Une lionne qui s’était échappée du refuge Décan à Doudda, dans la nuit du vendredi 14, a été retrouvée dans les premières heures de la matinée, après une battue de la gendarmerie, et abattue.
Selon le journal télévisé de la RTD, la lionne a été repérée, grâce aux traces qu’elle a laissées, à plusieurs kilomètres du camp, à proximité de la plage de Doudda, où elle a été abattue par les forces de l’ordre. Durant sa fuite, elle a attaqué et blessé trois hommes qui ont été admis à l’hôpital Peltier et placés sous surveillance médicale. Les circonstances de l’échappée ne sont pas encore connues.
Les habitants des localités avoisinantes avaient été priés de rester dans leur habitation en fermant portes et fenêtres, tandis qu’une battue était organisée par la gendarmerie. L’incident a semé la panique.
La lionne, échappée de son enclos, a dû être tuée, ont annoncé les autorités locales après plusieurs heures de vif émoi dans cette région proche de la capitale.
Selon la chaîne publique, la gendarmerie aurait mobilisé une unité du GIGN pour neutraliser la lionne qui rôdait dans une zone habitée. L’animal a été repéré à proximité de la plage de Doudda caché dans des buissons de prosopis. A 7h20 ce matin, le fauve a été abattu par un tireur de la gendarmerie. Une enquête a été diligentée auprès de la gendarmerie de Damerjog pour déterminer les circonstances exactes de l’évasion du félin.
Questionné par la RTD, Bertrand Lafrance, le vétérinaire responsable du refuge, a qualifié cette nouvelle de terrible et inexplicable. Il a indiqué que la décision d’abattre l’animal a été prise en commun avec les forces de l’ordre, et insisté sur la nécessité d’une enquête indépendante et approfondie pour déterminer les raisons de cette fuite du fauve. Il a déclaré craindre que l’accident soit du à un acte de malveillance, en mentionnant des actes de vandalismes antérieurs perpétrés sur différents endroits de la clôture encerclant le site. Ces agissements contre le refuge seraient-ils liés à son potentiel foncier ? Des pressions seraient-elles exercées par d’influentes personnalités régionales pour que le refuge bien que situé dans une zone écologique protégée, soit, au mieux, délocalisé ailleurs, ou au minimum, sa superficie réduite grandement, pour permettre le développement de projets immobiliers ? La valeur foncière de cette zone côtière, proche de la capitale, est montée en flèche ces dernières années, notamment depuis l’annonce d’immenses projets dans la localité, que cela soit, la future zone franche de Doudda, ou bien l’énorme projet gazier avec l’Éthiopie.
« C’est de bonne heure dans la matinée lorsque la lumière est revenue, que nous avons commencé à ratisser toute la vallée […]. Petit à petit nous avons détecté la présence de la lionne qui s’était déplacée de quelques kilomètres, on l’a suivie à la trace et ce matin nous l’avons exécuté, elle se cachait dans des buissons de prosopis. [ …] Effectivement on peut se demander comment on en est arrivé là, deux fois de suite avec un accident, avec un lion qui s’échappe. Les deux accidents n’ont rien à voir. D’autant que des grands travaux avaient été entrepris afin que cela ne se reproduise pas. C’est là que j’ai du mal à comprendre comment une lionne a décidé à minuit de sortir de son enclos, alors que cet enclos est tout neuf, qu’il est bétonné, complètement sécuritaire, qu’il a été vérifié par trois commissions différentes, et donc, j’ai été très embêté par cette histoire là. Et, on espère tous qu’une enquête sera dispensée afin de savoir si des éléments puissent prouver qu’il s’agit ou pas d’un acte de malveillance. […] Certains éléments me poussent à croire, dans la mesure où dans les semaines qui sont passées, [nous avons] eu des actes de malveillances sur des clôtures à d’autres endroits du refuge. Cela semble coïncider avec la même nature d’accidents, maintenant, je ne veux pas m’avancer en l’absence de preuves, laissant la police menée cette enquête et j’espère bien entendu que cela ne se reproduira plus. Mes pensées vont bien entendu vers les victimes », déclarait ce matin, samedi 15, le fondateur du refuge animalier, Bertrand Lafrance.
L’association Décan, et son refuge, ont été créés en 2001 par son président actuel, le vétérinaire Bertrand Lafrance, Djiboutien d’adoption, un ami de la nature et des animaux.
Mahdi A.
Communiqué de Décan, 16 septembre
Dans la nuit du 14 au 15 septembre, la lionne du refuge est sortie de son tout nouvel enclos (construit il y a dix mois et ayant fait l’objet de trois commissions de sécurité).
La mère d’Amalia, puisque c’est d’elle qu’il s’agit, a été pisté toute la nuit par la gendarmerie djiboutienne, et il n’y avait pas d’autre solution que d’exécuter l’animal quand celui-ci fut encerclé vers 7h du matin.
Nous déplorons cet accident qui a fait trois blessés, mais surtout, nous constatons que ce triste événement survient curieusement après la mort subite et inexpliquée de son compagnon. De plus, le vandalisme sur nos clôtures étant de plus en plus fréquent, nous pensons que certains de ces accidents sont le fruit d’une malveillance orchestrée.
L’enquête suit son cours, et nous serons très attentifs à ses résultats [1].
Honte a la Gendarmerie et à la Garde Republicaine.
Parader devant le cadavre d’un pauvre animal, affamé et mal entretenu : Quelle autre alternative avait il, cet animal pour survivre...autre que celle de se sauver et de se trouver de quoi se nourrir ?
Honte à vous messieurs.
Triste évènement, qui s’inscrit dans un contexte. Les actions de Bertrand Lafrance ne sont pas assez solidement et durablement soutenues. La Réserve Naturelle de Douda aurait du, devrait être, absolument sécurisée. Avec une part significative des eaux issues de la station d’épuration, la zone constituerait un refuge et une halte d’une importance capitale pour l’avifaune notamment.
Ceci dans un contexte d’effondrement extrêmement préoccupant de la biodiversité du pays. L’exploitation des ressources minérales et vivantes explose et le maillage infrastructurel se développe partout. Ceci ne laisse aucune chance à la nature (nos ressources) de s’adapter à des sécheresses chroniques.
Bon courage au Dr. Lafrance et bonne chance à ses actions. Et une pensée et un soutien aux blessés.