Washington, 15 juin 2023 [1].
Une équipe du Fonds monétaire international (FMI), dirigée par Joyce Wong, s’est rendue à Djibouti du 11 au 15 juin. Les discussions ont porté sur les évolutions économiques récentes, les perspectives, et les progrès des principales réformes. A la fin de la mission, Mme Wong a fait la déclaration suivante :
« Le rebond économique d’après-Covid a été ralenti en 2022 par les perturbations du commerce international et le conflit en Éthiopie. Les estimations préliminaires des autorités prévoient un ralentissement de la croissance du PIB réel, avec un taux de croissance de 3,7 pourcents en 2022 contre 4,8 pourcents en 2021. En dépit de la baisse des recettes due au ralentissement de l’activité économique et du manque à gagner sur les redevances sur les carburants, le déficit fiscal, qui s’est élevé à 1.4 pourcents en 2022, est en baisse. Cette baisse reflète en partie une accumulation d’arriérés de paiement, tant intérieurs qu’extérieurs, dans l’attente de la conclusion de la restructuration des dettes avec leur principal créditeur.
Le récent accord de paix en Éthiopie, principal partenaire commercial de Djibouti, a permis une augmentation des activités portuaires, ainsi que du fret ferroviaire et routier. L’inflation reste en-dessous des tendances régionales, du fait de la stabilité du taux de change et de prix des carburants inchangés. Une poursuite de la reprise est attendue en 2023, mais les perspectives de croissance restent fortement dépendantes des évolutions au niveau mondial et régional.
Après avoir bien géré la pandémie de Covid-19 Djibouti continue à faire face aux conséquences de la guerre en Ukraine, du conflit en Éthiopie, du resserrement des conditions financières internationales, et du changement climatique. Dans ce contexte, les autorités s’emploient à reconstruire un espace budgétaire indispensable. A cet égard, les autorités accélèrent leurs efforts de négociation de la dette avec leur principal créancier. La publication prochaine du rapport PEFA posera des fondations importantes pour les reformes à venir. La mission et les autorités s’accordent sur la nécessité d’une refondation globale de la fiscalité. Enfin, la prochaine évaluation du GAFI MOAN et les travaux préparatoires inter-agence en cours mettent en lumière l’importance de la gouvernance.
Les principaux défis auxquels fait face Djibouti sont le renforcement de la résilience économique et l’établissement d’une croissance plus inclusive et plus riche en emplois. Dans ce contexte, une revue des exonérations et des loyers des bases militaires contribuerait à établir une assiette fiscale plus équitable et durable. Une transition progressive des subventions globales vers des transferts sociaux mieux ciblés, à mesure que l’inflation diminue, permettrait d’assurer que les ressources publiques limitées soient affectées au développement du capital humain. En outre, l’accélération de la mise en œuvre du Code de bonne gouvernance des entreprises publiques, y compris via le renforcement du Secrétariat Exécutif du Portefeuille de l’État, contribuerait à améliorer la responsabilité des entreprises publiques et à contenir les risques futurs liés aux emprunts des entreprises publiques.
L’équipe de la mission exprime sa profonde reconnaissance aux autorités djiboutiennes et à ses autres interlocuteurs pour leur hospitalité chaleureuse, leur excellente collaboration, et les discussions candides, et espère poursuivre son étroite coopération avec Djibouti. »
[1] Voir en ligne sur le site du FMI.