Human Village - information autrement
 
Entretien avec Abdoulkader Kamil Mohamed
par Mahdi A., septembre 2010 (Human Village 13).
 

Il y a encore quelques années qui, aurait pu prédire, qu’une agriculture vivrière diversifiée, financièrement viable, et créatrice d’emplois, était possible en République de Djibouti ? Abdoulkader Kamil Mohamed, souhaite tordre le cou définitivement à ce vieux mythe et à bien d’autres en circulation en République de Djibouti, qui sont, depuis trop longtemps, colportés dans nos rues, et nos villes de l’intérieur. Il nous livre ici en exclusivité son appréciation quant à la situation actuelle qui prévaut dans l’agriculture nationale ; il répond également sur la situation de la pêche, et la grave crise de l’eau. Nous avons rencontré un ministre très à l’aise « dans ses souliers ». Le ministre a joué le jeu, il a refusé la politique de la langue de bois : Il reconnaît ses succès pour des succès et ses échecs pour ce qu’ils sont, des échecs. Pour lui la politique n’est pas une science exacte, il l’a compare au tir à l’arc, il faut continuellement se remettre en cause et ne pas hésiter à réajuster son tir lorsque l’objectif fixé n’est pas atteint.

Monsieur le ministre, votre ministère a la lourde tâche de garantir la sécurité alimentaire du pays or nous savons tous que Djibouti ne dispose guère de capacités pour la production agricole : les terres cultivables sont limitées, les sols trop salins et les eaux ont souvent des conductivités trop importantes ; comment pouvez vous atteindre le but fixé ?
Tout simplement car nous avons mobilisé de nombreux moyens pour atteindre nos objectifs. Nous avons développé notre réflexion selon plusieurs axes complémentaires. D’abord, nous allons installer l’agriculture djiboutienne là où la chose est possible et même à l’étranger si nécessaire. Nous favoriserons l’émergence de périmètres de production vivrière intensive en conjuguant les efforts de tous et ceci qu’ils viennent du privé, des collectivités ou de l’État. Les coopératives agricoles existantes seront redynamisées et si la chose s’avère nécessaire la naissance de nouvelles structures associatives sera facilitée. Nous aiderons la relance de la production dans les jardins et les périmètres agro-pastoraux en assurant un appui technique plus important. Nous accélérerons le développement vivrier dans les zones de montagne car l’eau y est plus abondante et de meilleure qualité et aussi parce que ces régions sont économiquement particulièrement défavorisées. Et finalement, nous allons tenter le développement de jardins de case ou urbains de taille juste suffisante pour assurer les besoins familiaux.

Vos deux premiers axes sont sinon surprenants du moins totalement innovants ; voudriez-vous nous en dire un peu plus ?
Chez nos voisins directs ou plus lointains, les conditions nécessaires pour une agriculture durable sont réunies et le gouvernement a décidé d’acquérir des terres dans ces pays puis de les faire cultiver pour que nous n’ayons plus à être assujettis aux fluctuations des cours mondiaux des produits de premières nécessités. En Éthiopie, nous avons contracté un accord bilatéral de 45 ans renouvelable, portant sur une superficie de 2800 ha, avec un rendement de 6000 tonnes de blé par an. Au Soudan, avec un accord similaire nous produisons 500 tonnes de céréales. Pareillement au Malawi, mais là nous cultiverons du riz. Des produits agricoles franchiront toujours nos frontières mais ils seront totalement sous le contrôle de nos services ! L’intervention de la BAD va également permettre de relancer la production agricole dans la plaine de Hanlé ; cette région avait par le passé montré des capacités intéressantes notamment dans la production de fourrages.
En ce qui concerne, les périmètres de production vivrière intensive, nous souhaitons que soient mises en commun les capacités et connaissances des diverses institutions djiboutienne, que cela soit ministère de l’Agriculture, de ministère de l’Environnement, du CERD, ou bien encore de l’ADDS, car je suis convaincu que c’est en conjuguons nos forces que nous pourrons vaincre les affres de la faim en République de Djibouti et mieux choisir les outils les plus adaptés à notre environnement. Personnellement, je crois plus aux techniques simples et rustiques telles que les ombrières de grande surface qu’aux techniques sophistiquées qui sont couteuses, fragiles et dont l’espoir de vie est très court dans nos conditions comme le refroidissement de serres par matelas humide (cooling system, ndlr).

Notre pays dispose depuis longtemps de coopératives agricoles et vous dites qu’il faut les redynamiser. Pourquoi ? Comment ?
Le poids de l’histoire et les changements climatiques ont ralenti la vie de nos coopératives. Le nombre de jardins impliqués à souvent diminué de manière drastique. Par exemple, le nombre de jardins a été divisé par quatre ou cinq dans la plaine de Hanlé et dans la région d’As Eyla et il sera difficile de revenir rapidement à la situation antérieure avant de nombreuses années car de nombreuses compétences ont été perdues définitivement ! J’ai chargé mes services d’établir un diagnostic précis de chaque coopérative et de proposer un plan de soutien pour toutes celles qui présentent un avenir : Il faut redonner espoir aux agriculteurs, c’est la mission qui m’a été confié par le chef de l’État et je compte m’en acquitter dans les meilleurs délais.

Vous voulez relancer la production dans les périmètres agro-pastoraux et dans les jardins en leur octroyant un appui technique ; qu’escomptez-vous d’une telle mesure ?

Nous souhaitons d’une part garantir l’accès à l’eau indispensable à toute agriculture et d’autre part inciter les producteurs à choisir les méthodes culturales responsables et durables. Nous avons décidé de fournir aux agriculteurs et néo-agriculteurs des documents abondamment illustrés et rédigés en Afar, Somali et Français pour les cultures majeures tels que les fruits, les légumes, ou bien encore les fourrages, mais aussi pour toutes les opérations culturales importantes actuellement mal ou peu maîtrisées : multiplication et élevage des plantes herbacées et ligneuses, protection et amendement des sols, identification des ennemis des cultures, lutte phytosanitaire, etc.

Vous faites référence à une augmentation de la productivité mais chacun sait que les ressources hydriques du pays sont réduites et aléatoires, que nos agriculteurs ont peu de moyens techniques et que leurs finances ne leur permettent pas de se procurer les produits nécessaires à une agriculture moderne. Comment vos services peuvent-ils contourner ces écueils ?
Il n’y a pas de miracles pour l’eau, je le conçois parfaitement, mais nous pouvons renforcer la pérennité de sa mise à disposition en réglementant l’emploi des motopompes à trop fort débit pour éviter les recharges aléatoires. Nous pouvons aussi mieux utiliser l’eau en utilisant des méthodes de distribution plus rationnelles sans aller nécessairement jusqu’à la micro-irrigation ou en privilégiant des espèces végétales moins gourmandes en eau. Ne perdez pas de vue que les bananiers consomment dix fois plus d’eau par année que les jujubiers et ceci à production de fruits égales ! Les figuiers de barbarie qui sont utilisables, en période de disette, pour l’alimentation du bétail, donnent des fruits excellents et à production identique, les opuntias consomment dix fois moins d’eau que les manguiers. Nous ne voulons pas remplacer les manguiers par des fi guiers de barbarie, mais on peut très bien envisager de planter ces cactus en périphérie des jardins actuels ! Les choses me semblent plus simples pour répondre aux besoins des agriculteurs. Certes les engrais et les produits phytosanitaires sont chers et difficile à obtenir sur sol djiboutien mais les agriculteurs peuvent recourir aux ressources actuellement mal utilisées. Les sols djiboutiens manquent de matière organique mais combien d’agriculteurs ont-ils mis en place un compostage pour valoriser les déchets de culture, les déjections animales, les refus de cuisine ! Le manque de phosphore est généralisé dans les sols africains mais qui se souvient que les os réduits en poudre en sont une source abondante. Presque toutes les cultures de manguiers à Djibouti présentent les symptômes de carence potassique mais on trouve de fortes quantités de potasse dans les cendres de bois !

Monsieur le Ministre vous avez terminé l’énumération des mesures liées à la sécurité alimentaire en préconisant la création de jardins de case ou urbains ; pourriez-vous nous expliquer ce concept ?
C’est très simple dans la plupart des régions, il est possible pour les plus défavorisés de consacrer quelques mètres carrés pour planter près de leur habitation quelques plantes fruitières ou maraîchères si on leur en donne le goût et les moyens. Certes, il faudra au départ leur fournir des plantes et des conseils mais l’utilisation des eaux usagées permettra un développement suffisant pour que la famille dispose d’aliments frais et gratuits ! La création de jardins familiaux se conçoit assez facilement en zone de campagne mais on peut aussi l’envisager dans les quartiers périphériques de Djibouti. En Afrique de l’Ouest, les consultants ont été les premiers surpris lorsqu’ils ont vu des cultures légumières, installées dans de vieux sacs, de vieux pneus coupés en deux dans l’épaisseur, donner des produits de bonne qualité et en quantité satisfaisante !

Sur un tout autre sujet comment expliquez-vous la pénurie d’eau dans la capitale ? Peut-on conclure que cette pénurie est le résultat d’une absence d’anticipation de l’explosion démographique des habitants de la capitale par vos services ? Les foyers démunis de la capitale souffrent durement de cette situation intenable. Il faut savoir que nombre d’entre eux n’ont pas les moyens d’acquérir un suppresseur, ils sont donc condamner à se lever en pleine nuit tous les jours que Dieu fait afin d’effectuer le remplissage manuel de leurs cuves d’eau puisque l’eau y est distribuée par rotation entre tous les quartiers de la ville : à Barwakho, par exemple pour ne citer que ce quartier, c’est à 4h du matin qu’il faut se lever. Vous conviendrez qu’ils ne peuvent pas trop tarder au lit car l’eau ne coule qu’une heure dans les robinets.
Vous pensez que cette question ne préoccupe pas mon département ministériel ? La pénurie en eau dans la capitale est une question criante, une question récurrente à chaque saison chaude et sèche où les besoins des ménages en eau s’accroissent et se font le plus sentir. Il faut rappeler que cette pénurie trouve son origine dans le contexte géo climatique particulier de notre capitale, celle-ci, il faut le savoir est alimentée en eau potable à partir d’une nappe souterraine distante de 40 kilomètres de la capitale. Cette eau est renouvelable au gré des pluies que connaît la façade côtière sud de notre pays, et l’on sait que la sécheresse y est endémique depuis de nombreuses années. La quantité d’eau disponible est donc limitée et nous exploitons déjà cette réserve vitale avec comme conséquence une perte progressive de la qualité. La question de l’accès à l’eau est trop importante et vitale. C’est un domaine qui laisse peu de place à l’improvisation. Les différents gouvernements depuis l’Indépendance de notre nation, ont toujours considéré la problématique de l’eau comme une priorité absolue. D’ailleurs un schéma directeur initiant les réformes institutionnelles fondamentales dans le secteur de l’eau a été élaborées par les services compétents de mon ministère en 2000, celui-ci définit de manière pertinente les défis à relever et présente de manière exhaustive la politique de l’eau en République de Djibouti ainsi que les différentes actions à mener.
Les faiblesses des ressources en eau souterraine principale source d’approvisionnement ont amenées nos experts à préconiser la solution du dessalement et l’utilisation des eaux de ruissellement dont le potentiel annuel est estimé à plus de 345 000 000 m3. Et puis nous savons surtout depuis un moment que la réponse appropriée à ce problème d’alimentation en eau viendra du dessalement de l’eau de mer. Donc vous voyez que nous ne sommes pas restés les bras ballants, nous avons exploré de nombreuses pistes, et celle-ci semble être la plus judicieuse, la plus durable. Nous sommes tout près d’éradiquer les affres de la soif dans notre pays, il nous faudra juste prendre notre mal encore un peu en patience, je sais que c’est facile à dire mais sachez que j’imagine très bien et partage la pénibilité pour nombre de nos concitoyens, à Balwakho mais également dans d’autres quartiers, pour qui la quête d’eau est devenue une corvée saisonnière mais je vous le dis les yeux dans les yeux ce n’est plus qu’une question de temps. Ceci dit, mon ministère a le devoir d’organiser et d’assurer l’accès à l’eau à l’ensemble de la population même en période de pénurie. D’où la distribution par rotation entre les différents quartiers de la ville. Aujourd’hui que n’aurait- on pas dit si, un ou deux quartiers populaires, pour des multiples raisons, ne bénéficiaient pas de la distribution d’eau de l’ONEAD ? Le président de la République tient à ce que le droit à l’accès à l’eau se déploie sur l’ensemble du territoire. Dans les périodes de pénuries, comme c’est le cas actuellement, ce droit passe naturellement par une juste distribution. Enfin je rappelle que l’usage du suppresseur n’est autorisé que si l’on dispose d’un réservoir, pour éviter toute aspiration illicite, potentiellement dangereuse et fortement incivique de l’eau du réservoir ; d’ailleurs j’ai demandé à mes services plus de vigilance dans ce domaine.

Pourriez-vous nous indiquer quels sont les grands projets et chantiers en matière d’approvisionnement en eau et d’assainissement à Djibouti-ville, qui ont été programmés en vue d’améliorer les conditions de vie de nos concitoyens ?
Notre stratégie est de mener de front deux défis : le dessalement de l’eau de mer et la promotion des eaux de surface. C’est les deux pistes clés qui nous permettrons de surmonter nos défis ! Le recours à ces ressources alternatives présentera l’avantage de diminuer la pression sur les ressources aquifères aussi méconnues que fragile tout en favorisant leurs recharges. La réhabilitation des réseaux vétustes d’adduction d’eau pour éviter les pertes et les gaspillages de cette denrée rare est en cours. La restructuration et la rénovation du réseau des systèmes d’évacuation et de drainage des eaux usées et pluviale à Djibouti se poursuit. Nous avons presque achevé la réhabilitation du Quartier 4 et nous menons des travaux de réhabilitations du réseau d’assainissement en amont. Ce sont les travaux que vous observez à Wadajir, avenue 13, Einguela, palais du Peuple, et bientôt à Bonhoure. Enfin la réhabilitation en aval du réseau d’assainissement, qui inclut la reconstruction de la station d’épuration de Douda accuse un léger retard. Les travaux devraient démarrer en 2011. Tous ces travaux concernent essentiellement la réhabilitation et ne représentent que peu d’extensions. Ils sont cependant une étape indispensable avant de pouvoir entreprendre des projets d’extension du réseau d’assainissement.

Comment est-il possible d’assurer une bonne gestion de l’eau dans ce contexte d’incertitude et de variabilités climatiques que nous connaissons ?
Vous savez depuis toujours nous avons vécu dans un climat aride et semi aride. L’eau a toujours été une préoccupation quotidienne et vitale pour nos populations. Les nomades dans nos brousses connaissent ces contraintes et ces privations. Mais le rôle et le devoir des politiques c’est de transformer cette épreuve et faire en sorte que le droit à l’accès à l’eau devienne une réalité pour tous les Djiboutiens. Autant vous dire que le temps n’est plus au pessimisme. Nous devons pour cela, trouver des solutions pérennes et relever les défis en valorisant au mieux de nos intérêts l’ensemble des ressources hydrauliques nationales et pourquoi pas transfrontalières. Le choix de s’alimenter, rapidement, par de l’eau de mer dessalée s’inscrit dans cette stratégie qui vise à sécuriser durablement l’accès à l’eau potable. Une telle ressource serait un don pour notre pays puisqu’elle serait inépuisable. Mais le frein était tout autre, il était énergétique car il s’agit de pouvoir fournir la puissance demandée à l’usine de dessalement. Un commencement de réponse à ce challenge national a été trouvé avec l’interconnexion électrique avec l’Éthiopie pour accéder à une électricité non carbonée à un tarif très étudié. Par ailleurs par d’autres moyens tels que la construction sur l’ensemble du territoire de retenues d’eau, dont notamment sur l’oued Ambouli et dans plusieurs bassins versants du pays sont à l’étude et pourront aussi accroître la capacité de l’aquifère actuellement disponible exploité pour l’eau potable.

Sur un autre sujet, comment expliquez-vous que le secteur de la pêche ne se développe pas en République de Djibouti ?
J’aimerais vous dire qu’en premier lieu que la pêche artisanale à Djibouti est confrontée aux mêmes problèmes typiques de la pêche artisanale dans les autres régions du monde entre autres la faible productivité, les faibles revenus des pêcheurs, le manque de crédit etc. Il est à noter qu’avant l’indépendance le secteur de la pêche à Djibouti n’avait même pas le qualificatif de ce secteur. Ce n’est qu’à partir de 1980, compte tenu de l’importance de l’activité de la pêche et de son rôle économique et social, que les pouvoirs publics ont cherché à promouvoir celle-ci en créant les conditions nécessaires à son développement. En effet des investissements conséquents ont été réalisés durant cette période pour accroître les capacités de production, et de commercialisation ainsi que d’autres mesures aussi bien d’ordre institutionnelles et sociales telles que la création d’une coopérative des pêcheurs maritimes. Je crois qu’il s’agisse du développent du secteur de la pêche ou du développement en général d’un pays, le développement de la pêche est un long processus, un processus à long terme et en même temps un processus multi variable qui vise plusieurs objectifs : objectifs économiques, objectifs sociaux et objectifs nutritionnels. Quoique tous les objectifs soient encore loin d’être atteints, nous pouvons affirmer que des progrès notables on été accomplis, ces dernières années, dans la bonne direction et des résultats tout aussi respectables ont été enregistrés sur les plans de la production. Les chiffres parlent d’eux-mêmes, la production nationale est passée de 200 tonnes en 1980 à 1450 tonnes en 2010 et cette production est actuellement presque entièrement consommée localement. Il nous faut passer à la seconde étape dorénavant : l’exportation.

Quelles sont les mesures de relance prévues par votre ministère ?
L’accroissement de la production nationale est nécessaire que ce soit pour la consommation interne ou pour l’exportation, et les différentes analyses à notre disposition nous confortent sur le fait que la ressource est disponible en abondance. L’introduction cette année de sept embarcations pontées ayant une longueur de 10 à 13 mètres destinées à promouvoir la pêche artisanale améliorée contribuera de l’ordre de 240 tonnes par an, toutes espèces confondues, ce qui représentera 16% de la production annuelle débarquée actuellement par l’actuelle flottille de pêche. Par ailleurs je suis heureux de vous annoncer le démarrage d’un projet pilote d’aquaculture marine dans le début d’année 2011, une alternative qui permettra aux pêcheurs d’améliorer leur revenu considérablement. Enfin nous allons doter ce secteur d’un fonds de développement de la pêche, il sera la pièce centrale de notre stratégie d’appui à ce secteur trop longtemps délaissé. Ce fonds aura pour mission de fournir les ressources adéquates au secteur, en permettant ainsi aux petits producteurs d’acquérir les moyens de productions sous forme de crédit adapté. Bien entendu nous apporterons un appui en aval, notamment à travers des mesures d’accompagnement à la commercialisation du poisson. Mais vous conviendrez que l’amélioration de la capacité commerciale en matière d’exportation des produits de la pêche passe nécessairement par la mise aux normes internationales du port de pêche et ce à travers la construction d’une usine de transformation des produits de la pêche ainsi que l’élaboration du cadre juridique nécessaire à l’agrément sanitaire d’exportation. Par ailleurs nous allons dupliquer les programmes basés sur le concept de centre communautaire de pêche de Loyada, dans les autres régions du pays ayant une façade maritime tels les que dans les villes d’Obock, ou bien encore de Tadjourah. Ce type de projet me tient particulièrement à cœur car je crois que ce qui fait cruellement défaut à nos pêcheurs, c’est la formation. Nous voulons éviter de reproduire les mêmes erreurs que par le passé. Je crois qu’il est important de revoir tous les fondamentaux : la pêche ne s’improvise pas c’est un métier et comme tous les autres métiers ils demandent de l’abnégation, du courage, et surtout l’amour de son métier. De plus je compte sous peu lancer une vaste campagne de sensibilisation à l’intention de nos concitoyens axée sur la valeur nutritive du poisson et les diverses gammes disponibles de poissons ; nous envisageons notamment d’organiser des journées de dégustation dans les écoles et dans les villes de l’intérieur.

Ne serait-il pas possible de bénéficier d’une manière ou d’une autre de l’expertise de nos voisins, notamment Yéménites qui disposent en la matière d’un savoir faire ancestral ?
Il est largement admis que le développement de la pêche ne peut pas se faire tout seul, par un pays seulement, quand les poissons changent de frontière régulièrement. Il faut donc par définition avoir une collaboration au niveau régionale pour deux raisons, primo à cause des stocks qui se déplacent d’une zone à l’autre et secundo en raison des problèmes qui sont communs aux pays pêchant les mêmes stocks. Ces problèmes communs sont évidents, tels que le partage des données sur les ressources halieutiques, la législation de pêche, la lutte contre la pêche illicite, la recherche halieutique... Mais pour vous répondre à votre question je voudrais attirer votre attention sur l’existence d’une commission mixte djibouto-yéménite et que des projets d’accords de coopération dans le domaine de la pêche maritime sont même au coeur de nos discussions, certains vont être signés prochainement, vous ne tarderez pas à les connaître.

Propos recueillis par Mahdi A.

 
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