Le monopole de l’Association des transitaires de Djibouti (ATD) sur le connaissement direct de la partie conteneurisée des marchandises en transit pour l’Éthiopie vit ses derniers jours. En effet, l’Autorité des ports et des zones franches (APZFD) a décidé de mettre de l’ordre dans ce secteur.
L’APZFD est à l’initiative de la mise en route d’un second groupement privé de transitaires. Profitant de l’énorme quantité d’impayés cumulés d’Ethiopian Shipping Lines (ESL) envers l’ATD, l’APZFD a enfin trouvé une parade à la toute puissance de ce dernier lorsque l’ATD a décidé le 7 novembre 2015 en assemblée générale de lever un peu le pied sur le connaissement direct… Cette situation inédite a eu des répercussions immédiates, et importantes, avec un ralentissement du flux de marchandises des ports de Djibouti vers l’Éthiopie.
Pour bien comprendre la situation inextricable des transitaires djiboutiens, il est important de saisir que ces derniers doivent s’acquitter pour le compte de leur client d’une somme comprise entre 400 et 800 USD pour chaque conteneur qu’ils enlèvent du port de Djibouti, selon que le conteneur est un vingt ou un quarante pieds… Les sommes en jeu sont immenses, il est question de plusieurs dizaines de milliers de conteneurs par mois !
Ethiopian Shipping Lines s’est engagé par mémorandum à régler dans un délai n’excédant pas quinze jours les frais encourus par les transitaires membres de l’ATD pour son compte. Elle devra s’acquitter également de la commission de l’opérateur djiboutien, qui est de l’ordre de 100 USD par conteneur. Sur cette commission, l’ATD prélève à tous ses membres 10 USD par conteneur afin de couvrir les frais de gestion et de fonctionnement du groupement, qui est une grosse machine avec trente-sept employés à plein temps.
Tout le monde l’aura compris, il ne s’agit pas de petites sommes. Aussi, lorsque la machine à fabriquer du cash se grippe, parce qu’Ethiopian Shipping Lines, faute de devises suffisantes, n’arrive pas à respecter les échéances de règlement et que les factures s’entassent, on peut comprendre que les membres de l’ATD n’arrivent plus à suivre la cadence. Les banques de la place, qui jouent pourtant le jeu en accordant d’importantes lignes de découverts aux transitaires, tirent la sonnette d’alarme en disant : « Attention cela va trop loin on peut pas vous suivre », et ferment le robinet… C’est là que la situation s’emballe !
Ethiopian Shipping Lines s’agace du ralentissement du transfert des marchandises conteneurisés vers l’Éthiopie, mais est-elle consciente que « l’équation n’est pas bonne, une petite économie ne peut pas financer une grande économie » ? Cette situation invraisemblable est sans doute unique au monde. Cette problématique a encore été évoquée lors de la dernière réunion des comités mixtes des deux pays sans que les choses évoluent dans un sens favorable pour Djibouti, bien que les Éthiopiens comprennent la demande de la partie djiboutienne que les règlements se fassent à Djibouti et dans les 48 heures suivant le dédouanement des marchandises… Tout en demandant à chaque fois le report à six mois de cette mesure, ad vitam eaternam !
Au pied du mur, Ethiopian Shipping Lines s’est acquittée en urgence le 17 novembre d’un acompte d’un peu plus d’un milliard de nos francs pour permettre aux membres de l’ATD de renflouer un peu leurs comptes et… de continuer à servir de banque à l’économie éthiopienne !
Mise sur pied d’un nouveau groupement de transitaires : deux infrastructures pour « booster » l’économie
Cette mesure était plus que nécessaire et très attendue par les transitaires non membres de l’ATD. D’ailleurs il faut noter que malgré le gentlemen’s agreement entre les deux groupements ATD et TTI intervenu au cours de cet été, et le retrait de la plainte des membres de TTI qui réclamait pourtant 500 millions de francs de dommage et intérêt à l’ATD pour le préjudice subi par ses membres, ils n’ont pas à ce jour encore été intégrés à l’ATD… Ceci expliquant sans doute cela, l’APZFD a convié à une table ronde dimanche 15 novembre au Sheraton les quarante-six transitaires non membres de l’ATD, qui s’y sont rendus, pour s’entendre dire que les autorités portuaires souhaitent poursuivre la régulation du secteur, notamment en mettant sur pied un nouveau groupement de transitaires. Les deux représentants de l’APZFD (Mahamoud Houssein, directeur des opérations et son adjoint Aden Moussa, responsable des opérations) ont expliqué que la balle est dans le camp des transitaires non membres de l’ATD, en indiquant que si une requête était formulée à l’APZFD pour l’homologation d’un nouveau groupement de transitaires, cette dernière serait examinée avec beaucoup de bienveillance… Bref, il s’agit de ne plus laisser aucun transitaire au bord de la route. Comme on peut s’en douter, les quarante-six transitaires ont accueilli la nouvelle avec beaucoup de satisfaction. Il n’est jamais trop tard pour bien faire !
L’APZFD, a autorisé soixante-dix-sept transitaires à exercer le métier de transitaires en République de Djibouti. Trente-et-un sont membres de l’ATD, quarante-six en sont donc exclus. La situation ne pouvait durer plus longtemps ainsi, l’ATD n’a pas été suffisamment rapide à le comprendre. Faute pour l’ATD de n’avoir intégré les quarante-six autres transitaires, un nouveau groupement va voir le jour… Et, comme il faut battre le fer pendant qu’il est encore chaud, les quarante-six transitaires non membres de l’ATD ont déposé le matin du samedi 21 novembre 2015, leur statut et leur règlement intérieur à l’APZFD en vue d’être homologué sous la dénomination : Regroupement des transitaires autonomes (RTA). Bogoreh Ali Meidal en a été désigné à l’unanimité secrétaire général, ce jour, dimanche 22 novembre 2015, à l’occasion de la deuxième assemblée générale des quarante-six transitaires non membres de l’ATD.
L’Association des transporteurs routiers djiboutiens (ATRD) subit les foudres d’Ethiopian Shipping Lines
L’Association des transporteurs routiers djiboutiens (ATRD) s’est retrouvée dans une situation similaire à l’ATD, avec une lourde ardoise d’impayés d’Ethiopian Shipping Lines. Devant l’importance des sommes, c’est presque au même moment, sans doute de concert avec l’ATD, que l’ATRD a cessé à son tour d’assurer le transport des marchandises à destination de l’Éthiopie.
Les représailles ne se sont pas faites attendre. Aujourd’hui, alors qu’Ethiopian Shipping Lines a régularisé en partie sa créance auprès de l’ATRD, les Éthiopiens refusent pour l’heure de charger leurs marchandises dans les véhicules des transporteurs djiboutiens… Ceux que nous avons rencontrés vivent cette mesure comme injuste. Ils ont l’impression que l’ESL leur fait payer amèrement le fait d’avoir refusé de transporter ses marchandises à cause d’impayés trop importants et qu’ils subissent des représailles en retour. Sans doute l’ESL, malgré sa dette importante à l’endroit des transporteurs djiboutiens aurait-elle souhaité qu’ils continuent à souffrir en silence tout en continuant à transporter leurs marchandises !
Les banques de la place comme soupapes de sécurité
L’ATD et l’ATRD sont allés jusqu’à intervenir auprès des banques de la place afin de solutionner les difficultés de règlement des impayés cumulés avec la partie éthiopienne. Notamment la BCIMR aurait semblé être prête à consentir à l’ESL, et donc à l’État éthiopien, une ligne de crédit de deux milliards de francs djibouti. Cette somme aurait permis d’aplanir sa situation envers ses fournisseurs djiboutiens qui sont à bout de souffle… Devant l’indécision de l’ESL à saisir la perche offerte par les banques, ou même à trouver une solution alternative afin de pallier à ses problèmes de trésorerie, les transitaires de l’ATD et les transporteurs de l’ATRD ont pris la décision de lever le pied. En agissant ainsi l’ATD était consciente qu’elle contrevenait à l’une des clauses du mémorandum d’entente entre l’ESL et l’ATD, notamment l’obligation qui est faite à l’ATD de réaliser les dédouanements des marchandises conteneurisées au maximum dans les 24 heures après que les documents lui aient été remis par l’ESL. L’ATD s’estime dans son droit, puisque l’ESL ne remplit pas son obligation contractuelle d’honorer dans les quinze jours après les travaux effectués, le paiement des sommes dues. Ces derniers ont atteint un cumul abyssal. Les règlements intervenaient avec près de trente jours de retard, le montant cumulé des impayés auprès de l’ATD avoisinait le milliard neuf cents millions de nos francs. Devant une telle ardoise, et dans l’incapacité de se refinancer, l’ATD a estimé - sans doute à juste titre - qu’elle ne pouvait être tenue pour responsable si ses membres ne pouvaient respecter les délais impartis pour le dédouanement des conteneurs d’Ethiopian Shipping Lines. Bien que la décision ait été prise le 7 novembre par les membres de l’ATD réunis en assemblée générale, le ralentissement s’est fait réellement ressentir vers le 12 novembre. Il aura fallu attendre le 17 de ce mois pour que l’ESL s’acquitte d’un acompte d’un peu plus d’un milliard de francs auprès de l’ATD pour que les choses reprennent rapidement leur cours normal…
Conclusion
Un nouveau groupement va être mis sur pied mais est-ce que cela va suffire à régler durablement le problème du règlement des impayés éthiopiens. Il serait intéressant de savoir quelle est la stratégie de l’APZFD en créant un nouveau groupement ? Si c’est de poursuivre la régulation du secteur du transit et de permettre aux quarante-six transitaires en dehors du marché extrêmement lucratif du connaissement direct de croquer aussi à la pomme, c’est une excellente initiative qui permet de revenir sur une injustice, aucun transitaire n’aurait du être exclu du banquet. En revanche, si l’objectif visé est d’augmenter le nombre d’opérateurs pouvant servir de banque, et donc fournir de la trésorerie supplémentaire à l’économie éthiopienne, l’APZFD ferait fausse route, elle aurait tout faux !
Il n’y aura jamais assez de transitaires djiboutiens suffisamment fortunés pour financer l’économie éthiopienne. A la vitesse à laquelle celle-ci croît, les opérateurs djiboutiens ne pourront pas indéfiniment augmenter leur encours auprès des banques… A un moment ou un autre l’arbre risque de se briser et de plonger l’économie djiboutienne dans de grandes difficultés. La réponse doit être recherchée au niveau de l’ESL, et donc de l’Etat éthiopien. Tous les règlements dus aux opérateurs djiboutiens devraient avoir été effectués dans un maximum de 48 heures. Pour information les clients éthiopiens autres que l’ESL, qui se trouvent en Ethiopie, ont encore plus de mal à procéder aux règlements de leurs créances auprès des opérateurs djiboutiens... Certains règlements ne sont honorés qu’après six mois ! Au mieux ils prennent autour de deux mois pour ceux que les transitaires nomment les bons payeurs. Entre temps, les transitaires doivent se démener pour obtenir toujours plus de lignes de crédit auprès des institutions financières de la place. On devine bien les difficultés de trésoreries que peut rencontrer l’ATD avec l’ESL. Il est plus difficile d’imaginer les tracasseries des autres transitaires non membres de l’ATD, qui travaillent avec des clients éthiopiens qu’ils n’ont souvent jamais rencontré de visu, et pour lesquels ils devront pourtant s’acquitter d’importants droits de douanes et de frais portuaires, et attendre patiemment plusieurs mois après la facture établie que ces derniers daignent bien les régler… A cela s’ajoute d’autres difficultés, comme lorsque les clients sont finalement disposés à régler leurs factures et que faute de devises les banques éthiopiennes ne sont pas en mesures de procéder aux virements bancaires auprès des établissements djiboutiens… Là encore, il faut s’armer de patience. Certains transitaires, sans doute imprudents, voire tout simplement désespérés, se rendent en Éthiopie afin de récupérer en espèce sonnantes et trébuchantes le fruit de leur travail. La monnaie éthiopienne étant normalement non convertible, ils la changent en dollars au marché noir, pour ensuite la sortir illégalement du territoire éthiopien. Ce transfert de devises est illégal, et il arrive que des transitaires djiboutiens se voient saisir lors de contrôles inopinés par les douanes éthiopiennes les sommes dissimulées. Qu’auraient-ils dû faire ? Prendre leur mal en patience et regarder leur société faire faillite sous leurs yeux… Ce n’est pas une solution ! Tout comme le transfert de fonds de manière illégale n’en est pas une. Il faut le dire très clairement. D’ailleurs, en 2013, une société de transit, Siyan Trans Express, s’est faite intercepter par les douanes éthiopiennes en tentant de faire franchir illégalement la frontières entre les deux pays à trois cents mille dollars US, qui correspondaient à des factures cumulées de clients éthiopiens dans l’incapacité d’effectuer les virements à cause du manque de devises des banques éthiopiennes. Cette société djiboutienne a joué avec le feu, elle s’est brûlée les doigts…
Mais c’était sans compter sur la solidarité de la corporation des opérateurs portuaires, cette fois-ci les transitaires ont tous été touchés de cette situation qui aurait pu arriver à n’importe lequel d’entre eux. C’est ainsi que lors de la dernière commission mixte, dans un impressionnant mouvement de solidarité et de fraternité, tous les transitaires ont plaidé la cause de Siyan Trans Express auprès des autorités éthiopiennes présentes. Devant cet élan de solidarité et ce front commun inédit jusqu’alors, la partie éthiopienne a consenti à restituer ladite somme à l’entrepreneur privé à titre exceptionnel, cette décision a même été consignée dans le document final du compte rendu de la commission mixte. Pourtant à ce jour et malgré les relances de notre représentation diplomatique à Addis-Abeba, alors que plus de deux années se sont écoulées depuis la saisie, Siyan Trans Express reste toujours en attente de la restitution de ses 300 000 dollars !
Cet exemple, parmi tant d’autres, doit nous alerter sur l’urgence de réfléchir aux différentes options qui peuvent être mises sur la table afin de permettre le règlement des factures des opérateurs djiboutiens directement à Djibouti et dans les 48 heures après les travaux effectués… L’ouverture d’une banque éthiopienne à Djibouti, disposant d’importantes liquidités sur place serait la solution idéale, sans doute une piste à creuser !
Mahdi A.
Adal Transit Air SEA Land Eurl Baraka Transit Continental Transit SARL Dail Transport Dita transit and Logistics Djib Odda Transit Djib Transport and Logistics & trading Co.Ltd Dorra Transit Services Fast Regional Transit Galaxy Transit Service Global Transit and Transport Services Go Transit Group transit & Logistics Services Guedi Transit Hanawi Logistics and Transport Services |
Houda Express Transit Ideal Transit and Transport Eurl Ikram International Transit Service Iman Sarl Le Havre Mada Transit Sarl Maj Transit Medid SARL Mer Rouge Service Sarl Millenium Omni Transit Service Multimodal Transit and transport Nifan Transport et Transit Premier Shipping Agency Rapid Transit Shipping et Transport Rayane Transit Services |
Red Sea Transit Transport Services Rift Valley Saba Transit & Trading Sirraj Logistics Eurl Siyan Trans Express Sougueh Truck and Transit Service Star Shine Transit & Trading Steder Groupe Djibouti Sarl Tayo Commercial Service Togorri Transit Unistar Logistics Viking Logistics Vlast Prom Sarl Warsan Waruf Transit |
Bonjour Mr Mahdi,
Tout d’abord : bravo pour la clarté et la pertinence de vos articles.
Donc, je représente une société du Golfe compétente dans le domaine du transit de marchandises et désireuse de collaborer avec une entreprise de transit djiboutienne sous une forme qui sera à définir.
Voici nos compétences :
1.Vessel agency
2.Stevedoring
3. Custom clearance
4. Container stuffing/stripping
5. Air cargo clearance
6. Spares clearance and delivery
7. Personal effects shipment
8. Packing and moving
9. Flight chartering
10. Vessel chartering
11. Transit clearance to Ethiopia
12. Aid and Relief logistics
13. Military cargo logistics
14. Bulk and break bulk cargo operations
15. Heavy lift and out of gauge shipments
16. Livestock shipments
17. Refrigerated cargo shipments.
18. Free zone cargo clearance and operations
19. Fishing trawler vessel attendance.
20. Air to sea and sea to air shipments.
21. Shipments to/from camps
Pensez-vous que des entreprises locales puissent être intéressées par une discussion pour un futur partenariat avec nous ?
Merci pour votre réponse.
Bien cordialement,
B. Khalfi