Une brise nouvelle s’est levée au Parlement. Les élus de l’USN ont effectué ce matin leur rentrée politique. Elle est tardive. Elle intervient après vingt mois de négociation avec le gouvernement afin de solutionner le différend né des résultats des dernières élections législatives contestées avec véhémence par l’opposition qui estimait avoir été dépouillée de sa victoire.
Les deux parties ont décidé de remettre les compteurs à zéro et d’ouvrir une nouvelle page. Chacun a fait un pas vers l’autre afin de trouver une voie médiane.
C’est ainsi qu’il a été fait table rase de toutes les revendications qui empêchaient de régler le différend, les points d’achoppements ont été passés à la trappe. Il semblerait que l’USN ait adopté une stratégie à longue vue : elle a baissé les armes, pour mieux gagner la mère de toutes les batailles, celle qui se jouera en avril 2016.
Elle a considéré que cette prochaine échéance devait être mieux préparée, avec des armes mieux affutées. Les règles du jeu pour concourir aux échéances électorales dans notre pays sont fixées par la loi. Pour la modifier, il faut la défaire. Quoi de plus logique que de prendre son bâton de pèlerin et d’aller user du pouvoir dont ils ont été investis par le peuple. L’arène pour ce combat politique : c’est l’hémicycle. Elle n’a jamais été foulée par un courant politique d’opposition en trente sept années d’indépendance…
Pour faire entendre sa voix, exprimer son opinion et donner sa vision pour le pays, il faut avoir accès aux médias. Il ne faut pas être un fin analyste politique pour constater que les médias publics, hormis durant les très courtes périodes électorales, n’ont jamais ouverts leurs ondes à l’opposition.
Dans la négociation, l’USN n’a jamais mégoté face au gouvernement sur deux points essentiels : la refonte des textes fixant le fonctionnement et l’organisation de la CENI ainsi que la mise en place d’un statut de l’opposition. La question du financement public de l’opposition et de l’accès aux médias à l’instar de ce qui se fait dans les autres démocraties sera sans aucun doute débattue. L’opposition veut que le droit encadre un peu plus la politique dans notre pays.
Les détails seront négociés âprement, points par point, au sein d’une commission mixte – 4 élus de part et d’autre – ils auront 30 jours pour trouver ensemble un terrain d’entente et convenir sur les termes de deux propositions de loi qui seront soumises à l’approbation de leurs collègues.
Pourvu que les beaux discours et les engagements forts pris par la majorité et l’opposition en ce 7 janvier 2015 du haut de la tribune de l’hémicycle se traduisent en acte. Aussi, il est important que le dialogue politique noué ne soit plus jamais rompu. C’est la raison pour laquelle cette volonté partagée d’apaiser le climat politique et les rapports entre les deux bords soient balisés. La mise en place d’un cadre formel de rencontre périodique de concertation entre le pouvoir et l’opposition, permettrait de régler en amont bien des divergences en laissant derrière nous les crises récurrentes du passé…
Les choses ne restent pas figées dans le temps, pourquoi en serait-il autrement avec la politique ? On retiendra de cette journée historique qu’elle a déjà bouleversé de manière irréversible la façon de faire la politique dans notre pays.
Mahdi A.