Il est toujours plaisant de réaliser le premier édito de la nouvelle année. Il permet quelques mots pour vous, nos lecteurs, pour vous remercier de votre confiance, de vos encouragements et d’être si nombreux à participer au partage de nos textes sur les réseaux sociaux.
Pour Human Village, c’est aussi le temps de faire le bilan des douze mois écoulés, mais aussi… de souffler les bougies de ses dix années d’existence !
Des chiffres
D’une publication papier bimestrielle, l’édition a migré ces dernières années au numérique. Vous avez été nombreux à nous dire votre regret de la disparition de la version papier. Pour ne rien cacher, on n’est pas loin de partager votre sentiment sur le sujet… même si indéniablement il faut reconnaître que le numérique nous a permis de diffuser des idées avec des moyens financiers modestes. En outre, ce nouveau format contribue considérablement à notre indépendance rédactionnelle, tout en favorisant l’élargissement de l’audience à l’extérieur, avec une gamme plus riche, plus diversifiée de sujets d’actualités, à l’inverse de la version papier.
Pour des raisons de ressources humaine et financière, nous avons reporté l’introduction du son et de la vidéo. Cela reste un de nos objectifs à atteindre pour cette année.
Nous déplorons que malgré de nombreux appels à contribution à nos lecteurs, ceux-ci demeurent si peu nombreux à s’exprimer sur les sujets qui les touchent. Comment l’expliquer ? Alors que, pourtant, dans le même temps, vous êtes chaque jours plus nombreux à nous lire. La fréquentation entre 2015 et 2016 a bondi de près de plus 34 % - les visites passant de 44 616 à 60 119.
2017 suit la même tendance et progresse par rapport à 2016 d’un peu plus de 48 % : 89 029 visiteurs ont été enregistrés, pour plus de 370 000 pages vues.
Le cumul de visiteurs pour les trois années étudiées s’établit à précisément, 193 764. Celui, du nombre de pages consultées sur la même période, est de 899 244.
Ces chiffres témoignent dans une certaine mesure que notre attachement à construire patiemment un média en ligne indépendant et de qualité, qui traite de l’actualité nationale et régionale, sans interférence ou être influencé, continue à creuser son sillon dans un paysage médiatique où les soutiens à la politique gouvernementale ne s’embarrassent pas des faits. L’hostilité au gouvernement non plus, d’ailleurs. Ce qui rend cette tribune si salubre, et indispensable, c’est justement qu’on s’y efforce de partir des faits, ou plus exactement qui nous y ramène sans relâche.
Les législatives du 23 février 2018
2018 sera marquée par les élections législatives le 23 février. On verra s’affronter des candidats qui mèneront le combat par la joute oratoire. La population est confrontée à de nombreuses difficultés, il appartiendra aux électeurs de questionner les candidats de tous les bords sur leurs programmes et les actions qu’ils comptent prendre pour améliorer leur quotidien. Mais bon, quoi de plus facile de faire rêver ceux qui n’ont rien : de jolis T-shirts vert, des bottes de khat de la même couleur, la délivrance d’assistance alimentaire en nature, voire en numéraire pour les plus méritants, devraient amplement faire l’affaire pour conquérir les cœurs et les esprits de nombreux participants aux meetings politiques ! Pour autant, ces bénéficiaires du package électoral traditionnel qui accompagne les échéances électorales dans notre pays, doivent savoir que l’acceptation de ces offrandes pas dénuées d’arrières pensées, ne dédouane pas le gouvernement de rendre des comptes sur les actions passées ou envisagées en cas de réélection.
Les partis de l’opposition autorisés à concourir souhaitent une alternance. Ils convoitent de prendre en main les rênes du pouvoir à leur tour, pour conduire la politique nationale autrement affirment-ils. Ils auraient un programme, une nouvelle vision pour le pays. A la bonne heure… mais ils devront montrer pattes blanches, notamment à l’inverse de la dernière présidentielle de 2016, ne plus se contenter de vagues promesses vides de sens comme si, il s’agissait uniquement d’effectuer un tour de manège, mais expliquer de manière chiffrée comment ils comptent agir pour changer la société, s’ils veulent gagner en crédibilité… L’opposition aura fort à faire pour décrocher la timbale, et ce bien que le Rassemblement populaire pour le progrès (RPP) soit frappé par l’usure du pouvoir après près de quarante années au gouvernement.
2017 a été l’année de la Chine à Djibouti, le ruissèlement – même temporaires - des retombées financières des subsides versés par "l’empire du Milieu" au titre de l’emprise militaire occupée sur notre sol ou la construction de nombreuses infrastructures sorties de terre l’an passé sur une partie des couches les plus démunies de la population reste tout de même très perceptible. Ce qui nous fait dire que le gouvernement a le vent en poupe… et ce d’autant plus que certains partis d’opposition déclarés interdits ne peuvent concourir aux élections pour diverses raisons. Cette situation amoindrit considérablement les probabilités d’une alternance. Le Mouvement pour le renouveau démocratique (MRD), le Mouvement pour le développement et la liberté (MoDEL), ou le Rassemblement pour l’action, la démocratie et le développement (RADD) sont généralement considérés par une bonne partie de la population - ainsi que les observateurs avisés de la scène politique nationale - comme les seuls susceptibles de provoquer des sueurs froides à la coalition de l’Union pour la majorité présidentielle (UMP), RPP en tête.
Pour revenir à nos moutons, il faut rappeler que le scrutin législatif doit permettre d’élire 65 députés, avec une loi électorale qui a été conçue pour permettre de dégager une écrasante majorité pour gouverner.
Human Village va participer au débat électoral à venir, car il veut avoir un impact sur le débat pour contribuer à créer des perspectives. L’aggravation de la corruption - pour ne pas dire la prédation et le dépeçage en règles de pans entiers des biens de l’État aux profits d’intérêts privés -, tout comme le scandaleux train de vie de l’État, de ses gouvernants, ou de ses élus, dont particulièrement le premier d’entre eux, ne peut qu’interroger dans un pays où l’immense majorité de la population vit dans le dénuement le plus total. Ces sujets seront les thèmes les plus sensibles de la campagne, mais sans aucun doute les plus nécessaires et urgents si l’on souhaite réellement sortir les habitants de ce pays des bidonvilles et du logement précaire. Il est illusoire de s’imaginer qu’une œuvre de bienfaisance pourrait atténuer les conséquences destructrices d’agissements délictueux généralisés à un niveau jamais atteint sous nos cieux… presque industriel. L’impunité qui prévaut pour tous ressemble à s’y méprendre à une règle de jeu pour enfants, qui finalement n’est pas toujours un jeu d’enfants : « Je te tiens, tu me tiens, par la barbichette, le premier d’entre nous deux… ».
Nous ne pensons pas qu’un journalisme neutre puisse exister. Nous assumons une ligne, et nous nous efforçons d’argumenter nos propos, de tenir un discours structuré le plus sérieusement possible. C’est sans doute la raison pour laquelle vous êtes si nombreux à nous reprocher gentillement la longueur de nos analyses. Il nous faudra réfléchir à réaliser des formats courts.
Voilà le bilan de l’année 2017. Elle a été un franc succès au niveau de l’audience, faite de coups de cœur, de coups de colère, de belles rencontres, de nouvelles découvertes, de joies et de peines, de critiques aussi…Nos écrits ne plaisent pas à tous, on assume complètement ce positionnement. Nous espérons vous retrouver au moins aussi nombreux cette année et vous adressons nos meilleurs vœux pour 2018.
Mahdi A.