À l’occasion de l’audience à nos nouveaux ambassadeurs en Côte-d’Ivoire, au Maroc et en Inde, le chef de l’État a indiqué les nouvelles positions de la diplomatie djiboutienne sur la situation de guerre en Éthiopie. On pourrait résumer son message, contenu en filigrane dans le communiqué qui a suivi, par le tweet du 19 novembre dernier de Mahmoud Ali Youssouf qui, à l’unisson de la communauté internationale, déclarait que notre pays « soutient avec force les efforts de médiation du Pdt Obasanjo pour aider à la réalisation d’un cessez le feu en Éthiopie puis le lancement d’un dialogue inclusif entre nos frères et sœurs Éthiopiens ».
Un recadrage imposé par un contexte géostratégique régional et international
Ismail Omar Guelleh a détaillé d’abord les principes qui guident les objectifs et pratiques de la politique djiboutienne à propos de la reconfiguration géostratégique en cours de l’ordre régional et international
Pour justifier en quelque sorte l’entorse à sa tradition diplomatique bien ancrée de non-ingérence dans les affaires intérieures de ses voisins, le président, a rappelé que notre pays ne vit pas en vase clos et ne peut faire abstraction des décisions internationales actuelles et futures qui concernent nos voisins. Elles valent autant probablement pour la région dissidente de la Somalie, le Somaliland, que l’Éthiopie, même si, dans l’immédiat, l’avertissement concerne d’abord le gouvernement d’Abiy Ahmed. La diplomatie djiboutienne suivra donc les évolutions diplomatiques profondes en cours dans la région et le reste du monde [1].
Bien que le communiqué de presse soit alambiqué, il a le mérite d’englober de manière préventive toutes les mesures et décisions susceptibles d’être prises par notre gouvernement dans les prochains jours, voire semaines, en conformité au respect de nos obligations internationales. Bien que la relation soit forte entre Djibouti et l’Éthiopie, Djibouti n’a pas d’autre choix que de prendre ses distances avec le gouvernement d’Abiy Ahmed qui s’est coupé du monde, écarter fermement de toutes les propositions de médiation et ne peut faire autrement que d’apporter son soutien aux sanctions économiques – voire militaires – américaines ou onusiennes susceptibles de s’abattre sur le grand voisin.
En outre dans un souci de clarification, Ismail Omar Guelleh souligne que le fil rouge de notre diplomatie conduite par Mahmoud Ali Youssouf (fin connaisseur de la tambouille régionale depuis une vingtaine années) ne peut souffrir le moindre écart. Il considère qu’une stricte « conformité à une synergie parfaite d’action et de décision avec le ministère de tutelle s’érigeait désormais en une éthique incontournable de travail pour nos diplomates. »
Bref, gare aux contrevenants, comme le message publié le 19 novembre sur Facebook par notre ambassadeur à Cuba, Nasser Mohamed Ousbo, en contradiction avec notre ligne politique - mais heureusement rapidement amendé par l’auteur !
Mahdi A.
[1] « Notre pays ne pouvait s’autoriser le luxe de ne pas calquer ses objectifs et priorités sur le principe des changements diplomatiques profonds en cours dans la région et dans le reste du monde. », communiqué de la présidence.