Human Village - information autrement
 
Incendie rue des Mouches
par Mahdi A., octobre 2020 (Human Village 40).
 

Un important incendie a éclaté au centre-ville, dimanche 11 octobre, aux alentours de 14h. Le sinistre n’a pas fait de victimes, selon les premières informations recueillies sur place.
Pour autant, les flammes, qui se sont propagées à une vitesse grand V, ont ravagé tout un pan de la rue très commerciale dite « des Mouches » : de nombreux commerces ont été touchés. Les principaux magasins de cette rue sont construits en bois, ou en matériaux légers, même si des revêtements donnent aux façades l’apparence de construction en dur, et sont parcourus par un enchevêtrement de câbles électriques.

Une importante fumée se dégageait dans le ciel de la ville. Les flammes étaient visibles en de nombreux endroits de ce quartier animé, coincé entre des rues exsangues. Elles se sont propagées sur deux ruelles parallèles. Le sinistre a inquiété les nombreux habitants du secteur car les flammes pouvaient menacer les maisons du quartier. De nombreuses personnes souhaitaient accéder à leur commerce ou habitation pour sauver quelques affaires, mais la police présente sur les lieux les en empêchait. Toutefois, l’intervention rapide et efficace des soldats du feu a permis de limiter les dégâts et de ramener la sérénité auprès des riverains. L’incendie a été maitrisé vers 16h.

Le bilan matériel est considérable. Environ vingt-cinq commerces, qui parfois servent aussi d’habitation à leur propriétaire, ont été dévastés. Les dégâts restent maintenant à évaluer, l’enquête de police devra préciser les causes exactes de l’incendie.

Fathi Mohamed Guelleh

Le lendemain de l’incendie, nous avons interrogé un témoin de la scène, par ailleurs ancien commandant de la protection civile, Fathi Mohamed Guelleh. Il a déclaré : « Des petits produits inflammables en nombre, comme des vêtements, des tissus, des produits insecticides, des parfums ou des produits cosmétiques, du matériel électronique… Les explosions étaient nombreuses, sans doute des produits sous pression. L’incendie a pris sur deux ruelles. Heureusement des bâtiments en dur ont permis d’empêcher le feu de se propager au-delà dans le quartier. L’intervention a été difficile. Il y avait beaucoup de monde, le voisinage notamment mais aussi beaucoup de badauds, rendant toutes les voies d’accès difficiles pour les sapeurs pompier. Les passages qui auraient dû être libre pour que les véhicules d’incendie puissent circuler étaient obstrués. Il faut vraiment les féliciter ils ont rempli leur mission de manière exemplaire, malgré les contraintes. »
Ce constat, l’amène à dresser un état des lieux de la sécurité incendie : « Sur l’ensemble de la capitale les moyens de lutte contre l’incendie sont inexistants. J’entends par là, qu’il n’existe pas de bouches et poteaux d’incendie sur le réseau d’eau sous pression, qui auraient dû permettre aux camions des pompiers de se raccorder, au lieu d’être contraints de devoir repartir à la caserne pour s’approvisionner en eau. C’est une perte de temps inouï, qui met en danger la vie des personnes secourues. A l’époque où j’officiai à la protection civile, dans les premières années de l’indépendance jusqu’à fin des années 80, on entretenait les bouches et poteaux d’incendie. On disposait d’un registre sur lequel était cartographié l’emplacement précis de ces outils. Je me rappelle qu’on les contrôlait trimestriellement, on regardait la pression de l’eau, l’état général, s’ils n’avaient pas été endommagés, etc. D’ailleurs, on voit encore un vestige de ce dispositif devant la mairie, c’est très joli, mais il est à usage décoratif car il ne fonctionne pas.

Cette politique de prévention des incendies impose une collaboration de plusieurs départements. Je dois dire que c’était alors coordonné par le district de Djibouti. Une commission nationale d’hygiène et de sécurité, était préposée à ces questions essentielles, présidée par l’inspecteur national de la protection civile, et dont étaient membres les services d’urbanisme, du logement, d’hygiène, la voirie, l’ONEAD… Elle se réunissait tous les mercredis. On organisait aussi des visites inopinées sur le terrain, selon des thématiques : coiffeurs, boulangers, garages, etc. Si des défaillances étaient constatées, on ordonnait des fermetures administratives, voire définitives dans les cas extrêmes. On délivrait aussi des certificats de conformité générale pour les bâtiments recevant du public, à usage d’habitations comme commercials. »

De là, à dire que les incendies étaient mieux prévenus, lorsque la lutte contre les incendies était anticipée, il n’y a qu’un pas ! Sans doute le gouvernement devrait-il ouvrir une réflexion poussée sur le sujet. Cela ne mange pas de pain de faire une pause et de lancer un travail ambitieux sur la question. Cette introspection est cruciale dans un pays où les incendies dans les quartiers d’habitation populaire sont si fréquents….

Mahdi A.

 
Commenter cet article
Les commentaires sont validés par le modérateur du site avant d'être publiés.
Les adresses courriel ne sont pas affichées.
 
modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par les responsables.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

 
250e médecin formé à Djibouti
 
Inauguration de l’Hôpital de Tadjourah
 
Accident d’un bus scolaire
 
| Flux RSS | Contacts | Crédits |