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Le syndrome du larbin
 

Manfac aan la cunin baa jiroo, Mawdka kuu sida eh, magaabada hashaada ka roon may dhanaanka leh, Suldaanka, Abwwaan Timacade.

Le syndrome du larbin (vous en avez certainement entendu parler !) n’est pas le propre des sociétés avancées où le taux de corruption oblige des honnêtes personnes, souvent intelligentes et sur-qualifiées, à lécher le cul de certaines pâquerettes pour mieux intégrer un milieu de travail trop saturé… il est aussi la modernité, à moindre frais, de certaines sociétés postcoloniales (comme la nôtre) qui préfèrent instaurer le mérite par les pieds plutôt que promouvoir le mérite. Ce syndrome est, ces jours-ci, de plus en plus exprimé, affiché et même adulé par beaucoup d’internautes de notre belle nation, dont le grand mérite est d’avoir un peu de visibilité, et un cortège de médiocres, toujours là, fidèles dans la honte et l’infamie. Les larbins pullulent donc, et leur arrivée est vraiment appréciée. Ils sont utiles et n’ont point besoin de justifier les louables services qu’ils rendent à la nation, à sa cohésion, à son existence et pourquoi pas à sa mort puisque savoir tuer fait aussi partie des compétences à valoriser sur le CV de tout larbin qui se respecte !
Tantôt appelé « héros », tantôt décrié comme un « intellectuel », le larbin virtuel, tout comme son cousin de la vie réelle, est le nouveau panoptique de l’administration publique, qui lui jette quelques hosties pour son irréprochable fidélité. Habile, pointu et concis, ce sont d’ailleurs ses éléphantesques qualités, le larbin ou laquais, appelez-le comme vous l’entendez, a un agenda bien défini qui peut s’étaler d’une à une éternité d’années, selon le besoin de la Cour… et la rigidité des suppliciers ! Mais même sans cela, le larbin est mandaté, sa mission, mabouliquement incertaine, est des plus louables.
Pour le dire simplement, elle consiste à déverser dans un lieu public, et devant une assemblée bien choisie, un tombereau de messages pour défendre l’indéfendable, copier des passages pompeux pour incarner la culture dans ces océans de sécheresse intellectuelle… et par là imposer une culture du patriotisme, du civisme et de la promotion de soi digne d’un vrai bouffon !
Dépourvu de toute intelligence pratique et/ou éthique, il n’a cure du regard de l’autre, encore moins des valeurs morales qu’il connaît pourtant de nom ! Le seul visage qu’il adule est celui de son employeur, qu’il se condamne à servir le plus mabouliquement possible, quitte à créer des situations d’urgence par lesquelles il légitime sa paie. Mais le larbin n’est pas un traître, quand il s’engage dans une lutte, il la mène jusqu’au bout et reste fidèle même quand ses services ne sont plus désirés. Ses chances de traîtrise étant minimes, il sait jouer le jeu… même au péril des intérêts suprêmes de la nation… c’est d’ailleurs pourquoi on le sanctifie à coup de promotion-briquet. Il est l’homme qu’il faut pour la mission qu’on veut : polyglotte et polyvalent, il a un génie, celui d’être la coqueluche du système, de tout système. Sa famille : ses poches. Son engagement : le bagne ! Son mérite : le ralliement et le génie de cahoter ses semblables.
Naît ainsi une culture, un goût pour la pratique : les jeunes gens se précipitent, se bousculent pour être promus larbins, car loin d’y voir une tare, servir d’œil de Moscou promet beau temps et bakchich. Le larbin fascine, intrigue… et gagne la sympathie de ses concitoyens. On en parle dans tous les coins, les uns lui vouent un culte des plus loyaux, les autres l’approchent pour profiter de sa lumière. Larbin cultivé vs larbin inculte, la danse du ventre devient le dénominateur commun de tous les sbires, le point archimedien pour arracher une promotion bien clouée au sol qu’ils se pressent tous de légitimer avant que les tempêtes de la fortune ne virent vers d’autres horizons. Car pour qui sait voir le monde, le métier de larbin ne souffre d’aucun immobilisme. C’est d’ailleurs dans ces nations postcoloniales, l’un sinon le seul métier dont les contours bougent et qui recrute le plus, le mieux !
Au-delà de ces petites prouesses professionnelles qui font le socle mouvant de son immense géni , le larbin sait charger la barque ; désolation et scrupules inexistants, il répond à ses détracteurs par la surenchère et la démesure. Son sens de la répartie toujours irréprochable, il propose aux problèmes généraux des réponses particulières. Sa cultur e : le vent. Sa religion : la bouffe. Son génie : l’art de tailler des croupières. À un collègue qui lui reproche de ne pas bien faire son travail, le larbin peut répondre : « Suis-je le seul ? » Ou encore : « Pourquoi me casserais-je les couilles » (il en possède juste l’organe, non l’esprit qui va avec. C’est ce qui explique d’ailleurs pourquoi le larbin n’a de contrôle ni sur sa queue ni sur sa tête, il viole tout autant qu’on le viole et ne se plaint jamais de quelque mauvais traitement) « quand un simple tamtam me mettrait sous les projecteurs de mon ministre ? » Et il le pense. Très religieusement. Le larbin ment sur tout sauf sur lui. Ss’il vous apprend autre chose sur sa personne, c’est par mégarde, par défaut de l’esprit et non par volonté de se dérober. Car le larbin n’est pas cachotier. Il est in petto ce qu’il est manifestement. Le larbin est vide mais il est un vide qui contient d’autres vides ! C’est ce qui lui donne, à juste titre, de la cadence, oups, de la consistance !
Une fois arrivé au sous-sol de la dignité professionnelle, le larbin devient génial, brillant, loyaliste, bref il est l’âne si doux de Francis Jammes qui vit digne et meurt dingue. un peu comme celui de Buridan ! Sa Lumière est tellement infinie qu’elle ne dépasse jamais son royaume. Demandez- lui pourquoi, le larbin vous sortira : « Je brille par mon seul mérite, je suis la forge de mon propre génie, je n’attends pas de la transcendance ce que le vent peut m’apporter. alors. que les autres en fassent autant. »

Le larbin devient ainsi le modèle de réussite par excellence de tous les incompétents, défaillants et autres taulards de la profession publique, de toute profession. Obligation de service religieuse, chaque ministère engage son lot de larbins ! Parfois employés de la boite, parfois simples défenseurs d’un brillantissime proche au génie illimité, nommé ministre à la caserne d’Ali Baba, le larbin virtuel a la spécificité d’être protégé par les hautes instances étatiques, gérés comme de petits marchés ambulants. Professeur de fac ou conseiller au service de la Médiocrité nationale, il est le modèle, par excellence, du citoyen en devenir de la Vision 2035.
Mises à part ces petites singularités, tous les larbins ont tous un point commun : celui de fuir leur vrai travail dont ils perçoivent toujours l’avantage financier et sont appelés à d’autres fonctions, notamment celles de servir de vent pour les tam-tam festifs de leur maîtres et de chanter le Bien et la nation pendant que leurs payeurs spolient le sous-sol !
Son défaut de bonne foi, il le comble avec sa témérité et son sens du devoir devant les gigantesques défis de notre temps : la guerre des mouches et la psalmodie plus-que-républicaine de la seigneurie des lavedus ! Talentueux et brillantissime, intègre et honnête, le larbin se passe des qualités qu’il dicte à ses semblables. N’ayant d’angoisse que devant le travail, l’effort, le mérite, la loyauté et surtout l’honnêteté, notre larbin peut se vanter de mérites invisibles et d’exploits inexistants. Quand il ouvre sa bouche, c’est toujours… par bonté… Sa bouche tamise les morts… elle sert et doit servir plus bas que lui, quand il parle, c’est pour aider ses frères qu’il dépossède en toute bonne conscience.
Son défaut de bonne foi, il le comble avec sa témérité et son sens du devoir devant les gigantesques défis de notre temps : la guerre des mouches et la psalmodie plus-que-républicaine de la seigneurie de s lavedus ! Talentueux et brillantissime, intègre et honnête, le larbin se passe des qualités qu’il dicte à ses semblables. N’ayant d’angoisse que devant le travail, l’effort, le mérite, la loyauté et surtout l’honnêteté, notre larbin peut se vanter de mérites invisibles et d’exploits inexistants. Quand il ouvre sa bouche, c’est toujours. par bonté. Sa bouche tamise les morts. elle sert et doit servir plus bas que lui, quand il parle, c’est pour aider ses frères qu’il dépossede en toute bonne conscience.
Pour se prémunir ainsi d’une éventuelle crise existentielle post promotion, il s’adonnera, nonchalant, à tous les excès : éloges à gogo, flatteries et autres applaudissements dignes d’un valet d’une cour du XVIIe siècle, c’est la méthode qu’il voudra désormais promouvoir et qui est déjà en vogue dans tous les centres où l’on plante ces citoyens de la dernière création. Quand il aura enfin accompli sa mission, le larbin sera récompensé à la flanelle, abreuver à l’eau de la réussite facile et de la promotion bossue. Cette récompense l’honore amplement et lui donnera encore plus des ailes pour ramper sous terre. Telle la fouine, spécialisée dans l’art de trouer sans se faire choper, grand partisan d’un monde où le mérite l’emporte, il brillera par ses ambitions étriquées et son misérabilisme sans failles. Expérience qui le formera à jamais puisqu’il en sortira grandi, construit et bien déterminé !

Vive le larbin sauveur de la Nation et à bas le citoyen casse-couilles !

Bullo Qareen  [1]

Boullo la philosophe ou la résistance comme philosophie de vie

Nos compatriotes se comportent face à l’arbitraire comme ils se comportent face à une coupure d’électricité : des « oh » de surprise ou d’indignation quand le courant n’est plus ou lorsque l’oppression s’abat, des « ah » de soulagement ou de satisfaction quand la victime est libérée, comme lorsque le courant revient.
Dans les deux situations, l’on est content du remède, l’on s’indigne de l’effet auquel il met fin mais on ignore la cause originelle contre laquelle il faudra bien un jour se battre résolument : la mauvaise gouvernance d’un régime despotique qui croit disposer des vies comme des biens publics qu’il gère en entreprise familiale.
Pourtant, il y a toujours un moyen de résister, se libérer, refuser l’enfermement, sortir du cadre et s’émanciper en imposant sa volonté de ne pas subir celle d’autrui. Même à un arbre il est donné la possibilité de s’affranchir des limites esthétiques que l’homme veut lui imposer. Ce qu’arbre a pu, l’humain le peut : il faut le vouloir. S’organiser, farouchement, en rangs serrés.

Pour que cessent l’arbitraire contre les personnes et la destruction des biens publics.

Cassim Ahmed Dini  [2]


[1Texte en ligne sur Facebook.

[2Texte en ligne sur Facebook.

 
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