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A quoi servent les partis d’opposition ?
par Cassim Ahmed Dini, avril 2019 (Human Village 35).
 

Comparaison n’est pas raison : ce qui s’est passé au Soudan, avec la chute du dictateur Omar Al Bashir sous la pression de la rue et l’intervention de l’armée, ne se produira jamais à Djibouti dans les mêmes termes ; parce qu’il y a trop de différences entre les contextes historiques et les situations politiques. Ainsi, ce n’est que sous certaines conditions inédites, qui n’existent pas pour le moment, qu’émergera chez nous une Alaa Salah, l’icône d’une force progressiste incarnée par des femmes éduquées et urbaines.
Mais ce que cette photo ne montre pas, c’est l’absence totale de tout parti politique dans la structuration, l’organisation et l’encadrement de ce mouvement de contestation populaire, qui a débuté en décembre 2018 en réaction contre la dégradation des conditions de vie consécutive à une crise économique. Comme si les Djiboutiens s’étaient révoltés contre le lait présidentiel, Caano Qasab.
Il s’agit d’un soulèvement en milieu urbain rendu possible par un certain niveau de conscience politique, d’engagement citoyen dans les affaires publiques n’attendant aucun mot d’ordre d’aucune formation politique. Parce que les Soudanaises, qui vivent au quotidien ces difficultés, en ont eu assez que les trois-quart du budget national soient affectés aux dépenses de défense et de sécurité.
Sachant que les conditions de vie ne s’améliorent pas chez nous, contrairement à la propagande officielle, pourquoi la résignation de nos compatriotes ? Au moins parce ce qu’il n’existe aucune société civile véritablement indépendante, défendant ses droits et son pouvoir d’achat, toujours habituée à être instrumentalisée par le régime ou sollicitée par l’opposition quand approche un scrutin électoral.
Le discrédit qui frappe l’opposition djiboutienne depuis sa désintégration lors de la dernière élection présidentielle ne lui permet pas, pour le moment de travailler à la conscientisation et à la mobilisation de ses concitoyens. C’est pourquoi des manifestations sporadiques se déroulent depuis peu, à l’initiative d’une jeunesse consciente que notre avenir est en train de partir en fumée et en dette chinoise.

Mais l’opposition ne restaurera pas sa crédibilité en donnant l’impression qu’elle se prépare à commettre la même erreur que par le passé : participer à la présidentielle de 2021 sans un travail préalable sur elle-même et au niveau de chaque catégorie de la population. Sachant que des urnes sortira la fraude, le lièvre opposant cédera alors la place à la lionne citoyenne et au lion citoyen qui, sans rien attendre d’un parti politique, se soulèveront instruits que, dans les conditions actuelles, aucun scrutin n’apportera un changement pacifique.
En clair, aucun parti politique qui ne travaillera pas à mobiliser la rue ne sera porteur de renouveau démocratique.
Alors peut-être que, comme au Soudan, ce seront les citoyennes et les citoyens qui, sans aucun encadrement partisan, revendiqueront le droit d’avoir leur mot à dire ailleurs que dans les mascarades électorales auxquelles les convient les partis politiques qui y prennent part.

Ani hay Alaa Salah et à bientôt sa version djiboutienne, in cha Allah.

Cassim Ahmed Dini

 
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