D’après un communiqué de la DPFZA.
Sur la voie de la croissance verte
Le développement d’infrastructures ambitieuses et l’amélioration de la productivité sont considérés comme des priorités par le président Ismaïl Omar Guelleh. La densité du développement djiboutien s’accompagne de nouveaux besoins énergétiques.
Dépourvu de ressources en hydrocarbures, Djibouti souhaite se donner les moyens d’entrer dans le club des pays africains dotés d’une industrie pétrochimique. L’offre actuelle en électricité est insuffisante pour couvrir les besoins nécessaires au lancement des grands projets d’infrastructures. L’ambition est de renforcer l’indépendance énergétique, tout en consolidant la part des énergies vertes.
Pour ce faire, Djibouti bénéficie de trois atouts : un important potentiel géothermique, un ensoleillement très important, et enfin l’utilisation de l’énergie éolienne.
Le parc éolien du Ghoubet
Le président de la République et le gouvernement souhaitent faire du pays l’un des premiers pays africains à utiliser 100 % d’énergie verte. Djibouti se tourne ainsi aujourd’hui vers la production d’électricité à partir d’éoliennes, afin de mettre à la disposition des ménages et des industries une énergie propre et compétitive. Pour promouvoir les investissements privés dans le secteur énergétique, l’accent a été mis sur deux points :
– libéralisation du secteur de la production électrique ;
– mise en place d’un modèle de Partenariat Public-Privé (PPP).
C’est dans ce cadre que le projet éolien est mis en œuvre par un producteur d’électricité djiboutien et indépendant, Red Sea Power, un consortium composé de :
– la société djiboutienne, Great Horn Investment Holding (GHIH) ;
– la société néerlandaise de Financement du Développement (FMO) ;
– le gestionnaire de fonds d’investissement climatique Climate Fund Manager ;
– le Fonds panafricain dédié au développement des infrastructures, AFC (Africa Finance Corporation).
Cet investissement témoigne de la confiance des partenaires internationaux dans la vision énergétique à long terme de la République de Djibouti.
Le coronavirus a eu un impact sur de nombreux chantiers de construction d’éoliennes. Ils ont été interrompus, les bateaux bloqués, les vols annulés et les usines de fabrication fermées.
L’Autorité des ports et des zones franches de Djibouti (APZFD) a facilité l’acheminement des équipements, ce qui a permis à Red Sea Power de relever plusieurs défis en finalisant aujourd’hui l’installation complète de dix-sept éoliennes à Ghoubet.
Cet emplacement bénéficie du meilleur potentiel éolien du pays. Située à une altitude de 230 m dans la baie du Ghoubet, au fond du golfe de Tadjourah, la zone est balayée par les vents du golfe qui, à la rencontre de la terre, sont accélérés vers le sud-ouest. La vitesse moyenne annuelle du vent, d ’environ 9,75 m/s, ce qui permet une production annuelle d’énergie d’environ 237 000 MWh (valeur P90 [1]) .
Une fois opérationnel, le parc éolien doublera la capacité de production énergétique installée dans le pays en respectant l’environnement. Il s’inscrit dans les objectifs de développement durable n°7 de l’agenda 2030 adopté par les Nations unies en 2015.
Red Sea Power va de plus soutenir les communautés des espaces où se situe le projet éolien. La construction d’une usine de dessalement d’eau de mer par osmose inverse s’accompagnera de l’installation de panneaux solaires ainsi que du transport et de la distribution d’eau aux deux villages.
Le projet éolien du Ghoubet comprend :
• la construction de 10 km de routes d’accès en gravier de 6 m de large.
• l’installation de 17 turbines.
• la construction d’une sous-station.
• l’installation des lignes (moyenne et haute tension).
La puissance nominale totale est de 58 905 kW. Les pales mesurent 132 mètres et le parc occupe une superficie de 395 hectares.
Le pôle de développement industriel et énergétique de Damerjog
Démarré en octobre 2020, le nouveau complexe pétrolier de Damerjog est une jetée offshore de 3 km et un stand d’ingénierie qui formeront, avec la zone de stockage des hydrocarbures, le futur complexe pétrochimique de Djibouti.
La nouvelle plate-forme, située dans le Parc industriel de Damerjog et pilotée par l’APZFD, entrera en fonctions durant le second trimestre 2023.
Le terminal pétrolier consiste en une jetée offshore, d’une capacité de manutention de plus de 13 millions de tonnes, pouvant servir plusieurs terminaux de stockage avec une capacité combinée allant jusqu’à un million de m3. Le projet Damerjog Liquid Bulk Port (DLBP) comprend notamment la construction des ouvrages suivants :
– Une digue en enrochement de 2 500 m reliant le parc de stockage à la jetée située en eau profonde. La digue abrite côté sud, un accès pour la circulation des équipements desservant la jetée ainsi qu’un pipe rack supportant neuf pipes pour le chargement et déchargement des produits pétroliers et deux pipes pour la lutte contre l’incendie.
– Un pont de onze mètres de large relie la digue à la jetée pétrolière. Il est composé de deux travées, une de 150 mètres en continuation de la digue et une de 155m pour atteindre la jetée.
– Une jetée de 82x40 mètres, construite sur cinquante cinq pieux.
Cette jetée accueillera les navires transportant les produits pétroliers sur deux postes d’amarrage. Le quai côté Djibouti recevra des navires allant de 30 000 DWT [2] à 100 000 DWT et le quai côté Somalie, des navires de 5 000 DWT à 30 000 DWT. La jetée sera équipée de onze défenses pour atténuer les chocs lors de l’accostage des navires. Il sera possible de charger ou décharger des produits sur les deux quais en même temps.
La jetée et les installations pétrolières pourront gérer de nombreux hydrocarbures, du fuel 380, de l’essence, du gasoil, du jet fuel et du GPL. La capacité annuelle de traitement sera de 6,5 millions de tonnes pour la phase 1, et atteindra 13 millions de tonnes dans la phase finale du projet.
[1] Une explication de ce mode de calcul prévisionnel : « P50 & P90 : Deux paramètres à cerner pour construire un modèle financier fiable lors d’investissements en éolien ».
[2] DWT : deadweight tonnage ou port en lourd, quantifie le chargement maximal d’un navire.