L’histoire porterait à rire si elle ne questionnait pas sur les risques liés à l’exercice du métier de journaliste – ou de directeur de la RTD - dans un pays où l’ego surdimensionné des hommes et femmes politiques frise malheureusement souvent le ridicule. La rédaction d’Human Village vient d’apprendre que le directeur de la publication et celui de la rédaction de La Nation, Mohamed Osman Farah et Fahim Ibrahim Ali, ont été suspendus dans la matinée d’hier, trois jours de leur fonction sur instruction formelle du nouveau ministre de la communication, chargé des postes et des télécommunications, Radwan Abdillahi Badhon.
Que reproche le titulaire du macaron depuis 70 jours, à nos deux confrères du quotidien national ?
Une photo en Une de couverture du numéro double de La Nation du samedi 13 et du dimanche 14 juillet 2019, qui aurait fortement déplu à Radwan Abdillahi Badhon. Pourquoi donc ? La prise de vue n’est pas des plus réussie. En effet, l’image ne permet pas de distinguer que derrière un dos mis en avant se cache un illustre personnage. Effectivement, c’est très regrettable surtout lorsque l’on est en quête de notoriété ! N’empêche la sanction peut être considérée comme sévère et disproportionnée.
Pour faire bonne mesure, le directeur par intérim de l’Agence djiboutienne d’information (ADI), Abdourazak Ali Diraneh sera de la partie, avec également trois jours de suspension, du 14 au 16 juillet 2019. On pourrait croire que la sanction est légère, au vu du sort de la directrice par intérim de la Radiotélévision de Djibouti (RTD), Souad Farah Adaweh, qui a été limogée par le conseil des ministres du mardi 9 juillet dernier pour un quizz diffusé sur les ondes nationales [1]. Les réponses spontanées des jeunes participants, qui ne correspondaient malencontreusement pas aux attentes, avaient fortement agacé en haut lieu. On peut donc dire que nos amis journalistes s’en sont tirés sans trop perdre de plumes, la sentence aurait pu être bien moins clémente… Les deux prédécesseurs, Mohamed Mahamoud Kadieh et Ali Barkat Siradj pourraient en témoigner.
Bref, tout ça pour dire que, finalement, Radwan Abdillahi Badhon a fait plutôt montre d’indulgence et qu’à l’avenir nos journalistes devront en prendre de la graine, pour reprendre les mots du ministre. Ils devront mieux mettre en lumière les actions du gouvernement, et plus particulièrement celles de leur ministre de tutelle. Que l’on s’entende, c’est un minimum…
Mahdi A.
NB : La Nation en date de ce matin, lundi 15, a rattrapé le tir… six photos du ministre y figurent en bonne place ! Ouuffffff
[1] Lien vers le quizz.