie de l’ARD. Ce qui remet en cause les modalités de la réunification et risque de reporter la tenue du congrès. Les faits.
Le Haut-Conseil de l’ARD a mis en place il y a quelque temps une commission d’organisation du congrès, souveraine et présidée par Dilleyta Tourab. Après examen et délibération, ce comité a décidé, pour éviter les querelles de chefs, que le Haut-Conseil choisisse parmi ces 5 membres un seul qui sera son candidat unique à la présidence du parti lors de son prochain congrès. Tel était le point à l’ordre du jour de la réunion de samedi dernier à laquelle les 4 membres du Haut-Conseil vivant à Djibouti ont été sommés de participer.
Ouvrant la séance en sa qualité de président de la commission d’organisation du congrès, Dilleyta Tourab a rappelé les enjeux et a annoncé voter en faveur de Kassim Ali. Lui succédant, j’ai également voté en faveur de Kassim Ali. Lequel, ayant, comme tous les autres membres, accepté de se soumettre au verdict, a accepté sa nomination. Résultat du vote : 4 voix pour Kassim Ali et 1 voix pour Adan, la sienne.
Lequel Adan, au lieu de se soumettre à la volonté générale et au verdict qui donnait Kassim Ali gagnant, a contesté une procédure de désignation qu’il avait acceptée auparavant, refusant de reconnaître sa défaite. Néanmoins, la victoire de Kassim Ali fut actée et rendez-vous a été pris pour le mardi suivant afin d’officialiser son choix comme candidat du Haut-Conseil à la présidence de l’ARD.
Tel devait être le premier point de l’ordre du jour de la réunion d’avant-hier, à laquelle Dilleyta Tourab n’a pas pu participer pour cause d’enlèvement. 15 minutes avant qu’il ne soit kidnappé, je lui ai téléphoné pour l’avertir que je passais le chercher et je lui ai dit que la clique allait tenter de le destituer de son poste de président du comité d’organisation du congrès pour violer le principe du candidat unique du Haut-Conseil (ce qui signifie que les congressistes ont le droit de présenter des candidats, mais en dehors du Haut-Conseil) et magouiller au niveau de la désignation des délégués. Il rigola et se contenta d’un « ils n’oseront jamais ». Le régime a osé pour eux.
Mis au courant sur place par ses proches de son enlèvement, je suis reparti chez Kassim Ali pour rédiger ensemble un communiqué. Devant la gravité de ce qui s’était passé, la réunion n’avait pas lieu de se dérouler selon l’ordre du jour prévu et nous ne nous sommes pas rendus, Kassim Ali et moi. Vous croyez ? Et bien non !
A peine une heure après l’enlèvement de Dilleyta Tourab, sans même se soucier de ce qui lui arrivait, la réunion a procédé à sa destitution du poste de président de la commission d’organisation du congrès et à son remplacement par Mohamad Abakari. C’est d’une indécence inouïe, un comportement de charognard. Et, dans la foulée, il a été décidé d’autoriser Adan à présenter sa candidature lors du prochain congrès. Tout est si simple, une fois Dilleyta « miraculeusement » disparu, enlevé, kidnappé et empêché par la dictature de remplir son rôle de président du comité d’organisation du congrès.
Et maintenant ? Dans ses conditions, il est prétentieux de vouloir organiser un congrès dans la sérénité et l’unité. Dès la prochaine réunion du Haut-Conseil, il sera exigé la nomination d’un nouveau président à sa tête : quelqu’un qui ne respecte pas la règle de la majorité ne peut décemment diriger un parti politique se disant œuvrer pour la démocratie.
C’est la condition sine qua non pour la poursuite de la réunification et le lancement d’un vaste mouvement de mobilisation pour exiger la libération de Dilleyta Tourab et imposer le changement démocratique.
Khayr in cha Allah.
Cassim Ahmed Dini
Communiqué du Parti djiboutien pour le développement (PDD)
Djibouti, le 4 mars 2020
Par l’enlèvement de Hassan Mohamed Hassan, devant son domicile, par des individus cagoules hier après-midi, le régime dictatorial a confirmé qu’il a choisi la méthode pratiquée dans les années 70, le siècle dernier, par la dictature des colonels en Amérique latine, pour faire passer en force le 5e mandat de celui actuellement en fonction en violation de toutes les lois en vigueur en République de Djibouti. Ainsi, le mandat d’arrêt émis par la justice et la convocation de la police judiciaire sont remplacés par« enlèvement, utilisation des cagoules avec véhicules sans numéro ». C’est une aventure dangereuse et menaçante pour l’existence de notre pays.
Hassan Mohamed Hassan, plus connu sous « Dilleyta », est membre de l’Alliance républicaine pour le développement (ARD), très actif, mobilisateur contre le 5e mandat, seul motif de son enlèvement. Il n’est pas seul et nous sommes tous contre le système destructeur du pays.
En conséquence, le PDD demande au pouvoir la libération immédiate et sans condition de M. Dilleyta
Mohamed Daoud Chehem