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L’Éthiopie suspend ses livraisons d’électricité à Djibouti ?
par Mahdi A., mai 2019 (Human Village 36).
 

L’annonce a fait l’effet d’une bombe ce matin, l’Éthiopie en pleine crise énergétique, le gouvernement a décidé de couper le courant plusieurs heures par jour au niveau national, et de suspendre la distribution de celle-ci pour le marché de l’exportation. Djibouti et le Soudan seraient également affectés par cette mesure drastique imposée par les conditions climatiques. Le pays est frappé par une sècheresse sévère qui a affecté le niveau d’eau du barrage de la centrale d’hydroélectricité de Gibe 3.

« L’Éthiopie a commencé à rationner l’électricité pour ses clients privés et industriels après une baisse du niveau des barrages hydroélectriques qui a entraîné un déficit de production, a déclaré vendredi le ministre de l’eau et de l’électricité, Seleshi Bekele.
La baisse du niveau du barrage de Gibe 3 a entraîné une perte de 476 mégawatts, a déclaré Seleshi lors d’une conférence de presse, représentant plus du tiers de la production d’électricité du pays de 1 400 MW.
L’Éthiopie a également suspendu ses exportations d’électricité vers les pays voisins, Djibouti et le Soudan, qui lui rapporte 180 millions de dollars par an, a annoncé le ministre.
Dans le cadre du programme de rationnement, prévu jusqu’en juillet, les consommateurs seront confrontés à des pannes d’électricité de plusieurs heures par jour, tandis que les entreprises de fabrication de ciment et d’acier devront organiser moins de quarts de travail en raison de ces réductions, a déclaré M. Seleshi
 » [1].

95% de l’électricité en l’Éthiopie provient de barrages hydrauliques, c’est dire que cette mesure de rationnement risque d’avoir un impact significatif sur l’économie du pays faute de ressource énergétique alternatives pour pallier à ces difficultés. L’Éthiopie semble ne pas voir le bout du tunnel, cette grave crise énergétique va plomber non seulement les résultats d’une économie déjà à la peine, mais va surtout nuire à l’image d’un pays qui se rêve en futur dragon du textile. En effet, l’ambitieuse politique industrielle menée au pas de course par un gouvernement soucieux de relever le défi de l’emploi des jeunes, est très gourmande en énergie. Devant l’accumulation de difficultés dans le pays, les entreprises, principalement étrangères, risquent de reporter les investissements qu’elles avaient programmés. La suspension annoncée des exportations d’énergie ne va pas arranger la crise des devises pour les sociétés nationales et étrangères, installées dans les douze pôles industriels, qui ont du mal déjà à convertir en devises leurs profits en monnaie locales.

L’Éthiopie peut-elle réellement se priver de ces devises dont son économie a tant besoin ? Se peut-il que cette annonce de suspension des exportations énergétiques ne soit qu’à usage interne, puisqu’il est difficile de justifier, pour n’importe quel gouvernement au monde, de vendre de l’énergie pour de la climatisation à des clients étrangers qui paient en dollars, lorsque sa population est invitée au régime sec du rationnement les trois prochains mois… Ce questionnement est d’autant plus cuisant que les équipes de coordination entre les deux pays présentes 24 heures sur 24 dans les locaux de contrôle de la palmeraie d’Ambouli et en Éthiopie, qui communiquent par une liaison fibre optique permanente, indépendante et sécurisée, ne signalent aucune modification du débit d’énergie délivré par la partie éthiopienne au moment où nous écrivons ces lignes. Pour autant, Djibouti n’est pas à l’abri d’une notification du fournisseur, puisque ce dernier peut en cas de force majeure modifier la voilure après un préavis de 48 heures. Cela reste tout de même peu probable, et ce d’autant plus que depuis près d’un mois le pays pallie, avec l’usine de Boulaos, à la baisse des délivrances électriques de notre voisin, estimée entre 20 et 30% sur la base de 100 MW programmés durant la période estivale. Les capacités de production de la centrale de Boulaos, maintenues - à raison - malgré l’efficacité de l’interconnexion avec l’Éthiopie en mode veille ces dernières années, sont en mesure d’assurer, nous dit-on, jusqu’à 70% voire 80% de nos besoins en énergie. Il n’y a plus qu’à croiser les doigts et espérer que la déclaration du gouvernement éthiopien n’avait qu’un caractère interne à destination de ses administrés, et que Djibouti et le Soudan continueront à être pourvus en hydroélectricité par l’Éthiopie.

Mahdi A.


 
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