Pas un jour ne se passe à Djibouti sans que les forces de répression du régime n’incarcèrent d’innocents civils sous des prétextes aussi fallacieux qu’arbitraires. Que l’on soit fonctionnaires comme ces enseignants arrêtés il y a deux jours (Kassim Abdoulkader et Youssouf Hamid), dont les familles ne savent pas où ils sont incarcérés, ou simples civils, nomades, comme ces mères et pères de familles arrêtés entre Pk 20 et Boulle près de Wea et jetés en prison depuis le début du ramadan, dont Kheyre Ali Egueh. Trois femmes aujourd’hui libérées, Loula Ali Waiss, Moumina Ahmed et Loula Farah Aden, ont été détenues quarante jours sans jugement. Une autre femme enceinte, Oumalkheir Robleh Elmi dit Boullo Qaren, a été arrêtée et libérée après un jour de détention. Kheyre Ali Egueh, arrêté le même jour que les femmes, est toujours détenu.
Ou encore ces cheminots licenciés en masse et emprisonnés pour avoir osé réclamer leur salaire mensuel et des indemnités en retard, ou encore cet enseignant, Mohamed Moussa, suspendu et menacé de licenciement abusif imminent bien que la justice lui ait donné raison et gain de cause contre le Ministère de l’éducation, débouté mais qui continue à s’acharner contre lui sans aucune raison valable. Et ce sans citer ici d’autres citoyens arrêtés et incarcérés dans les mêmes conditions sans autre forme de procès et se trouvant à ce jour en liberté provisoire.
Il y a aussi confiscation par les forces gouvernementales de huit véhicules Toyota à des habitants de Tadjourah, sous le prétexte injustifié qu’ils serviraient à transporter des migrants, alors que ces véhicules constituent le gagne pain de leurs utilisateurs. Cette dérive autoritaire du régime ces derniers temps ne se limite pas aux arrestations et détentions arbitraires. Elle se transforme en Far West dès qu’il s’agit des régions de l’intérieur du pays. Ainsi à Dikhil, il y a plus d’un mois, et à Tadjourah, il y a quelques jours, ce sont des tirs à balles réelles qui ont constitué le bras armé de la répression et qui auraient causé des morts (dont trois à Tadjourah-ville) et des blessés dans les deux chefs-lieux.
L’USN dénonce avec vigueur et condamne fermement et sans réserves ces dérives autoritaires, ces violences aussi barbares que morbides, et prend à témoin la communauté nationale et internationale au vu et au su de laquelle se passe cette barbarie inqualifiable. L’USN exprime sa plus vive préoccupation quant aux conséquences qui ne peuvent que découler de ce recours sans mesure à la force et au déni de droit.
Adan Mohamed Abdou, président de l’USN