Une forte averse s’est abattue sur la capitale sans discontinuité de 0h45 à près de 6h du matin, causant d’énormes dégâts tant humains que matériels. Le bilan du désastre n’a pas été encore arrêté, mais il semble conséquent. L’activité portuaire est également fortement impactée, les opérations sont à l’arrêt. Les photos des destructions du dernier terminal du DMP sont hallucinantes et l’importance des dommages laisse perplexe. Ces images ne manquent pas de questionner sur la qualité des travaux opérés mais plus encore sur la crédibilité de nos services contrôles.
La capitale est méconnaissable : sans dessus-dessous ! Des dizaines de milliers de personnes retrouvent leur domicile inondés, dont certains avec plusieurs mètres d’eau. Les services d’urgence ont été déployés pour rendre les voies d’accès des grandes artères praticables. Au moment où nous publions ces quelques lignes, ils sont entièrement mobilisés pour évacuer à l’aide de puissantes motos-pompes l’eau des quartiers submergés. Mais par où commencer ? Les priorités, malheureusement, ne manquent pas. Voici la population à nouveau éprouvée, à peine six mois après les effroyables inondations de novembre 2019 où beaucoup avaient tout perdus. On ose à peine imaginer l’ampleur des désolations sur la capitale si le barrage d’Arta n’avait pas été réalisé en amont de l’oued d’Ambouli. La météorologie annonce de nouvelles des pluies importantes pour les prochains jours. Comment seront-elles gérées alors que le sol n’arrive déjà pas à absorber les pluies d’aujourd’hui. Comment abriter les familles sans toit, ayant tout perdues dans l’inondation, tout en veillant en les relogeant à respecter les règles de distanciation sociales ?
L’État complétement mobilisé sur un autre front, celui du covid-19, doit affronter dans le même temps une autre grave crise. La plupart des sinistrés sont complétement démunis, et leurs quelques économies ont été épuisées pour couvrir les dépenses causées par le confinement. Comment vont-ils pouvoir surmonter ce défi alors qu’ils ne pourront pas retourner au travail…
Le mécontentement et le ras le bol sont latents. Les pouvoirs publics auraient tort de prendre à la légère cette colère qui couve. Ils devront faire preuve de diligence, d’ingéniosité et d’empathie pour inverser la courbe et redonner espoir aux administrés complétement écœurés par une situation qui, année après année, ne fait qu’empirer.
On s’interroge : comment le gouvernement se sortira-t-il de ce bourbier, alors que ses capacités sont déjà saturées par le développement de l’épidémie de covid-19 ? Va-t-il provisoirement ralentir la lutte contre la maladie pour mieux concentrer ses moyens sur les inondations, au risque de laisser le virus se propager de plus belle ?
Pour rappel, le conseil des ministres de ce matin, 21 avril, fait état de 8955 tests réalisés à ce jour, 945 cas de covid-19 détectés, 842 personnes sous traitement dans les différents centres, 112 personnes guéries, et deux morts.
Mahdi A.