À 19h, la terrasse de l’Historil entre dans une soirée tranquille. Un jeune homme timide se présente. C’est Mohamed Obakar, le président de l’association Mouhbani. Cette association de Tadjourah, créée en 2002, est l’une de celle qui agit dans son district pour lutter contre les situations de pauvreté. En quelques années, cette association, par ses nombreux projets, est parvenue à s’imposer dans le paysage tadjourien : campagnes d’information sur le VIH, campagnes contre les mutilations génitales, alphabétisation, émancipation de la femme, distribution de vêtement, appui nutritionnel sont parmi les nombreuses actions de cette association.
« La principale motivation qui nous a conduit à créer cette association, c’est la situation de pauvreté qui prévalait dans notre région. Nous nous sommes dit, à l’époque, que les efforts de développement devraient être épaulés dans notre région. Cela nous a amené à nous réunir avec des amis du même quartier pour mettre sur pied une association communautaire.
Aujourd’hui, nos actions sont bien connues et on peut dire que les gens nous font confiance ».
La profession de foi de cette association témoigne des objectifs qu’elle s’est fixée : dans le cadre du dispositif d’appui social accéléré aux personnes atteintes du sida (DASAP), un de leur projet a pris une dimension nouvelle : l’appui nutritionnel. L’association comprend des hommes et des femmes. Elle s’adresse aux plus démunis et s’étend géographiquement aux endroits les plus reculées de la région (Dorra, Balho, … ).
Mouhbani, qui compte une vingtaine de membres et plus de 120 adhérents prend en charge un projet d’aide à la nutrition. Avec deux salariés (une chargée de programme et un cuisinier), l’association est aujourd’hui à même de fournir trois repas par jours à 25 personnes.
Le projet, toujours en cours, semble aujourd’hui être une réussite mais Mohamed Obakar n’arrête pas sa satisfaction là : « Le projet d’appui nutritionnel pour le centre anti-tuberculeux du CMH de Tadjourah a été un succès pour les malades et pour l’équipe médicale, mais aussi car il a permis de faire marcher le commerce local. Ce projet a eu un impact socio-économique. Pour la constitution des repas, l’ensemble des denrées sont achetées auprès des pêcheurs locaux, des bouchers de la ville, etc. ».
La perspective d’un développement conjoint du commerce local et de l’appui nutritionnel aux malades laisse rêveur. Mohamed Obakar précise : « Les repas sont quand même préparés sous la supervision de personnes du secrétariat exécutif. Et il ne faut pas oublier le Programme alimentaire mondial (PAM), qui est sur le point de nous fournir des denrées ».
Aujourd’hui, l’association se trouve à un tournant. Nombre de projets ont vu le jour et les recherches de financement n’en sont que plus ardues. Pour ce qui est du projet nutritionnel, de nouveau défis apparaissent. L’augmentation du nombre de malades met l’association face aux problèmes de personnel : qu’il s’agisse de la chargée de programme ou du cuisinier, le renforcement de l’équipement sera bientôt une priorité. D’autre part, l’augmentation du prix des denrées pèse sur cette jeune association qui parvient malgré tout, grâce à ses liens avec les commerçants locaux, à se fournir en produit de base.
Après m’avoir entretenu de son association, poliment, avec le sourire, Mohamed Obakar prend congé. Je le regarde partir. Je me dis qu’à ce moment, notre entrevue lui est déjà sortie de la tête. Lui, pense à nouveau à tout ce qui lui reste à faire pour les défavorisés de sa région.
David Octor