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Djibouti : la grande inconnue avant tout changement !
par Bolock Mohamed Abdou, août 2019 .
 

C’est le grand tabou. C’est le sujet que toute la classe politique préfère éviter. Personne ne l’évoque et pourtant c’est un sujet auquel est subordonné tout changement et toute alternative. Cette question est à l’origine de tous nos maux mais, résolue, elle peut être aussi à la source de nos solutions.
Je ne saurais exprimer par les mots le profond amour que je voue à ce pays et à son peuple que je ne voudrais ni en perpétuel conflit ni encore moins disparaître. C’est pourquoi l’inclusion de toutes les communautés nationales dans les démarches et les résolutions de nos problèmes et la résolution de la question du partage et de l’équilibre du pouvoir est aussi bien une nécessité qu’un enjeu de stabilité interne.
On doit dans un premier temps, veiller à ce que tous les Djiboutiens aient les mêmes droits et les mêmes devoirs. Ce sont essentiellement les injustices et les deux poids deux mesures qui menacent la paix et la stabilité du pays. Et dénoncer les injustices ne signifie pas dénoncer une communauté mais plutôt dénoncer un système.
À Djibouti, de toutes les communautés nationales c’est la communauté Afar qui est la plus lésée, en premier par ses propres élites, et de toutes les régions c’est celle d’Obock qui est la plus lésée. Affirmer cette évidence ne veut pas dire que c’est une autre communauté nationale qui l’opprime mais bel et bien un système dont les plus zélés sont aussi les Afars.
Nous fûmes divisés par le colonialisme, puis par la dictature et après par les conflits. Arrivèrent les démocraties… et étonnamment elles nous divisèrent aussi ! En raison essentiellement du partage et de l’équilibre du pouvoir. Aucun développement et aucune multiplication positive ne sont possible avec la division et sans liberté.
Nos éminences grises et nos élites ne sont pas capables de s’asseoir autour d’une table et réfléchir à une démocratie inclusive, incontournable et incontestable et sur un partage équitable du pouvoir, tenant compte des mentalités et des réalités de notre peuple.
Or l’intolérance est une marque de faiblesse, de crainte et du manque d’empathie. C’est la voie choisie par ceux qui ne peuvent pas argumenter. Tolérer que des personnes aient une opinion différente à la notre est enrichissant et fortifiant. C’est être confiant en soi.
« Lorsque tout le monde pense pareil, personne ne pense vraiment » disait Walter Lippmann, est-ce le cas aussi des Djiboutiens ? Je ne le pense pas mais j’ai le regret de constater que personne ne veut évoquer cette question du partage de pouvoir.

Cette question du partage équitable du pouvoir ne peut pas être évoquée par l’exécutif parce qu’il ne veut pas du partage de pouvoir, mais l’opposition aussi évite de l’évoquer parce qu’elle préfère l’ambiguïté à la clarté à ce propos.
Je me permets d’ouvrir ce débat qui conditionne notre avenir, comment faire pour parvenir à un partage équitable du pouvoir ? Quelles en sont les conditions ? Quelles en sont les concessions à réaliser ? Pourquoi éviter ce débat ?

Bolock Mohamed Abdou

Note de la rédaction : « Pour Human Village, si l’égalité des droits et des devoirs entre toutes et tous est bien un préalable indispensable, l’approche par les communautés est erronée. Il n’y a pas de construction d’une démocratie possible dans cette optique, simplement des variations dans le partage de la rente. »

 
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