Arrivé dimanche en début d’après midi pour une visite officielle, le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian a rencontré les Forces françaises stationnées à Djibouti (FFDj) avant de s’entretenir avec son homologue djiboutien, Hassan Darar Houffaneh. Point d’orgue de cette visite officielle, la rencontre avec le président de la République, hier au palais présidentiel. Au menu des discussions, l’avenir du contingent et des installations militaires françaises à Djibouti.
Ont pris part à cette entrevue, Hassan Darar Houffaneh et Mahmoud Ali Youssouf, respectivement ministres djiboutiens de la Défense et des Affaires étrangères. Côté français, M. Le Drian était accompagné de Serge Mucetti, ambassadeur de France à Djibouti, de Luis Vassy, conseiller diplomatique, du colonel Régis Colcombet, conseiller militaire, du colonel Denis Millot, attaché de défense de l’ambassade de France à Djibouti et du général de brigade aérienne Philippe Montocchio, commandant les FFDj.
Les échanges qui se sont déroulés dans une ambiance amicale ont permis d’aborder plusieurs sujets d’intérêt commun. A commencer par la présence militaire française à Djibouti et l’application du traité de coopération en matière de défense. Jean-Yves Le Drian a annoncé au président Ismail Omar Guelleh le maintien d’effectifs suffisamment importants et des installations militaires stratégiques pour respecter les obligations prévues par le traité. Il a affirmé que la présence des Forces françaises sur le territoire national était appelée à demeurer « dans la durée » la plus importante base militaire française à l’étranger. Le président et le ministre ont également mis l’accent sur l’urgence à élaborer conjointement les textes de mise en œuvre du traité entré en vigueur en 2014 dans les plus brefs délais.
Par ailleurs, le président djiboutien et le ministre français ont évoqué le contexte sécuritaire et politique régional, notamment en Somalie et au Yémen. Leurs échanges ont permis de souligner les efforts de Djibouti dans la lutte contre le terrorisme dans la région, notamment contre les shebabs et de renouveler l’appui de la France à Djibouti dans ce domaine. Les troubles politiques et sécuritaires qui agitent les pays de la région sont donc une motivation de plus pour la pérennité de la présence militaire et la coopération entre la RdD et la France. Car cette présence est aussi un gage pour la sécurité des intérêts français à Djibouti.
Plus généralement, Djibouti et Paris entretiennent des relations privilégiées qui trouvent leurs racines dans les liens historiques et le passé commun entre les deux pays. Enfin, le ministre a transmis au chef de l’État l’invitation de M. François Hollande à effectuer une visite officielle en France à une date à définir en vue notamment d’établir un bilan de l’élaboration des textes d’application du traité.
A l’issue de sa rencontre entre le président Guelleh, le ministre français a participé à une conférence de presse avec son homologue djiboutien au palais de la République au cours de laquelle il a aussi pu exprimer sa satisfaction de la bonne coopération entre Djibouti et les forces françaises lors de la protection du départ de ressortissants de plusieurs nationalités au début de la crise du Yémen.
Mohamed Ahmed Saleh
Conférence de presse commune de Hassan Darar Houffaneh et Jean-Yves Le Drian
Suite à l’entrevue qu’il a eue avec le président Ismail Omar Guelleh, Jean-Yves Le Drian a animé une conférence de presse avec son homologue djiboutien, Hassan Darar Houffaneh au palais présidentiel. Voici la quintessence de ce point presse.
Le ministre français de la défense, était un peu sur la défensive au moment de répondre à la question concernant les multiples reports de la date de sa visite. Pour rappel, celle-ci avait été annoncée puis ajournée à de nombreuses reprises. M. Le Drian a balayé d’un revers de main cette « non-question » : « Les aléas de mon agenda ont fait que mon arrivée soit retardée » a-t-il lancé. « Jamais il n y a eu de “rendez-vous manqués” entre les parties djiboutiennes et françaises » a-t-il affirmé. « Parler de rendez vous manqués reviendrait à suggérer qu’il y aurait des « difficultés » entre les deux parties » a-t-il continué. Le ministre s’est défendu en soulignant que les nombreuses crises et les urgences qui se sont imposées à son agenda de ministre de la défense l’ont empêché de venir plus tôt. Il a souligné notamment les attentats terroristes qui ont frappé la France et la mobilisation des forces militaires sur plusieurs théâtres d’opération à l’étranger ainsi que le plan Vigipirate. Autant de priorités qui auraient « mobilisé son attention », selon lui.
Puis entrant dans le vif du sujet, il a évoqué la réduction annoncée des effectifs des FFDj. Le ministre a adopté un ton rassurant à ce sujet en affirmant que la présence militaire française à Djibouti était appelée à s’inscrire dans la durée. Il a ajouté qu’un seuil critique aussi bien en termes d’effectifs des forces françaises que des installations stratégiques serait maintenu afin d’honorer le traité de coopération et de Défense entre Djibouti et Paris. Par ailleurs, « la présence militaire française à Djibouti, restera et de loin, la plus importante parmi toutes les installations à l’étranger » a-t-il encore ponctué. A propos des échanges qu’il a eus avec le président Ismail Omar Guelleh, Jean-Yves Le Drian a rappelé les garanties données au président sur la pérennité de la présence aussi bien militaire que la continuité des liens de coopération privilégiés entre Djibouti et Paris. En ce sens, il a confirmé que la présence militaire française à Djibouti se poursuivrait pour garantir l’application du traité de coopération en matière de défense. Jean-Yves Le Drian a mis l’accent sur le maintien d’effectifs suffisamment importants et des installations militaires stratégiques pour honorer et respecter les obligations prévues par les termes dudit traité. Il a affirmé que la présence des Forces françaises sur le territoire national serait et de loin la plus importante base militaire française à l’étranger. En ce sens, a-t-il dit, « j’ai transmis au président Ismail Omar Guelleh une invitation officielle de la part de son homologue français, M. François Hollande pour faire un bilan et achever l’élaboration conjointe des textes de mise en œuvre du traité entré en vigueur en 2014 dans les plus brefs délais ». Plus généralement, il a évoqué le reste des nombreux autres points qui ont fait le lit des échanges entre lui et le président Guelleh. Parmi lesquels le contexte sécuritaire et politique régional, notamment en Somalie et au Yémen. « Djibouti accomplis et fournis des efforts remarquables dans la lutte contre le terrorisme dans la région, notamment contre les shebabs et nous lui renouvelons l’appui de la France dans ce domaine » a-t-il rappelé.
« Les agitations politiques et les problèmes sécuritaires qui agitent la région sont une motivation de plus pour la continuité de la présence militaire et la coopération entre Paris et Djibouti » a-t-il fait remarquer. « Cette présence est aussi un gage pour la sécurité des intérêts français à Djibouti » a-t-il continué. « Plus globalement, Djibouti et Paris gardent des relations privilégiées d’amitié et de coopération qui prennent racines dans les liens historiques et le passé commun entre les deux pays » a-t-il indiqué.
Réagissant à un supposé désintérêt du secteur économique et des investisseurs français pour la place économique djiboutienne, M. Le Drian s’est défendu en avertissant que les intérêts économiques français étaient encore fortement présents à Djibouti. « La forte concurrence notamment chinoise est réelle, mais c’est une bonne chose pour Djibouti » a-t-il soutenu. « Quant à parler de désintéressement ou d’un rejet de l’entreprenariat français pour Djibouti, il est tout simplement infondé » a-t-il encore assuré. Il a même ajouté qu’en cas de besoin, il se ferait le « porte-parole » des attentes djiboutiennes auprès des investisseurs français.
Le ministre djiboutien de la défense, Hassan Darar Houffaneh, a quant à lui été questionné sur l’arrivée importante et l’intérêt des puissances étrangères, américaines, nippones, italiennes et bientôt chinoises pour le pays, où ils ont ouvert de nouvelles bases et des installations militaires sur le territoire national. Ceci soulèverait une question de perte d’influence et surtout de l’affaissement de l’importance stratégique des FFDj à Djibouti. Le ministre a presque « botté en touche » en affirmant que la France était le seul pays avec lequel Djibouti avait des traités de coopération et de défense. Pour le moment encore, a-t-on envie de dire. Car l’avenir s’annonce pour le moins remuant et les lignes de coopération en matière de sécurité ou de défense comme dans le reste des domaines politique et sécuritaire sont appelées à bouger !
Mohamed Ahmed Saleh